Journée mondiale du réfugié : La situation des réfugiés somaliens
Journée mondiale du réfugié : La situation des réfugiés somaliens
CAMP DE REFUGIES DE DADAAB, Kenya, 18 juin (UNHCR) - En décrivant la situation en Somalie comme l'une des pires crises humanitaires au monde, le chef de l'UNHCR António Guterres a exhorté mercredi la communauté internationale à faire du rétablissement de la paix en Somalie une priorité et a noté que l'UNHCR devait faire davantage pour aider les personnes déracinées par le conflit, qui dure depuis 17 ans.
Lors d'une visite dans le camp de réfugiés de Dadaab, un camp tentaculaire situé à la frontière entre le Kenya et la Somalie, à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié qui sera célébrée vendredi, António Guterres a aussi remercié la population et le gouvernement du Kenya pour la grande générosité dont ils font preuve depuis des années envers ceux qui sont déplacés par le conflit dans la région.
« Nous sommes venus à Dadaab à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié car ce camp représente un appel désespéré pour la paix en Somalie », a dit António Guterres, qui a passé la nuit dans ce camp reculé. « Il n'y a pas de solution à la souffrance des réfugiés sans une solution politique. Seule la paix peut résoudre les problèmes des 200 000 personnes vivant à Dadaab dans des conditions si dramatiques. »
Le complexe du camp de Dadaab est l'un des plus importants, des plus anciens et surpeuplés parmi les camps de réfugiés à travers le monde. Depuis 16 ans, il a plus que doublé par rapport à sa capacité d'accueil et des réfugiés continuent à arriver depuis la Somalie, au nombre de 20 000 depuis le début de l'année.
« Des enfants sont nés ici dans ce camp. Ils sont maintenant au collège et la paix n'est toujours pas revenue en Somalie », a dit une représentante des réfugiés à António Guterres. « Nous avons besoin de la paix dans notre pays. Ne relâchez pas vos efforts pour rétablir la paix. La communauté internationale ne devrait pas être fatiguée de nous aider. »
Cependant, de nombreux réfugiés disent qu'ils ont perdu espoir de pouvoir retourner un jour dans leur pays d'origine. António Guterres a dit qu'il pouvait comprendre ce sentiment, tout en étant persuadé qu'avec le soutien de la communauté internationale et la volonté parmi les Somaliens de travailler ensemble pour restaurer la paix, ils pourraient rentrer chez eux.
« Je crois qu'il est de la responsabilité de la communauté internationale d'être plus engagée envers la Somalie et de travailler davantage pour restaurer la paix », a-t-il dit aux journalistes dans le camp. « Je n'accepte pas l'idée que ce pays ne puisse pas s'organiser, devenir un pays en paix et créer les conditions nécessaires. »
« Mon appel à la communauté internationale vise à placer la Somalie au centre des priorités et à agir pour aider à rassembler les Somaliens », a-t-il dit. « Seuls les Somaliens peuvent trouver ensemble une solution. »
Dans une communauté rassemblant près de 2 000 réfugiés dans les locaux d'une nouvelle école du camp, António Guterres a dit qu'il était très clair que les victimes du conflit en Somalie désiraient de façon unanime le rétablissement de la paix.
« Je suis venu ici pour vous écouter », a-t-il dit à la foule. « J'ai appris que l'ensemble de la communauté des réfugiés somaliens demande d'une seule voix : Faites cesser la guerre en Somalie. »
Le dernier rapport statistique annuel de l'UNHCR pour 2007 montre que plus de 457 000 Somaliens sont réfugiés à travers le monde. En plus de ceux qui ont fui vers le Kenya, des dizaines de milliers de Somaliens ont risqué leur vie pour rejoindre l'Ethiopie, Djibouti, le Yémen et au-delà.
Ces trois derniers mois seulement à l'intérieur de la Somalie, la violence à Mogadiscio a forcé un nouveau groupe de 50 000 personnes à fuir. Le nombre total de ceux qui ont fui la capitale dévastée depuis février 2007 s'élève maintenant à plus de 850 000 personnes. Plus d'un million de Somaliens restent déplacés au sein de leur pays.
António Guterres a promis de développer un plan global en 2009 pour répondre au double problème observé au camp de Dadaab, la surpopulation et les préoccupations socio-économiques de la communauté locale.
Le Haut Commissaire a indiqué qu'un soutien supplémentaire de la part des donateurs sera nécessaire pour solutionner les problèmes observés à Dadaab, tout en assurant que parallèlement l'UNHCR ferait encore davantage pour conduire le changement.
Il a noté que les réformes structurelles actuellement en cours au sein de l'organisation ont réduit le personnel présent au siège de Genève de plus de 20 pour cent, « de manière à transférer des budgets de fonctionnement pour répondre à des situations désespérées, pour lesquelles il n'y a pas de financement immédiatement disponible de la part de la communauté internationale. »
Par Millicent Mutuli et Ron Redmond à Dadaab, Kenya