Le choix difficile des Tchadiens : l'exil au Cameroun ou le retour
Le choix difficile des Tchadiens : l'exil au Cameroun ou le retour
N'DJAMENA, 6 février (UNHCR) - Des Tchadiens ont commencé à rentrer chez eux mercredi matin, alors qu'un calme précaire était observé à N'Djamena, la capitale tchadienne. Ils avaient fui vers le Cameroun pour échapper aux combats entre les rebelles et les forces gouvernementales. Certains rentraient chez eux pour la journée et prévoyaient de revenir le soir même au Cameroun. Pendant ce temps, d'autres habitants de la capitale continuaient à affluer vers le Cameroun, en quête de sécurité.
« Hier et ce matin (mercredi), des personnes sont parties pour la journée de Kousséri, au Cameroun, vers N'Djamena, pour se rendre compte de l'état de leurs biens », a indiqué Gilbert Loubaki, chef de l'équipe d'urgence de l'UNHCR comptant neuf personnes et déployée dans la ville frontalière de Kousséri. Cependant, du fait de la situation sécuritaire instable à N'Djamena, la plupart des Tchadiens restent prudents sur la perspective d'un éventuel retour.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés à Kousséri estime qu'entre 20 000 et 30 000 Tchadiens ont afflué à Kousséri, sur la rive camerounaise du fleuve Chari, après l'éruption des combats dans la capitale tchadienne samedi dernier entre les forces rebelles et l'armée. Malgré une accalmie des combats dans la capitale ces deux derniers jours, des bombardements sporadiques étaient encore entendus, mercredi, aux alentours de N'Djamena.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés est présente sur le terrain à Kousséri pour aider à abriter et à assister les Tchadiens qui ont fui. Un pont aérien comptant deux rotations va acheminer du matériel humanitaire d'urgence à Kousséri pour les réfugiés. Il devrait démarrer au plus tard mercredi avec un premier vol depuis Dubaï devant atterrir au Cameroun jeudi matin. Les deux vols permettront de transporter un total de 90 tonnes de biens de secours depuis les entrepôts de l'agence situés à Dubaï, notamment des bâches en plastique, des jerricans, des couvertures, des moustiquaires, des ustensiles de cuisine et des rouleaux de plastique. Avec ces articles, l'agence pourra aider 14 000 réfugiés et va accélérer la distribution qui a déjà débuté au Cameroun. Un camion de l'UNHCR transportant 15 tonnes de biens de secours, dont des couvertures, des bâches en plastique et des ustensiles de cuisine est arrivé à Kousséri mardi, après un voyage de deux jours depuis Bertoua, dans l'est du Cameroun.
Un grand nombre de réfugiés sont hébergés chez des proches à Kousséri, alors que d'autres ont trouvé refuge dans des écoles. Certains séjournent dans les quelques hôtels de la ville. Entre 6 000 et 7 000 réfugiés se trouvent actuellement dans le centre de transit de Madana, situé près du pont enjambant le fleuve Chari. L'équipe d'urgence de l'UNHCR va démarrer la construction de latrines et de douches, conjointement avec la Croix-Rouge camerounaise, mercredi, pour fournir aux réfugiés des équipements sanitaires et un confort de base.
« Nous voulons d'abord stabiliser leur situation avant de les transférer la semaine prochaine vers Maltam, dans un site plus approprié et localisé à 32 kilomètres de Kousséri », a indiqué Gilbert Loubaki. Ce camp peut accueillir jusqu'à 100 000 personnes et il est déjà équipé de puits.
Dans l'est du Tchad, pendant ce temps, l'UNHCR et ses partenaires continuent à assister des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés, malgré l'évacuation de 25 employés de l'UNHCR non essentiels, depuis notre principale base d'opérations sur le terrain à Abéché, pour des raisons de sécurité.
L'UNHCR et ses partenaires gèrent 12 camps de réfugiés dans l'est du Tchad accueillant quelque 240 000 réfugiés soudanais qui ont fui le Darfour, région du Soudan voisin. Un autre groupe de 50 000 réfugiés originaires de République centrafricaine est hébergé dans des camps situés dans le sud du Tchad. Par ailleurs, l'UNHCR fournit de l'aide à une partie des 180 000 déplacés tchadiens ayant fui des troubles survenus précédemment au Tchad.
Ces centaines de milliers de personnes déracinées au Tchad dépendent du soutien international et de l'acheminement extrêmement fragile de l'aide humanitaire qui doivent atteindre certaines des régions les plus désolées et isolées du pays.