Questions/Réponses : Le HCR face aux défis en Colombie

GENEVE, 26 janvier (UNHCR) - Roberto Meier est le délégué de l'UNHCR en Colombie depuis 2004. Le délégué argentin dit voir de la lumière au bout du tunnel en ce qui concerne un pays qui compte une population de déplacés parmi les plus importantes au monde.

Il a récemment été interviewé à Genève par le rédacteur en chef du site Internet de l'UNHCR, Leo Dobbs. Voici quelques passages de cet entretien :

Pouvez-vous nous parler du bureau de l'UNHCR en Colombie et de l'environnement opérationnel ?

Il y a douze bureaux de l'UNHCR en Colombie - une délégation et onze bureaux sur le terrain - et en 2007 nous serons 140 employés au total, répartis entre les employés permanents et temporaires.... On compte des fonctionnaires, plus un nombre important de Volontaires des Nations Unies, nationaux et internationaux ... sans oublier les partenariats avec d'autres ONG, comme l'IRC (International Rescue Committee), ou les effectifs détachés de différents gouvernements, comme les Gouvernements suédois et norvégien.

Nos bureaux sont dispersés dans cinq régions ; le sud, le centre, l'est, l'ouest et le nord.... C'est une zone très vaste. Quelques départements colombiens sont aussi grands que certains pays européens.... La diversité [géographique et topographique] se reflète aussi au niveau des populations, des coutumes, des groupes ethniques. C'est la raison pour laquelle il est difficile pour la Colombie de gérer non seulement ses propres conflits, mais également les différences entre les régions. Le pays compte environ 44 millions [d'habitants], dont plus de trois millions sont des personnes déplacées.

Depuis quand la situation est-elle instable en Colombie ?

Le problème continue maintenant depuis plus de 40 ans, et les causes sont multiples. Depuis les années soixante, il y a des différences politiques.... Entre 1976 et 1978, la culture de la drogue a été introduite en Colombie ... ce qui a de nouveau aggravé les conflits armés internes et par conséquence [causé] une grave crise humanitaire, la plus grave de tout l'hémisphère occidental.

Pouvez-vous s'il vous plaît nous parler un peu du travail de l'UNHCR en Colombie ?

L'UNHCR s'occupe de la protection.... En 1997, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a décidé d'intervenir pour aider le gouvernement à garantir la protection et les droits des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays, la Colombie. Tout d'abord en aidant l'Etat colombien à rédiger une législation qui détermine des dispositions juridiques et des droits spécifiques pour les personnes déplacées ... par la suite, cela a été renforcé par l'adoption par les Nations Unies des Principes directeurs relatifs au déplacement, en 1998.

Le rôle de l'UNHCR est de renforcer toutes ces procédures légales ainsi que de [maintenir] une présence très importante sur le terrain pour, premièrement, renforcer les institutions nationales et les capacités nationales, deuxièmement travailler avec les mécanismes de contrôle étatiques afin de garantir la prise de responsabilité et leur mise en oeuvre, troisièmement travailler avec la société civile pour renforcer ses mécanismes de fonctionnement et, quatrièmement, travailler avec les organisations de déplacés internes.... Avec ces quatre objectifs, nous avons ce que nous appelons notre stratégie de protection.

Nous fournissons aussi des informations sur le pays d'origine, ce qui est extrêmement important pour les commissions nationales d'éligibilité ailleurs dans le monde, lorsqu'elles analysent les cas d'asile. Elles disposent ainsi de tous les éléments leur permettant d'émettre un jugement pertinent, soit pour accepter les cas, soit pour les rejeter.

La principale raison motivant la présence de l'UNHCR en Colombie est la relation qui existe entre asile et déplacement, le lien entre asile et déplacement. Lorsque nous travaillons sur les questions de déplacement dans n'importe quel pays, nous savons que nous offrons à ce pays et à ses citoyens la possibilité de trouver des solutions réalisables et locales dans leur propre pays.

Décrivez-nous votre travail avec les populations indigènes

Notre tâche est de protéger les populations indigènes, de protéger leurs droits et de permettre que la justice soit rendue lorsqu'il le faut, ou lorsque l'Etat colombien décide qu'elle doit être appliquée.... La population indigène est divisée en 94 groupes ethniques différents, représentant trois pour cent de la population colombienne. Le problème est que les indigènes représentent huit pour cent des personnes déplacées ... un taux assez proche de celui de la communauté afro colombienne.

Vous ouvrez deux nouveaux bureaux. Est-ce parce que le problème du déplacement prend de l'ampleur ?

J'aurais voulu que cette structure existe en 1997 ; nous aurions pu sauver de nombreuses vies humaines à l'époque.... Ce que nous faisons c'est rattraper le niveau nécessaire pour répondre aux besoins.

Qu'en est-il du problème des réfugiés colombiens ?

Environ 100 000 Colombiens ont été reconnus comme réfugiés.... De nombreux Colombiens ont fui leur pays. Certains d'entre eux ont trouvé asile, mais nombre d'entre eux ne veulent pas franchir ce pas et espèrent pouvoir rentrer en Colombie et que leur pays aille mieux. C'est un fait que nous observons sans cesse : les Colombiens veulent rentrer dans leur pays.

Voyez-vous la lumière au bout du tunnel ?

Je vois la lumière au bout du tunnel grâce à l'engagement énorme du Gouvernement colombien ; cela va de l'engagement politique à l'engagement financier.... Nous observons [aussi] l'implication et l'engagement très importants de la communauté internationale pour aider la Colombie à surmonter ce problème, par le biais d'une collaboration avec le Gouvernement colombien et avec différentes institutions. Nous assistons à un engagement croissant de la société civile, à la fois au niveau national et international, et des Nations Unies.... Nous devons continuer à soutenir la Colombie.