Tableau d'honneur pour des jeunes filles réfugiées en zone urbaine en Ouganda
Tableau d'honneur pour des jeunes filles réfugiées en zone urbaine en Ouganda
KAMPALA, Ouganda, 11 juillet (UNHCR) - A cause de la guerre et de la pauvreté, il fut impossible à Elisabeth Aziza d'aller à l'école dans sa ville natale de Bunia, dans l'est de la République démocratique du Congo.
A sa grande surprise, ce fut la vie en exil qui lui en donnât l'opportunité. Vivant maintenant à Kampala, capitale de l'Ouganda, avec sa mère et ses quatre frères et soeurs, Elisabeth, âgée de 14 ans, est au niveau 6 de l'école primaire.
« Je n'ai jamais étudié à cause de la guerre, et maintenant je suis la meilleure de ma classe », a dit fièrement Elisabeth, après avoir reçu un prix pour son succès scolaire exceptionnel, de la part de la déléguée de l'UNHCR Cynthia Burns.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés paie les frais de scolarité pour Elisabeth et 59 autres enfants réfugiés de l'école primaire de Kampala, ainsi que ceux du collège pour 20 élèves réfugiés. Les sommes, si petites soient-elles en dollars, seraient hors de portée pour la plupart des familles réfugiées à Kampala.
Parmi les enfants réfugiés de la ville, l'UNHCR donne la priorité aux jeunes filles et aux enfants infirmes. Dans les camps de réfugiés du nord, où vivent la plupart des 240 000 réfugiés en Ouganda, tous les enfants réfugiés ont droit à l'éducation primaire gratuite.
Elisabeth est plus âgée que ses camarades de classe car elle n'a commencé l'école que lorsqu'elle est arrivée à Kampala, il y a cinq ans. Elle trouve la vie difficile à Kampala - « quelquefois, nous ne savons pas où nous allons dormir, ce que nous allons manger et je n'ai pas d'endroit pour travailler » - mais, au moins, elle reçoit une éducation, ce qu'elle apprécie beaucoup. « Je suis très ambitieuse et j'espère que je pourrais rester ici et finir mes études », dit-elle.
Sa mère, Aïna, confirme à son tour que la vie est dure à Kampala, mais il n'y avait pas d'autre choix que de fuir Bunia quand les rebelles ont attaqué la maison familiale une nuit en 2000.
« Ils ont tué mon mari devant nous, ils m'ont emmenée et m'ont violée », dit Aïna. « Le matin suivant, j'ai décidé que nous n'avions pas le choix : nous devions fuir et aller dans un endroit sûr. » Après un voyage de sept jours et sept nuits, Aïna a rejoint Kampala avec Elisabeth et ses quatre autres enfants.
L'Ouganda a une politique exceptionnellement généreuse envers les réfugiés et en fut récemment remercié par le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres. Ce pays préfère que les réfugiés s'installent au nord et à l'ouest du pays, où on leur donne un lopin de terre. Ils parviennent ainsi à se suffire à eux-mêmes grâce à l'agriculture, n'étant pas contraints de vivre dans des camps.
Selon la législation ougandaise, les réfugiés peuvent vivre à Kampala s'ils prouvent qu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes. Contrairement à beaucoup d'autres pays, les réfugiés en Ouganda ont le droit de travailler, sans une permission spéciale du gouvernement.
Face aux difficultés rencontrées par les réfugiés citadins à Kampala, l'UNHCR, par l'intermédiaire de son partenaire ougandais Interaid, donne aux familles réfugiées enregistrées une petite somme d'argent chaque mois pour le logement et la nourriture. Les réfugiés reçoivent les soins médicaux à la clinique d'Interaid et l'UNHCR en supporte les frais ainsi que les séjours éventuels à l'hôpital. La plupart des réfugiés enregistrés à Kampala sont des veuves avec trois enfants ou plus.
Elles ont besoin de soutien psychologique aussi bien que d'aide pratique, dit la déléguée de l'UNHCR Cynthia Burns, qui a récemment rencontré une femme réfugiée à Kampala. « Malheureusement, nous ne pouvons pas subvenir à tous leurs besoins, mais j'ai l'intention de rencontrer les femmes régulièrement pour voir si, ensemble, nous pouvons trouver des solutions aux défis quotidiens auxquels elles doivent faire face. »
A la cérémonie où Elisabeth a été primée, Cynthia Burns a également attribué un prix à Umi Kheri Mohannud, une jeune fille réfugiée de Somalie, lycéenne à Kampala, qui rêve de son avenir.
« Je veux étudier pour devenir médecin », a-t-elle dit après la cérémonie. « Je veux un futur meilleur et je veux soigner ma mère moi-même, quand un jour elle sera âgée et malade. »
Par Roberta Russo, UNHCR Ouganda