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Alors qu'une paix fragile s'instaure, des déplacés sud-soudanais rentrent chez eux

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Alors qu'une paix fragile s'instaure, des déplacés sud-soudanais rentrent chez eux

Le chef du HCR appelle les autorités à un engagement ferme à promouvoir la sécurité, l'Etat de droit et la bonne gouvernance pour consolider les acquis du processus de paix.
29 Janvier 2021 Egalement disponible ici :
See also: As a fragile peace takes hold, some South Sudanese refugees head home

Lorsque Mary Nyekuola est revenue au Soudan du Sud après avoir fui le conflit il y a quatre ans, elle a fondu en larmes. Ce pays qu’elle avait quitté avait été occupé et son mari avait trouvé la mort après une longue maladie, alors qu’il était réfugié à Khartoum. Elle devait tout recommencer à zéro mais, malgré tout, elle était heureuse d’être de retour.


« J’éprouvais des sentiments mitigés. C’était douloureux mais aussi j’étais heureuse de rentrer chez moi », a-t-elle indiqué en étendant une natte sur le sol devant la maison de sa sœur, à Bentiu, une petite ville dans l’Etat d’Unité près de la frontière avec le Soudan.

Mary compte parmi plus de 350 000 réfugiés sud-soudanais qui sont rentrés de leur exil depuis 2017, encouragés par les nouvelles transmises par leurs amis et leurs proches sur le rétablissement progressif de la paix au Soudan du Sud.

Mère de famille, âgée de 30 ans et atteinte d’un handicap, Mary se déplace en fauteuil roulant, accompagnée de sa nièce. Ses jeunes enfants poussent parfois son fauteuil sur un sentier accidenté, sec et poussiéreux pour aller chercher de l’eau.

« J’éprouvais des sentiments mitigés… mais aussi j’étais heureuse de rentrer. »

« Quand je suis partie, c’était parce que je ne pouvais pas marcher et que je n’aurais pas pu courir pour fuir les combats, mais maintenant la situation s’est améliorée », a-t-elle expliqué.

Le Soudan du Sud est devenu la plus jeune nation au monde en 2011, après des décennies de guerre. Mais le pays a de nouveau sombré dans le conflit en 2013. Plus de quatre millions de Sud-Soudanais sont devenus des réfugiés dans des pays de la région ou des déplacés au sein de leur propre pays, lors de l'une des plus importantes crises de déplacement en Afrique.

Un « Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud » signé en septembre 2018 par les parties au combat a prudemment ravivé l’espoir de stabilité à long terme, une nécessité pour mettre en œuvre des solutions durables au déplacement, y compris le retour et l'intégration locale.

En visite dans le pays pour constater les opportunités et les défis posés par le fragile processus de paix, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a rencontré des représentants du gouvernement, des réfugiés, des déplacés internes, des membres des communautés d'accueil et des personnes récemment rentrées, comme Mary.

« Nous avons constaté une hausse du nombre des personnes de retour. Une baisse est survenue durant le pic de la pandémie, mais il y a maintenant une reprise », a-t-il indiqué.

A Panakuach, un point de passage frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, il a rencontré des rapatriés qui faisaient le trajet dans un car chargé de lits, de matelas et d’autres effets personnels accumulés durant la période passée à Khartoum, la capitale du Soudan.

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, n’œuvre pas à la promotion des retours vers le Soudan du Sud et ne les facilite pas, mais Filippo Grandi a exhorté le gouvernement et les partenaires à accroître d’urgence la réflexion stratégique pour aider les rapatriés et les communautés au sein desquelles ils effectuent un retour sûr et digne, en améliorant la sécurité et les services.

« Depuis le processus de paix, un lent changement de paradigme vers une amélioration de la situation se déroule actuellement, mais les défis demeurent vastes…. Les autorités doivent fermement s’engager à promouvoir la sécurité, l’Etat de droit et la bonne gouvernance. » Filippo Grandi a également appelé la communauté internationale à aider à intensifier les efforts de développement pour s’assurer que les populations bénéficient des écoles, des services de santé et d’opportunités d’emploi.

Des années de conflit au Soudan du Sud ont sévèrement endommagé les infrastructures de base et mis à rude épreuve l'aide humanitaire. Le chef du HCR a demandé qu'une attention particulière soit accordée à la sécurité et aux besoins des femmes, comme Mary, qui ont subi des violences et des traumatismes effroyables pendant la guerre civile.

« Les femmes ont assez souffert dans ce pays », a déclaré Filippo Grandi. « Nous avons rencontré de nombreuses femmes qui nous ont indiqué avoir endossé le rôle de chef de famille depuis le retour. Ce sont elles qui doivent être rassurées sur la sécurité, sur l’éducation des enfants, sur les services de santé et sur leurs propres moyens de subsistance, car elles se demandent comment elles vont vivre. »

La visite du Haut Commissaire intervient alors que l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) s'efforce de trouver des solutions durables pour les quelque sept millions de personnes qui ont fui le Soudan du Sud et le Soudan ou déplacées à l’intérieur de l’un de ces deux pays.

Filippo Grandi a également rendu hommage au Soudan du Sud pour sa politique de portes ouvertes pour les réfugiés et pour sa démonstration continue de générosité et de solidarité envers près de 300 000 réfugiés actuellement présents sur son sol, tout spécialement au moment où le pays est le théâtre de graves problèmes socio-économiques, sécuritaires et politiques.

« Les femmes ont assez souffert dans ce pays. »

La pandémie de coronavirus a encore aggravé le sort des personnes qui ont fui la guerre, le conflit et la persécution, ainsi que celui des Sud-Soudanais vulnérables, et l’aide humanitaire du HCR continuera. A la question de savoir si elle est préoccupée par une éventuelle reprise du conflit dans sa ville natale, Mary fait part de son inquiétude mais, pour le moment, elle veut tenter sa chance.

Elle souhaite démarrer un petit commerce pour subvenir aux besoins de sa famille et elle a besoin d’un capital initial. « Si je reçois un stand de thé avec des articles comme du sucre, des bonbons et d’autres articles, alors, ma nièce et moi, nous pouvons tenir le magasin. »