Table ronde à Strasbourg sur les questions brûlantes d'intégration et de réinstallation des réfugiés
Table ronde à Strasbourg sur les questions brûlantes d'intégration et de réinstallation des réfugiés
STRASBOURG, France, 18 novembre (HCR) - L'intégration des étrangers dans les sociétés européennes suscite un débat passionné et parfois houleux en Europe. Les discussions font souvent l'impasse sur les difficultés spécifiques auxquelles les réfugiés, à la différence des autres étrangers, se heurtent lorsqu'ils tentent de s'intégrer dans cette importante région.
Pour aider à combler cette lacune et examiner le rôle de l'intégration locale et de la réinstallation comme réponses aux problèmes des réfugiés et comme solutions durables, le HCR et le Conseil de l'Europe ont organisé une table ronde d'experts cette semaine à Strasbourg.
« L'objectif de la table ronde était d'avoir un échange constructif d'opinions et d'idées sur la meilleure manière de réaliser l'intégration des réfugiés dont un grand nombre reste en marge de la société, souffre de discrimination et sert souvent de bouc émissaire pour tous les problèmes qui touchent l'Europe », a affirmé Olivier Beer, le représentant du HCR auprès des institutions européennes à Strasbourg.
« Il est important de rappeler aux Etats membres du Conseil de l'Europe que l'intégration est un processus à double sens qui nécessite une approche basée sur les droits de l'homme et que l'Europe doit faire davantage d'efforts en matière de réinstallation des réfugiés ».
Des experts gouvernementaux, des chercheurs indépendants, des universitaires et des diplomates originaires des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe ont participé à ce rassemblement lundi.
« Le Comité européen sur la migration du Conseil de l'Europe a fait des recommandations aux ministres européens en préconisant des interactions positives, visant à donner un sentiment d'appartenance aux migrants et aux réfugiés », a déclaré Maria Ochoa-Llidó, chef du service en charge de la cohésion sociale et de la migration au Conseil. « L'approche doit être positive et bénéficier à la fois à la personne et à la société d'accueil. Nous souhaitons permettre au migrant d'assumer son propre processus d'intégration ».
Emilie Wiinblad, haut fonctionnaire chargé des politiques au Bureau Europe du HCR, énonce certaines des difficultés : « La plupart des politiques gouvernementales sont conçues pour faciliter l'intégration de tous les migrants, mais ne tiennent pas compte du fait que les réfugiés ont des besoins spécifiques ».
Elle note, par exemple, que les réfugiés sont censés se tourner vers l'Etat pour obtenir de l'aide, mais que pour de nombreux réfugiés l'Etat n'a pas été une source d'aide ou de compassion dans leur propre pays. « Ils ont perdu toute confiance dans le gouvernement et ils doivent apprendre à refaire confiance à l'Etat. Une autre différence essentielle tient au fait que les réfugiés, contrairement aux migrants, n'ont pas la possibilité de rentrer chez eux si les difficultés d'intégration dans leur nouveau pays s'avèrent trop importantes ».
Nancy Polutan, administrateur régional chargé de l'intégration au bureau du HCR à Budapest, fait remarquer que l'intégration comporte plusieurs dimensions : « La dimension juridique, notamment un statut juridique stable ; la dimension socioéconomique, qui inclut le logement, l'emploi, l'éducation et la santé ; et la dimension socioculturelle, qui inclut l'acquisition de la langue, la pleine participation à la société, etc. ».
Afin de permettre aux autorités nationales et aux autres intervenants concernés de mesurer leurs politiques par rapport à certains critères sur lesquels ils se sont mis d'accord, le HCR a conçu un système d'évaluation analytique en ligne qui les aide à évaluer de manière qualitative les différentes dimensions de l'intégration. Le HCR travaille avec plusieurs pays d'Europe centrale pour développer et utiliser cet outil d'évaluation de l'intégration.
Si pour de nombreux réfugiés le retour librement consenti ou l'intégration dans leur pays d'asile offre les meilleures solutions durables, pour certains la réinstallation dans un pays qui a donné son accord pour les admettre est la seule solution viable. Il existe cependant un immense fossé entre les besoins et les capacités de réinstallation. L'Union européenne, par exemple, ne fournit actuellement que 7,5% de toutes les places de réinstallation dans le monde. Un programme plus important de réinstallation à l'échelle de l'Union européenne fournirait des solutions aux réfugiés tout en manifestant une solidarité avec les grands pays d'accueil de réfugiés dans le monde en développement.
Parmi certaines initiatives récentes pilotées par le HCR en Europe, il existe un projet de coopération en matière de réinstallation dans l'UE, axé sur l'accueil et l'intégration des réfugiés réinstallés. « L'accueil et l'intégration à l'échelon municipal sont essentiels pour le succès de l'intégration des réfugiés réinstallés et le HCR encourage les municipalités des pays européens à échanger des informations sur les bonnes pratiques dans ce domaine », affirme Johannes van Gemund, fonctionnaire chargé des politiques au Bureau Europe du HCR.
Par William Spindler à Strasbourg, France