António Guterres s'engage à améliorer les mauvaises conditions de vie des réfugiés « oubliés » de l'est du Soudan
António Guterres s'engage à améliorer les mauvaises conditions de vie des réfugiés « oubliés » de l'est du Soudan
KASSALA, Soudan, 27 avril (UNHCR) - Le Haut Commissaire António Guterres a terminé sa mission de quatre jours au Soudan, par la visite dans l'est du pays de l'une des situations de réfugiés les plus anciennes et les plus oubliées au monde.
Les Etats de Kassala et de Gedaref, dans l'est du Soudan, accueillent quelque 136 000 réfugiés provenant d'Erythrée et d'Ethiopie. Des petits groupes d'Erythréens continuent d'arriver chaque semaine. Le premier camp de réfugiés dans l'est du Soudan a été établi par l'UNHCR en 1968.
Jeudi, à son arrivée à Kassala, à quelque 350 kilomètres à l'est de Khartoum, António Guterres a rencontré les autorités locales et des représentants de l'interlocuteur de l'UNHCR auprès du Gouvernement soudanais, le Commissariat pour les réfugiés. Le Commissariat pour les réfugiés est le principal partenaire d'exécution principal de l'UNHCR pour les 12 camps de réfugiés se trouvant dans l'est. Les représentants soudanais ont indiqué que durant les quarante dernières années, l'infrastructure et l'environnement dans l'est du Soudan s'étaient gravement dégradés du fait de la présence de milliers de réfugiés originaires de l'Erythrée et de l'Ethiopie voisines. Ils ont demandé le soutien du Haut Commissaire pour faire connaître leur situation à la communauté internationale.
« Aujourd'hui, le monde entier porte son attention sur le Darfour et sur le Sud-Soudan ; personne ne pense aux réfugiés de l'est », a déclaré António Guterres, tout en remerciant le Gouvernement et les communautés locales de partager leurs maigres ressources. « Les gens ont aussi oublié que le Soudan est l'un des pays les plus généreux au monde, un pays qui accueille des réfugiés depuis 40 ans. Personnellement, je crois que cette générosité trouve ses racines dans l'Islam. »
Le Haut Commissaire a quitté Kassala pour se rendre au camp de réfugiés de Wad Sherif, ouvert en 1982 et hébergeant actuellement 33 370 réfugiés. A son arrivée, il s'est entretenu avec une soixantaine de demandeurs d'asile originaires d'Erythrée, récemment installés dans le camp. Assis sous un petit abri de paille, les jeunes hommes ont raconté leurs expériences lors de leur fuite hors d'Erythrée.
« Il y a trop de problèmes dans mon pays », a expliqué un jeune homme d'une vingtaine d'années. « Tout le monde attend la paix avec impatience, mais nous sommes fatigués d'attendre. Nous voulons aller à l'école et continuer nos études. »
Les demandeurs d'asile ont dit qu'ils étaient tous venus à pied, et qu'ils avaient fui leur pays car leurs vies étaient en danger. António Guterres leur a garanti que le Commissariat pour les réfugiés examinerait leurs cas et les enregistrerait, et qu'ils ne devraient pas craindre d'être renvoyés chez eux contre leur volonté. L'UNHCR travaille actuellement avec le Commissariat pour les réfugiés (COR) pour développer le système national d'asile soudanais.
« Nous nous assurerons que vous soyez bien traités », a indiqué António Guterres à ces jeunes hommes.
Dans l'est du pays, l'agence pour les réfugiés a pour objectif de passer d'un programme de soutien et d'assistance vers d'autres projets qui permettront aux réfugiés de devenir autosuffisants, objectif d'autant plus important que le rapatriement volontaire n'est pas envisageable actuellement.
« Ici on compte de nombreux réfugiés vulnérables - des personnes âgées et des femmes avec des bébés - et à part de meilleures installations de santé, nous avons besoin de davantage d'écoles », a indiqué un représentant des réfugiés, Adam Berek, qui a fui vers l'est du Soudan en 1984.
Après avoir visité quelques familles, vivant dans des huttes, dans le camp de Wad Sherif, le Haut Commissaire a voyagé vers le sud du pays, à travers le désert aride de l'est du Soudan, vers le camp de réfugiés de Kilo 26. Ce camp a été ouvert en 1979 et accueille actuellement 12 500 réfugiés. António Guterres a été choqué par les conditions de vie déplorables dans ce camp, notamment par le manque d'eau et d'équipements de santé appropriés, par les installations sanitaires insuffisantes et par la malnutrition.
« J'ai observé plusieurs problèmes très sérieux ici », a indiqué António Guterres aux réfugiés qui s'étaient rassemblés pour le rencontrer. « Nous n'avons pas fait assez dans l'est du Soudan et nous sommes décidés à faire plus. Nous avons des ressources limitées, mais nous promettons d'en faire plus. Il est nécessaire, bien sûr, que la communauté internationale assume aussi ses responsabilités. »
Il a déclaré aux personnes présentes que l'UNHCR avait l'obligation de s'assurer que ses ressources soient affectées, autant que possible, à ceux que l'agence a pour mission d'aider, les réfugiés et les personnes déplacées. Cette année, l'opération dans l'est du Soudan a reçu un financement supplémentaire de 1,2 million de dollars en provenance d'un fond spécial établi par le Haut Commissariat pour répondre aux besoins urgents comme la santé et la nutrition. Le budget pour la totalité du programme dans l'est du Soudan en 2007 est de 13,7 millions de dollars.
António Guterres a rendu visite à des patients atteints du paludisme dans le modeste centre de santé du camp, où il s'est inquiété de savoir si le matériel médical approprié était disponible et s'est soucié du manque d'hygiène apparent.
« L'accumulation des difficultés a pour résultat des conditions de vie effroyables », a indiqué António Guterres avant de quitter le camp. « Soyons honnêtes, ici les conditions ne sont pas bonnes et doivent être améliorées. » Il a promis aux réfugiés que l'UNHCR essaiera de résoudre les problèmes les plus urgents concernant l'eau et les installations sanitaires en 2007, et travaillera avec la COR pour améliorer les conditions de vie en général dans le camp l'année prochaine.
Dans la soirée, au cours du vol de retour vers Khartoum, António Guterres a dit aux journalistes qu'il était profondément inquiet et irrité par ce qu'il avait vu dans l'est.
« Nous avons une vaste population de réfugiés ici à laquelle personne ne prête attention », a-t-il indiqué, en promettant de réinscrire cette question dans l'agenda international. « C'est une population oubliée. »
Par Annette Rehrl à Kassala, Soudan