Une responsable du HCR déplore les attitudes hostiles envers les réfugiés et les déplacés
Une responsable du HCR déplore les attitudes hostiles envers les réfugiés et les déplacés
La Haut Commissaire assistante du HCR en charge de la protection Erika Feller a appelé aujourd'hui à une volonté politique renforcée pour aider, à travers le monde, plus de 42 millions de réfugiés, demandeurs d'asile, déplacés internes et apatrides, dans un contexte de récente augmentation des nouvelles situations d'urgence en Afrique et au Moyen-Orient.
Dans son allocution lors de la réunion annuelle de l'organe directeur du HCR, le Comité exécutif (ExCom), Erika Feller a listé les obstacles majeurs rencontrés actuellement pour assurer une protection de qualité, incluant les situations de déplacement prolongé, les installations peu sûres, les difficultés pour aider les personnes extrêmement vulnérables et les manques de financement.
« Le HCR doit continuer à faire son possible pour améliorer son travail de protection. Au même titre, la volonté politique n'est pas suffisante en amont de la protection », a-t-elle déclaré. « Cela est mis en avant de façon troublante par l'attitude prépondérante d'un certain nombre d'Etats du type 'Oui, nous compatissons sur votre sort, mais svp cherchez une solution ailleurs'. »
La déclaration de la Haut Commissaire assistante du HCR en charge de la protection à l'ExCom est l'un des discours clés prononcés lors de la réunion annuelle de l'organe directeur du HCR, énonçant les principaux problèmes actuels du HCR pour aider les personnes déracinées et les apatrides à travers le monde.
Erika Feller a cité l'exemple du Mali, une situation d'urgence humanitaire majeure pour le HCR et qui se développe actuellement, pour souligner les difficultés d'assurer une protection de qualité à chaque réfugié parmi les 700 000 personnes qui sont déjà devenues des réfugiés à travers le monde, cette année. Dans les pays voisins du Mali, une combinaison de facteurs participe à assurer aux réfugiés rien de plus qu'une aide essentielle vitale. Ces facteurs incluent notamment la proximité des sites de réfugiés avec la frontière instable, les difficultés matérielles pour accéder et assurer un suivi en protection auprès des réfugiés dispersés dans des régions très étendues, les tensions parmi les différents groupes de déplacés et les manques de financements, a-t-elle indiqué. Dans de tels environnements, prévenir des problèmes comme le recrutement militaire forcé des enfants, le travail des enfants, l'exploitation sexuelle des enfants devient parallèlement de plus en plus difficile.
Erika Feller a également évoqué la nécessité de faire davantage pour aider les réfugiés vivant en milieu urbain, où ces personnes peuvent risquer l'exploitation criminelle ou d'autres activités illégales, et aussi pour aider les réfugiés qui sont la proie des passeurs ou qui tentent, par des moyens risqués, de traverser des frontières maritimes ou terrestres.
« Certains programmes très positifs sont menés actuellement par des Etats pour collaborer sur de nouvelles stratégies régionales concernant ces problèmes », a-t-elle indiqué. « Cela dit, la coopération régionale n'est pas une fin en soi. Son objectif doit inclure des systèmes d'asile nationaux plus efficaces - et non leur remplacement. Et, pour les Etats, partager plus équitablement les charges et les responsabilités dans le domaine de la protection des réfugiés. »
L'année 2012 a déjà vu des déplacements massifs de populations dans des régions d'Afrique et du Moyen-Orient, principalement depuis les conflits sévissant en Syrie, au Soudan du Sud et au Soudan, en République démocratique du Congo et au Mali. Les personnes nouvellement déplacées dans ces régions s'ajoutent à la population de 42,5 millions de réfugiés, déplacés et demandeurs d'asile à travers le monde.
Erika Feller s'est fait l'écho de l'appel lancé lundi par le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres pour faire davantage afin d'aider les pays accueillant d'importantes populations réfugiées, y compris en apportant leur soutien via des contributions pour aider à l'intégration locale des personnes qui ne peuvent pas rentrer chez elles.
Elle a également parlé du besoin de davantage de places de réinstallation comme autre solution. A travers le monde, la demande en places de réinstallation dépasse actuellement la disponibilité selon un facteur de 10 personnes par place de réinstallation disponible.
Erika Feller a longuement évoqué la nécessité d'une action plus concertée visant à réduire les risques en matière de protection pour des groupes spécifiquement vulnérables, y compris le nombre croissant d'enfants réfugiés non accompagnés à travers le monde, les personnes handicapées, et celles fuyant la persécution à cause de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. Elle a également parlé de problèmes auxquels sont confrontés les enfants qui, du fait de leur déplacement, ne sont plus scolarisés, ou qui finissent par être envoyés en centre de détention pour immigrés. Les jeunes filles et les femmes, a-t-elle indiqué, sont souvent confrontées à des difficultés particulières.
« Les situations de déplacement forcé sont souvent influencées par les questions de genre. En effet, elles affectent tout particulièrement les femmes et les jeunes filles de façon disproportionnée. L'exposition au risque de viol, de la traite d'êtres humains, de la prostitution de survie ainsi que la combinaison entre la pénurie de documents d'identité et l'exclusion de l'aide et des services sont communément observées », a-t-elle indiqué, ajoutant que le HCR travaillait à combattre l'impunité en renforçant son travail de prévention de la violence sexuelle à l'encontre des femmes et en assurant que la justice soit plus accessible aux victimes.
« Les souffrances endurées par les personnes ainsi que l'assistance et la protection aux déracinés dans le besoin doivent être approchées en accordant la primauté à la compassion humaine, tout en conservant une vue globale des problèmes », a-t-elle déclaré. « Le travail d'aide aux réfugiés est l'assistance et le développement. C'est un travail juridique d'après les Conventions, sur les droits humains, les législations nationales et les demandes d'asile. C'est une forme de gestion de la migration, avec la réinstallation en point d'orgue. Ces dimensions multifacette sont d'abord locales, internationales et politiques, profondément ancrées dans un environnement de causes, d'effets et de partage inégal de la charge. Tenir compte de cette réalité avec justesse tout en accordant une attention particulière à chaque cas individuel est l'un des aspects les plus difficiles dans le domaine de la protection des réfugiés. »
Pour consulter le texte de l'allocution de la Haut Commissaire assistante du HCR en charge de la protection Erika Feller (en anglais) : http://www.unhcr.org/506c3cba9.html
Pour consulter la note sur la Protection internationale (en anglais) : http://www.unhcr.org/501fc18d9.pdf