Un recensement familial donne corps à la population de réfugiés au Bangladesh
Un recensement familial donne corps à la population de réfugiés au Bangladesh
EXTENSION DE KUTUPALONG, Bangladesh - Dolu, une réfugiée rohingya de 75 ans, s'avance vers l'entrée de sa cabane pour parler avec un employé du HCR, l'Agence des Nations Unies, chargé de collecter des données sur smartphone.
Après avoir donné différents détails, dont son nom, son lieu d'origine et le nombre de personnes vivant dans son foyer, Dolu se voit remettre une carte en plastique jaune portant un numéro de recensement familial attribué par le Gouvernement du Bangladesh.
Les coordonnées GPS de l'endroit sont ensuite mémorisées via une autre application, de même qu'une photo de Dolu et de sa fille Reza, 45 ans. Un double de la carte est solidement fixé à la structure en bambou de la cabane au toit bâché qui est aujourd'hui chez elle.
« Enfin, j'ai une adresse, » dit Dolu. « Je suis vieille, je suis malade et je suis fatiguée de bouger. Ma vie va être stable maintenant. »
« Enfin, j'ai une adresse. Je suis vieille, je suis malade et je suis fatiguée de bouger. »
La mère et la fille comptent parmi plus d'un demi-million de femmes, de filles, d'hommes et de garçons qui ont fui le Myanmar depuis la fin août. La plupart se sont installés dans les villes tentaculaires qui se sont développées entre le camp de réfugiés de Kutupalong et le camp voisin de Nayapara, dans le sud-est du Bangladesh.
Le recensement familial a débuté le mercredi 4 octobre grâce à 120 « agents recenseurs » divisés en 10 équipes. Répartis au milieu des abris de fortune, ils ont pour tâche de dénombrer sur une période de deux semaines quelque 105 000 ménages, soit un total de 525 000 personnes sur la base de cinq individus par foyer.
« Vu l'énormité de cette population, il est essentiel d'avoir des données pour mieux distribuer l'aide, qu'il s'agisse de nourriture, de kits d'ustensiles de cuisine, de kits d'abris d'urgence ou de quoi que ce soit d'autre, » explique Laura Giammarinaro, une employée du HCR en charge de l'enregistrement qui travaille à cet objectif.
« Si vous ne savez pas qui sont les gens, leurs familles, combien ils sont et où ils sont, c'est impossible d'intervenir de manière organisée et efficace, » ajoute-t-elle.
Le recensement a commencé par le site ‘Extension de Kutupalong’ et l'extension voisine de Balukhail, tous deux sélectionnés par les autorités bangladaises.
Les sites ont été cartographiés et divisés en zones et blocs (ainsi, « Zone 1, bloc 5 » est maintenant la nouvelle adresse de Dolu et Rezema). À mesure que le recensement progresse, le HCR travaille en étroite collaboration avec les responsables communautaires des réfugiés qui ont fourni des listes de résidents en indiquant approximativement où les trouver.
Outre la répartition de l'aide, le recensement devrait s'avérer très utile pour protéger les plus vulnérables dans le dédale chaotique des cabanes qui s'étalent à perte de vue, à flanc de colline et en contrebas.
« Localiser les gens, ça relève du défi ici. Ce travail permet de connaître le lieu de vie de la famille, sa composition et ses éventuels besoins de protection, » précise Laura Giammarinaro.
« Ce travail permet de connaître le lieu de vie de la famille, sa composition et ses éventuels besoins de protection. »
« Comme ça, nos agents formés pourront retrouver les familles pour identifier par exemple les cabanes où vivent des enfants non accompagnés, des parents seuls ou des personnes handicapées. Ils sauront où les trouver. »
Un peu plus bas sur le sentier où habite Dolu, Jafur Alam, un père de quatre enfants qui vient d'être recensé, a tout de suite compris l'utilité potentielle de cette carte. Il recherche sa fille de 17 ans qui a été séparée de la famille quelques jours plus tôt et qui n'a plus été vue depuis dans l'installation.
« Si je donne mon numéro (d'identification familiale) aux autorités, ils sauront où me trouver quand ils la localiseront, » dit-il.
Selon les estimations, environ un million de Rohingyas sont apatrides. Outre les avantages pratiques, la carte apporte un semblant d'identité aux réfugiés.
« Je n'ai jamais eu de carte comme celle-ci avant, » dit Mohammad Busho, 80 ans, assis à l'entrée de son humble abri familial dans la Zone 1, Bloc 5. « Peut-être que maintenant on nous viendra en aide. »
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