Un projet d'hébergement fait renaître l'espoir parmi les réfugiés du Caucase
Un projet d'hébergement fait renaître l'espoir parmi les réfugiés du Caucase
KRASNOGOR, Fédération de Russie, 17 octobre (UNHCR) - Arshako Gigkaev a été témoin et a lui-même enduré de grandes souffrances dans le Caucase ces dix dernières années, mais aujourd'hui il a l'impression d'être la personne la plus chanceuse et la plus heureuse au monde.
Cet handicapé de 77 ans et son fils, tous les deux réfugiés de Géorgie, vont bientôt emménager dans une nouvelle maison de plain-pied en briques à Krasnogor, un village situé dans le centre de la République d'Ossétie du Nord-Alanie, en Fédération de Russie. Il habite dans un centre collectif du village depuis 1994.
« Je ne pensais pas éprouver une telle joie de mon vivant - avoir ma maison », a dit en pleurant Arshako Gigkaev. Cet homme d'origine ethnique ossète a fui le conflit sévissant en Géorgie en 1991 et 1992, et a dû être amputé des deux jambes à cause de gelures. La nouvelle maison, dont il va devenir propriétaire, a été adaptée pour qu'il puisse utiliser sa chaise roulante.
Arshako Gigkaev, qui est veuf, et l'un de ses cinq enfants, son fils de 47 ans, célibataire, font partie des 72 réfugiés à Krasnogor qui vont bénéficier du programme de l'UNHCR visant à fournir un abri à des centaines de réfugiés et de personnes déplacées dans les républiques du Caucase, en Fédération de Russie. Ces maisons ont été construites grâce à une importante contribution de la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC).
L'UNHCR a aidé des centaines d'autres personnes déplacées dans le cadre de son programme d'hébergement en Ossétie du Nord : entre 2000 et l'année dernière, l'agence a financé la construction de 266 maisons pour héberger plus de 900 personnes déplacées originaires de Géorgie, principalement depuis l'Ossétie du Sud. La plupart d'entre eux, comme Arshako Gigkaev, a vécu pendant des années dans des conditions difficiles dans des centres collectifs.
Le gouvernement a alloué un terrain, tandis que les autorités locales ont fourni les services et les infrastructures de base. Le projet se poursuit.
Dans la République russe d'Ingouchie, l'UNHCR met en oeuvre depuis longtemps des projets d'hébergement visant à compléter les solutions durables identifiées pour les personnes déplacées dans cette région, spécialement celles qui ont fui la Tchétchénie en direction de l'est.
Après l'éruption du second conflit en Tchétchénie en 1999, des dizaines de milliers de personnes ont fui vers l'Ingouchie et nombre d'entre elles ont été hébergées dans des tentes regroupées en camps. Ces derniers ont été fermés en 2004 et ceux qui n'étaient pas rentrés chez eux ont été transférés vers des centres collectifs lugubres, qui ne devaient être qu'une solution temporaire.
L'UNHCR a commencé à travailler dès le début 2000 pour trouver des solutions durables pour les Tchétchènes qui souhaitaient être intégrés localement. Entre 2001 et 2006, le Conseil danois pour les réfugiés a construit 142 maisons au nom de l'UNHCR, dans différentes régions de cette république.
Comme en Ossétie du Nord, les maisons sont construites sur un terrain alloué par le gouvernement pour être ensuite données aux familles. La plupart des bénéficiaires sont originaires de Tchétchénie, mais quelques-uns sont des déplacés arrivés du district de Prigorodny, en Ossétie du Nord, à cause de tensions transfrontalières survenues en 1992.
« Je n'ai jamais été aussi heureux de toute ma vie. Maintenant j'ai ma propre maison », a dit Ashi Ozdiev, qui a quitté, depuis 1994, pendant toute la durée des deux guerres en Tchétchénie, sa ville d'origine, Bamut et qui vit maintenant avec son mari et leurs sept filles dans l'une des maisons financées par l'UNHCR à Malgobek.
« Nous avons des bonnes relations avec nos voisins ingouches et nous nous sentons ici chez nous », a-t-elle ajouté, notant que ses enfants se sont bien adaptés à l'école ou à l'université et qu'ils veulent rester dans ce pays. Ashi Ozdiev a entendu parler du programme d'aide à l'hébergement de l'UNHCR par Vesta, le partenaire local de l'agence. Elle a été enchantée lorsqu'elle a appris que sa candidature avait été acceptée.
« J'espère que ce programme pourra se poursuivre et aider d'autres personnes défavorisées comme moi. Nous n'aurions jamais pu commencer à construire notre maison sans ce programme. Cette maison est tout pour moi », a-t-elle dit.
Les gens bénéficient aussi d'un hébergement lors de leur retour en Tchétchénie. Le programme de l'UNHCR « d'hébergement permanent » dans cette république se concentre principalement sur la rénovation des maisons lourdement endommagées dans les zones rurales et urbaines. Plus de 20 000 maisons avaient été réparées à la fin de l'année dernière.
L'UNHCR a aussi pris part à des projets destinés à faciliter l'intégration des personnes déplacées et des rapatriés dans ces trois républiques du Nord-Caucase.
L'agence a financé des travaux pour améliorer les infrastructures, y compris la réparation de routes, et a reconstruit des écoles et des équipements publics à Grozny, la capitale de la Tchétchénie. Vesta, le partenaire d'exécution de l'UNHCR en Tchétchénie, au Daghestan et en Ingouchie, gère des centres d'aide juridique pour les personnes vulnérables.
Mais ce sont les projets d'hébergement qui ont eu le plus grand impact. « Quand je regarde les yeux des enfants réfugiés qui, pendant des années, ont vécu dans des centres collectifs et qui jouent maintenant dans leurs propres maisons, je comprends l'utilité de notre travail », a indiqué Irina Kharibova, une employée de l'UNHCR chargée des services communautaires en Ossétie du Nord.
Par Vera Soboleva à Krasnogor, Fédération de Russie