Filippo Grandi : il faut agir pour mettre fin à la guerre en Syrie et à la détresse des réfugiés
Filippo Grandi : il faut agir pour mettre fin à la guerre en Syrie et à la détresse des réfugiés
BEYROUTH, Liban, 22 janvier (HCR) - Le sort des millions de réfugiés syriens et de déplacés internes en Syrie est dans les mains des puissances régionales et mondiales, qui doivent agir maintenant, en particulier après les images dévastatrices d'enfants affamés en Syrie qui ont choqué le monde entier.
C'était le message de Filippo Grandi, le nouveau Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à la fin de son premier voyage officiel de huit jours, en tant que chef du HCR, en Turquie, en Jordanie, en Syrie et au Liban.
« Parmi tous les pays qui peuvent avoir une influence sur ce processus de paix compliqué, aucun d'entre eux ne devraient regarder ces images d'enfants affamés, sans réaliser que si la paix n'est pas rétablie, nous verrons ce genre de photos encore plus souvent », a-t-il déclaré aux journalistes lors d'une conférence de presse à Beyrouth aujourd'hui (22 janvier).
« Si nous voulons donc que ces images disparaissent de nos écrans, il faut être sérieux durant les négociations sur la paix et faire tous les compromis nécessaires pour rétablir la paix. »
Filippo Grandi a déclaré qu'un accès humanitaire régulier et sans entrave s'avère urgent dans toutes les régions de Syrie, en particulier pour accéder à plus de 400 000 personnes dans des lieux assiégés à travers le pays.
Après cinq années complètes de guerre, il a souligné la vulnérabilité et la fragilité croissantes des réfugiés dans les pays hôtes où il s'est rendu. On compte plus de quatre millions de réfugiés syriens. La Turquie héberge 2,5 millions d'entre eux, le Liban un peu plus d'un million et il y a plus de 630 000 réfugiés syriens en Jordanie.
Filippo Grandi a décrit l'énorme afflux de Syriens et autres en Europe comme « un appel à l'action. » Pour la première fois, a-t-il déclaré, les dirigeants européens ont compris qu'ils ne fournissent pas un appui financier suffisant aux pays accueillant des réfugiés et aux organisations humanitaires au Moyen-Orient. Sans financement supplémentaire, les infrastructures de ces pays s'effondrent et l'aide s'épuise. De ce fait, les réfugiés continuent leur chemin vers le nord.
Le chef du HCR a souligné l'importance de la prochaine conférence internationale qui se déroulera à Londres le 4 février sur l'aide aux Syriens déracinés et aux pays de la région.
Il a fait part de son espoir au sujet de cette conférence qui permettrait de renforcer la réponse à la crise par des organisations comme le HCR. Il espère également que la conférence créera les bases d'une réponse globale à ce qui est devenu une crise mondiale. Des réfugiés syriens affluent désormais sur tous les continents.
« Nous voulons que davantage de pays partagent la charge en autorisant légalement leur venue », a-t-il déclaré.
Les objectifs de la conférence sont :
- Augmenter considérablement le financement pour répondre aux besoins immédiats des réfugiés ainsi que pour l'aide humanitaire et au développement à plus long terme
- Examiner comment créer des opportunités économiques et d'emploi ainsi que des possibilités d'éducation, non seulement pour les Syriens en Syrie, mais aussi pour ceux ayant fui vers d'autres pays
- Maintenir la pression sur les parties au conflit pour protéger les civils, et préparer un effort de stabilisation coordonné par la communauté internationale quand les conditions seront réunies.
Auparavant, Filippo Grandi était revenu depuis la capitale syrienne Damas après une visite à Saadnayel dans la plaine de la Bekaa, où plus de 370 000 réfugiés syriens vivent désormais.
Dans ces installations informelles, les réfugiés ont construit leurs propres tentes avec l'aide et des matériaux du HCR.
Filippo Grandi y a rencontré des familles de réfugiés originaires de l'est de la Syrie. Mohammad et Iman lui ont expliqué qu'avec cinq de leurs six enfants, ils avaient fui après que leur maison ait été bombardée et détruite. Ils étaient devenus des déplacés internes. Leur fille aînée reste prise au piège dans l'est de la Syrie.
« Nous avons ensuite été déplacés environ 11 fois », lui a expliqué Iman. « Chaque fois que nous sommes arrivés quelque part, le lieu a été bombardé et nous devions à nouveau repartir en quête de sécurité. »
Il y a seize mois, ils ont quitté la Syrie et ont trouvé refuge dans la plaine de la Bekaa. Deux de leurs enfants, Rahma et Ahmed, sont aveugles et ils ont besoin de greffes de cornée. Le succès de cette opération est de presque 95 pour cent, a expliqué Mohammad, mais la famille est désormais fortement endettée et ne peut se permettre ces opérations chirurgicales.
De plus, le permis de séjour de Mohammad a expiré et il n'a pas d'argent pour le renouveler. Il a fait part au Haut Commissaire de ses craintes que, de de fait, la famille soit expulsée de l'installation.
C'est un problème qui touche de nombreux réfugiés à travers le pays. Sans permis, les réfugiés ne peuvent ni se déplacer ni trouver des emplois temporaires.
« J'ai évoqué avec le gouvernement [le problème des permis de séjour] », leur a affirmé Filippo Grandi. « Et j'espère qu'il y aura une amélioration le mois prochain. »
Par Don Murray au Liban