La traversée du golfe d'Aden fait 66 morts supplémentaires
La traversée du golfe d'Aden fait 66 morts supplémentaires
ADEN, Yémen, 23 octobre (UNHCR) - La périlleuse traversée du golfe d'Aden a encore causé des morts le week-end dernier. Quelque 66 personnes se sont noyées après avoir été forcées à sauter par-dessus bord par des trafiquants au large des côtes du Yémen.
Cette tragédie a impliqué deux bateaux de passeurs qui ont quitté la ville côtière de Bossasso en Somalie samedi, avec 244 personnes à leur bord, pour la plupart des Somaliens et des Ethiopiens. Des survivants ont raconté que les deux embarcations ont atteint dimanche les côtes yéménites, au large de Hawrat Al Shatee, ajoutant que les passagers ont été obligés à sauter par-dessus bord et que beaucoup s'étaient noyés. En tout, vingt-huit corps ont été enterrés sur la plage, alors que 38 personnes sont toujours portées disparues (29 Ethiopiens et 9 Somaliens).
Cette année, plus de 20 000 personnes ont entrepris le dangereux voyage à travers le golfe d'Aden, dans des bateaux conduits par des passeurs sans pitié depuis des ports somaliens. Au moins 439 personnes ont péri en 2006 et 489 sont toujours portées disparues.
Les survivants de la tragédie survenue ce week-end ont dit que les membres de l'équipage de l'un des bateaux surchargés avaient violemment battu les passagers pendant le voyage, blessant nombre d'entre eux. Après avoir été forcés à sauter dans les eaux profondes loin des côtes yéménites, 178 personnes ont réussi à rejoindre la terre.
Certains survivants ont indiqué avoir été dépouillés par des militaires yéménites. Les travailleurs humanitaires arrivés sur place ont fourni à manger et à boire aux rescapés, avant de les transférer au centre de réception de l'UNHCR à Mayfa'a.
« La plupart des personnes arrivant au Yémen sont d'origine somalienne et éthiopienne, mais récemment nous avons reçu des indications selon lesquelles des Kényans, des Ougandais et des Tanzaniens attendent aussi en Somalie de faire la traversée », a indiqué mardi à Genève le porte-parole de l'UNHCR, Ron Redmond.
En 2006, quelque 26 000 personnes sont arrivées au Yémen en traversant le golfe d'Aden. Le Yémen travaille en étroite collaboration avec l'UNHCR et accorde aux Somaliens un statut de réfugié prima facie. Cependant, malgré les efforts entrepris des deux côtés du golfe d'Aden pour alerter les gens sur les dangers de recourir aux passeurs, les chiffres ne baissent pas.
L'année dernière, l'UNHCR a intensifié son travail au Yémen dans le cadre d'une opération de sept millions de dollars. L'agence a augmenté son personnel, renforcé sa présence sur le terrain, accru son assistance et fourni davantage d'abris aux réfugiés du camp de Kharaz, près d'Aden, et elle a mis en place des formations à l'intention des gardes-côtes et des autres fonctionnaires.
De plus, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés prévoit d'accroître sa présence le long des 300 kilomètres de côtes isolées, en ouvrant deux bureaux de terrain supplémentaires en 2008. L'UNHCR travaille aussi étroitement avec des ONG comme Médecins Sans Frontières (MSF), qui a mis en place des unités de soins mobiles pouvant fonctionner aux points d'arrivée sur les côtes.
L'UNHCR et ses partenaires ont établi des projets d'information du côté somalien, afin d'alerter les gens sur les dangers. Mais nombre des personnes qui fuient disent que les conditions dans leur pays sont si mauvaises qu'elles n'ont rien à perdre et qu'elles sont prêtes à courir le risque.