Les réfugiés à l'honneur lors d'un concert de Noël au Panama
Fondateur et chef de l'Orchestre philharmonique du Panama, Víctor Mata sait combien la musique peut apaiser les esprits et ouvrir les cœurs.
Vénézuélien lui-même, il a quitté son pays il y a huit ans, au début de la crise qui a forcé des millions de ses compatriotes à fuir une inflation galopante, des pénuries et l'effondrement de la sécurité et des services publics ; il sait aussi à quel point cette quête de sécurité peut être difficile.
Il s’est dit qu'il ne pourrait y avoir de moment et de moyen plus opportun qu’un concert de Noël pour apporter espoir et réconfort aux réfugiés et aux demandeurs d'asile dans son pays d'adoption, le Panama, et montrer la valeur que les réfugiés peuvent apporter à leur nouveau pays.
« Noël, c'est un temps pour se réunir, un temps pour partager, un temps pour reprendre espoir. »
« Noël, c'est un temps pour se réunir, un temps pour partager, un temps pour reprendre espoir », dit Víctor, 55 ans dont les jeunes années ont été marquées par l'éducation musicale dispensée par le prestigieux programme vénézuélien des orchestres de jeunes d'où sont issues des célébrités telles que Gustavo Dudamel, chef de l'Orchestre philharmonique de Los Angeles.
« Quand vous êtes contraints de fuir votre foyer, vous vivez dans la souffrance. Nous sommes convaincus que ce concert peut contribuer à atténuer cette souffrance et apporter l'espoir que les choses peuvent s'améliorer. »
Le Panama qui a récemment connu une forte hausse du nombre de réfugiés accueille aujourd'hui environ 19 000 réfugiés et demandeurs d'asile originaires du Venezuela, mais aussi de pays tels que la Colombie et le Nicaragua qui sont aux prises avec des violences politiques ou encore le Salvador, le Honduras ou le Guatemala durement éprouvés par la violence des gangs.
Víctor n'est pas le seul membre de l'Orchestre philharmonique du Panama à avoir fui le Venezuela du fait de la crise qui y sévit toujours. La contrebassiste Vanessa Rivas, 20 ans, a également trouvé la sécurité et une seconde chance dans ce pays d'Amérique centrale après avoir fui des tentatives d'extorsion et les menaces dont elle était l’objet dans son pays.
« Les manifestations de ce genre nous rassemblent et nous rappellent la signification profonde de Noël. »
Au concert gratuit donné au Théâtre Pacifique de Panama, des dizaines de réfugiés et de demandeurs d'asile se trouvaient parmi les membres du public, à profiter de l'allégresse qui émanait des musiciens en bonnet de Père Noël et de la douceur familière des chants traditionnels de Noël de toute l'Amérique centrale et d'Amérique du Sud.
Parmi les spectateurs, Heily Alemán, 29 ans et mère de deux enfants, qui a été forcée de fuir la répression politique dans son Nicaragua natal, a retrouvé l'élan familier des fêtes de fin d'année.
« Les manifestations de ce genre nous rassemblent et nous rappellent la signification profonde de Noël », dit-elle. « Le concert m'a rappelé ce qu'était Noël dans mon pays : la musique, les chants, les retrouvailles en famille et le sentiment de proximité. »