Les difficultés se multiplient pour les réfugiés les plus âgés dans le contexte de la pandémie de Covid-19
Les difficultés se multiplient pour les réfugiés les plus âgés dans le contexte de la pandémie de Covid-19
SAN JOSE, Costa Rica - Malgré ses problèmes de genoux et son hypertension, Esperanza*, une Nicaraguayenne de 69 ans, demandeuse d'asile, se levait tous les jours à l'aube pour aller récolter le café afin de subvenir aux besoins de sa famille au Costa Rica.
« Notre âge nous empêche de faire ce que nous devrions faire pour subvenir à nos besoins alimentaires », explique cette grand-mère, qui a dix petits-enfants et qui avait fui le Nicaragua en 2018, après une répression gouvernementale contre les manifestations de rue dans ce pays.
« Récolter du café est très exigeant physiquement, et à notre âge, il est très difficile d'être dehors toute la journée, parfois dans le froid et tremblant sous la pluie battante. Si nous étions plus jeunes, ce serait plus facile », explique-t-elle.
Pour Esperanza et son mari, qui a également fui au Costa Rica, la vie était déjà « une lutte quotidienne » dans ce pays étranger où ils étaient venus en quête de sécurité. Et maintenant, avec la pandémie de Covid-19, cette situation ne fait que s'aggraver.
Le travail d'Esperanza s'est fait plus rare et elle et son mari ont pris du retard dans le paiement de leur logement, et ont été menacés d'expulsion.
« Notre âge nous empêche de faire ce que nous devrions faire pour subvenir à nos besoins alimentaires. »
Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, leur a fourni une assistance qui leur a permis de payer le loyer qu'ils devaient et d'ainsi garder leur logement.
Les demandeurs d'asile âgés, comme Esperanza, représentent environ quatre pour cent de la population relevant de la compétence du HCR dans le monde. Des Amériques, à l'Afrique et à l'Asie, beaucoup rapportent que leur vie déjà difficile devient encore plus difficile à mesure que la pandémie se propage.
Depuis qu'il a fui les violences au Cameroun en février de l'année dernière, James Orock, un réfugié de 68 ans installé dans le sud du Nigéria, recevait une assistance financière de son fils, qui se trouve en Chine. Mais comme l'entreprise de son fils a souffert de la pandémie, il ne reçoit plus les sommes sur lesquelles il comptait.
« Les choses (les prix) ont tout simplement grimpé en flèche », explique James, s'exprimant dans un campement de l'Etat de Cross River où le HCR a fourni une assistance en matière d'information et d'hygiène pour la protection contre le coronavirus. En outre, le HCR a distribué des graines de poivron, de gombo, d'igname et de potiron qui peuvent être semées et récoltées dans un délai d'un mois comme complément alimentaire.
« Nous prions pour que cela ne se poursuive pas, sinon certains d'entre nous ne pourront pas faire face », ajoute-t-il.
Les pandémies et leur impact sur les personnes âgées comme Esperanza et James sont le sujet central de la Journée internationale des personnes âgées de cette année, le 1er octobre.
« La pandémie expose les personnes âgées à un risque accru de pauvreté, de discrimination et d'isolement. »
« La pandémie de Covid-19 provoque une peur et des souffrances indicibles chez les personnes âgées dans le monde entier », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, en mai dernier.
« Au-delà de son impact immédiat sur la santé, la pandémie expose les personnes âgées à un risque accru de pauvreté, de discrimination et d'isolement. Elle risque d'avoir un impact particulièrement dévastateur sur les personnes âgées dans les pays en développement », a-t-il ajouté.
Parmi les réfugiés âgés qui luttent contre la pauvreté et la discrimination figure le cuisinier salvadorien Francisco, 69 ans, qui a fui vers le Guatemala voisin après que des membres d'un gang de rue aient assassiné sa femme et son fils sous ses yeux.
Au Guatemala, Francisco a réussi à trouver un emploi, mais l'entreprise a fermé ses portes pendant la pandémie. Lorsqu'il a repris le travail après l'assouplissement des restrictions en place, la patronne lui a dit que ses services ne seraient plus nécessaires.
« Je pense qu'elle a agi de manière discriminatoire à mon égard en raison de mon âge », a-t-il déclaré. Après avoir été licencié, Francisco a eu recours à la seule façon de gagner sa vie à laquelle il pouvait penser : vendre la nourriture qu'il prépare dans la petite chambre qu'il loue dans le cadre d'un programme appuyé par le HCR par le biais de ses partenaires au Guatemala.
« Je n'aurais jamais imaginé devoir vivre une telle chose », a déclaré Francisco. « J'ai dû recommencer à zéro. Et à mon âge, c'est difficile de trouver du travail. »
« Je n'aurais jamais imaginé devoir vivre une telle chose. J'ai dû recommencer à zéro. Et à mon âge, c'est difficile de trouver du travail. »
Des millions de personnes âgées dans le monde courent un plus grand risque de mourir des suites du Covid-19, et beaucoup ont réduit leurs contacts sociaux pour diminuer le risque d'infection.
Outre l'anxiété pour sa santé, Padma Lal Timsina, un réfugié bhoutanais de 84 ans dans le camp de Beldangi au Népal, s'inquiète du fait qu'il soit de plus en plus coupé de ce soutien familial qui lui est si important dans sa vieillesse.
Il y a peu, il était entouré d'une famille élargie de 14 personnes dans le campement où il vit depuis 1991. Mais neuf de ses proches ont été réinstallés dans un pays tiers et certains de ceux qui restent vivent dans une partie distincte du camp.
« Avant que cette maladie n'arrive ici, nous avions l'habitude de nous rassembler autour de l'arbre, de bavarder, de partager des blagues autour d'une tasse de thé et de nous divertir. Maintenant, nous sommes confinés dans notre maison », a-t-il expliqué.
Les Nations Unies ont exhorté les gouvernements à adapter leurs politiques et à prendre d'autres mesures pour sensibiliser aux besoins spécifiques des personnes âgées. Dans le même temps, les Nations Unies demandent que les contributions des personnes âgées au maintien de leur propre santé et, plus largement, à la lutte contre la pandémie, soient reconnues.
Avec la contribution d'Austin Ramírez Reyes à San José, Costa Rica ; Alicia Álvarez Gil à Guatemala City ; Deepesh Das Shrestha à Damak, Népal et Tony Aseh au Nigeria. Rédaction de Tim Gaynor et Matthew Mpoke Bigg.
*Nom modifié pour des raisons de protection.