Course contre la montre pour consolider les abris des réfugiés rohingyas avant la mousson
Course contre la montre pour consolider les abris des réfugiés rohingyas avant la mousson
EXTENSION DE KUTUPALONG, Bangladesh – Sur un lopin de terre de la tentaculaire installation informelle, Hafsa, une réfugiée rohingya de 55 ans, et son mari Mohammed, 60 ans, supervisent la construction d’un solide abri, une véritable course contre le temps.
Ils ont trouvé dans le kit de construction fourni par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, quatre solides poteaux de bambou de 7,5 mètres qui serviront de poteaux d'angle. Le kit comprend également des poteaux de bambou plus fins, des bâches et un jeu d'outils — marteaux, clous et attaches en plastique — pour étanchéifier l'abri avant les pluies de mousson attendues en mars.
« Maintenant, nous avons ce qu'il faut pour construire notre abri et, avec la grâce de Dieu, il restera debout et en bon état pendant notre séjour ici, » dit Hafsa.
Pendant les premières semaines suivant l'arrivée au Bangladesh des réfugiés rohingyas du Myanmar à la fin août, le temps a manqué pour planifier l'emplacement et la construction des logements. Des abris basiques contre les éléments ont été aménagés au moyen des bambous et des bâches disponibles sur place.
Maintenant que le rythme des déplacements a ralenti — avec 655 000 réfugiés actuellement sur place, en majorité dans l'extension du camp de Kutupalong — les équipes s'emploient à fournir des matériaux plus solides, à aider les réfugiés à construire des structures plus robustes et, dans la mesure du possible, à déménager les familles sur des terrains plus stables.
« Nous avons un travail colossal devant nous. »
Tous ces efforts visent à sauver des vies avant l'arrivée de la saison des pluies d'ici quelques mois. Après cela, les terres en cuvettes entre les collines risquent d'être prises dans des glissements de terrain et des crues subites.
« Nous avons un travail colossal devant nous, » dit Richard Evans, employé du HCR en charge des abris à Cox’s Bazar. « Avant l'arrivée de la mousson, nous devrons transférer le plus grand nombre de personnes vers des lieux en hauteur et continuer à distribuer des kits d’abri. »
À ce jour, le HCR a déjà distribué 30 000 kits d'abri et prévoit d'en distribuer 80 000 d’ici mars. On dénombre au total environ 100 000 abris à Kutupalong.
Afin de faire avancer cette deuxième phase, le HCR et ses partenaires travaillent avec les chefs communautaires pour conseiller les familles sur l'emplacement de leur logement et participer aux travaux de construction. Pour aider les milliers de familles établies dans ce camp tentaculaire, il faut également creuser des canaux de drainage et prévoir l'évacuation des fumées produites par les feux de cuisson.
Salim, 80 ans, compte parmi ceux qui ont été aidés à consolider son abri avec l'assistance des équipes de BRAC, une organisation non gouvernementale locale, des partenaires du HCR et des voisins.
Il a construit des étagères, une zone d'entreposage en hauteur et un marchepied surélevé en bambou. Son nouvel abri a des parois de bâches tendues sur des bambous habilement fendus en fines lamelles, puis tressés, un travail fréquemment réalisé dans le camp. Grâce à ces efforts, son logement devrait résister aux gros temps à venir.
« Nous gardons cet abri propre et rangé et j'essaie de l'améliorer quand j'en ai la possibilité. »
« J'ai construit cet abri avec d'autres personnes, » dit-il. « Nos besoins sont immenses, mais nous gardons cet abri propre et rangé et j'essaie de l'améliorer quand j'en ai la possibilité. »
La construction des abris dans le camp prend une tournure communautaire. Elle redonne un sentiment de dignité aux jeunes gens qui n'ont guère de perspectives d'emploi. Dans bien des cas, les communautés et les familles élargies qui vivaient ensemble au Myanmar et ont parfois entrepris la traversée ensemble retrouvent une cohésion grâce aux travaux de construction.
En effet, les techniques et les matériaux utilisés sont peu différents de ceux auxquels ils étaient habitués dans l'État de Rakhine, à l'exception peut-être des dalles en béton et du bois de construction privilégiés par les plus aisés.
Entres autres difficultés, Kutupalong présente de sérieux problèmes environnementaux. Lorsque les réfugiés sont arrivés en masse l'an dernier, nombre d'entre eux ont dépouillé les sols de leur végétation pour récolter du bois de chauffage, parfois même en déterrant les racines. Cela ne fait qu'aggraver le risque de glissements de terrain et d'érosion des sols à l'arrivée des pluies de mousson. L'eau de pluie ne pourra que ruisseler à flanc de colline pour venir alimenter les mares d'eau stagnante dans les cuvettes en contrebas.
Le HCR a tenté d'atténuer les dégâts environnementaux en distribuant de la balle de riz compressée pour remplacer le bois de chauffage. Le bambou provient de sources durables trouvées dans la région de Chittagong.
Les équipes réfléchissent déjà à la consolidation des abris après la mousson. Pour l'instant, elles prévoient de conserver le principe de construction à base de bambou et de bâches. Les tentes et caravanes utilisées dans d'autres camps de réfugiés ne semblent pas adaptées ici, vu la topographie et le climat de la région.
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