Les réfugiés burundais en RDC se construisent un avenir meilleur
Quand ses voisins ont fui pour échapper aux combats, Dorothée Nahayo s'est dit qu'elle ne s'en sortirait pas. Paralysée d'une jambe et marchant à l'aide d'une béquille, elle était une cible facile pour les balles.
« J'ai empilé mes possessions sur ma tête. Voilà, la guerre était là et j'avais peur, » dit Dorothée, 45 ans. Contre toute attente, elle a réussi à traverser la frontière pour rejoindre le camp de réfugiés de Lusenda, en République démocratique du Congo.
Dans ce camp qui accueille plus de 30 000 Burundais, elle compte parmi les 754 réfugiés dont la vie en exil est encore plus difficile du fait de leur handicap.
Elle ne sait pas où est son mari. Elle dit qu'il a peut-être été tué. Elle doit se débrouiller toute seule, avec ses deux enfants adultes et trois plus jeunes.
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« Ici, j'ai appris quelque chose. »
Aujourd'hui, deux ans après sa fuite, les choses se sont améliorées. « Ici, j'ai appris quelque chose, » dit-elle en souriant tout en ponçant une casserole toute neuve au papier de verre.
Pour échapper à la pauvreté, des réfugiés burundais handicapés ont fondé l'association Dufashanye, qui signifie « Soutien mutuel » en kirundi, la langue du Burundi. Forte de 32 membres, l'association a ouvert un atelier dans le camp de réfugiés de Lusenda, dans la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, pour aider les réfugiés handicapés à fabriquer des articles ménagers à partir de déchets métalliques.
Dans une case de fortune, ils font fondre le métal dans une casserole chauffée au feu avant de le verser dans des moules d'argile. Ils fabriquent ainsi des casseroles de tailles diverses, des fers plats et même des gaufriers. La vente de ces articles rapporte aux réfugiés tels que Dorothée assez d'argent pour acheter des vêtements et de la nourriture. « Au Burundi, je ne savais pas fabriquer des casseroles. Je gagne un peu d'argent ici et ça nous permet d'avancer. »
Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a fourni un appui financier aux réfugiés handicapés et à d'autres personnes présentant des besoins particuliers. Lors de sa visite dans la région en avril, Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a rappelé que les réfugiés handicapés devaient faire face à des difficultés pires que les autres réfugiés et que toute action de soutien devait tenir compte de ce facteur.
« Nous rêvons de laisser un héritage aux personnes handicapées de ce camp »
Il faut toutefois en faire davantage. À commencer par les services médicaux, dit Mattias Nzorigendera, 38 ans et président de l'association. « Certains des handicapés ont encore des éclats de grenade dans le corps, mais le centre de santé ne peut pas s'en occuper. »
Gagner sa vie est un autre défi, ajoute-t-il. « Les handicapés ont plus de mal à trouver un emploi. Mais au travers de notre association, nous avons trouvé du travail. »
En tout état de cause, les petits succès de l'association lui ont donné des raisons d'espérer, à lui comme aux autres réfugiés handicapés.
« Nous rêvons de nous développer et de laisser un héritage aux personnes handicapées de ce camp. Afin que chacun puisse s'extraire de la pauvreté. »