Le chef du HCR F. Grandi appelle à faire davantage pour résoudre les conflits
Le chef du HCR F. Grandi appelle à faire davantage pour résoudre les conflits
GENÈVE - Appelant à des efforts internationaux renouvelés pour prévenir et résoudre les conflits, le chef du HCR Filippo Grandi a déclaré aujourd'hui que la communauté internationale abandonnait des millions de réfugiés et de personnes déplacées internes à leur sort. Par ailleurs, il a exhorté un « monde en mutation rapide » à adopter une nouvelle approche en matière de protection et de solutions durables.
« En l’absence d’un objectif commun pour prévenir, endiguer et résoudre les conflits, le monde continuera de faire face à de nouveaux flux de réfugiés et devra encore renforcer sa capacité de réponse », a déclaré Filippo Grandi, lors de son allocution d'ouverture à la réunion annuelle du Comité exécutif du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
En détaillant les crises de réfugiés au Bangladesh, au Yémen et autres, Filippo Grandi a dressé un sombre tableau, en citant le nombre record de personnes déracinées à travers le monde - 65,6 millions à la fin 2016 - et il a ajouté que la situation s'aggravait.
« En 2017, plus de deux millions de personnes ont déjà fui leurs pays. »
« En 2017, plus de deux millions de personnes ont déjà fui leurs pays en tant que réfugiés... Elles arrivent souvent malades, traumatisées et affamées dans des régions frontalières reculées, dans des communautés affectées par la pauvreté et le sous-développement », a-t-il indiqué.
Le personnel du HCR travaille sans relâche pour leur venir en aide, souvent dans des circonstances où leur propre sécurité est menacée, mais les besoins sont immenses.
« Beaucoup ont des besoins urgents en matière de protection - des enfants séparés de leur famille, des hommes, des femmes, des jeunes filles et garçons exposés à la violence sexuelle et sexiste, des personnes handicapées ou confrontées à d'autres risques », a-t-il ajouté.
Filippo Grandi a souligné que les problèmes des réfugiés en matière de protection et de sécurité vont de pair et qu'il faut les aborder en même temps.
« Il s'agit non seulement de principes et de valeurs, mais aussi de construire la stabilité régionale et mondiale. La protection et la sécurité des réfugiés sont des objectifs complémentaires qui doivent être gérés ensemble », a-t-il expliqué.
Filippo Grandi s'est rendu au Bangladesh la semaine dernière pour évaluer sur place l'une des crises d’urgence humanitaire à la croissance la plus rapide de notre époque. Il a noté « qu'en cinq semaines à peine, un demi-million de réfugiés rohingyas ont fui des violences terrifiantes au Myanmar, alors que leurs droits s’étaient progressivement érodés au fil des décennies. »
Plus affligeant encore, 50 000 réfugiés ont également fui le Soudan du Sud, où se sont effondrés les rêves d'indépendance. Par ailleurs, 18 000 autres personnes ont tenté d'échapper à de nouveaux combats en République centrafricaine.
« Les crises actuelles s'aggravent. Pour de nombreux réfugiés, la quête de sécurité et de protection est devenue plus dangereuse », a-t-il déclaré.
« Le caractère international de la protection des réfugiés a revêtu de nouvelles formes. »
Grandi s’est félicité de ce qu'il a qualifié de vague de solidarité de la société civile envers les réfugiés, qui est souvent renforcée par un engagement ferme de la part des maires, des chefs d'entreprise et d'autres personnalités publiques. Il a loué la façon dont les actes individuels et collectifs de compassion et d'accueil avaient contré « des mesures généralisées visant à décourager et exclure ».
« Et le caractère international de la protection des réfugiés a revêtu de nouvelles formes - à travers des réseaux dans les villes, les organisations de la société civile, les associations du secteur privé, les entités sportives et d'autres formes de collaboration s'étendant au-delà des frontières », a-t-il souligné.
Lors de sa vaste allocution, Filippo Grandi a loué la générosité des « principaux pays d'accueil de réfugiés - dont certains dirigeants ont leur propre expérience de fuite et d'exil », mais il a déclaré qu'il était temps d'agir davantage à l'échelle mondiale.
« Des mesures visant à étayer leurs efforts, à renforcer la protection, à atténuer l'impact d'une présence de réfugiés à grande échelle et à partager véritablement les responsabilités demeurent essentielles. C'est le défi fondamental qui nous attend », a-t-il conclu.
Pour consulter la version complète du discours d’ouverture (en anglais).