Survie difficile pour les réfugiés soudanais ; renouveau des violences en RCA
Survie difficile pour les réfugiés soudanais ; renouveau des violences en RCA
BAMBARI, République centrafricaine, 17 novembre (HCR) - À tout juste 16 ans, Ache est déjà mariée. La jeune fille, originaire de la région du Darfour au Soudan, a dû surmonter de nombreux obstacles pour tenter de réaliser son rêve de terminer ses études.
À présent, même si elle a terminé l'école primaire en août dernier, les groupes armés dans la ville centrafricaine de Bambari menacent une fois de plus l'avenir des réfugiés. « La violence et les combats qui sévissent dans toute la région sont de nouveau à nos portes », explique-t-elle. « Avec cette menace qui pèse sur nos vies, comment pourrais-je continuer mes études? »
Deux années de conflit ont déraciné plus de 830 000 personnes en République centrafricaine, parmi lesquelles environ 430 000 qui ont fui vers les pays voisins. La guerre a également fait payer un lourd tribut aux 8 000 réfugiés et demandeurs d'asile présents en République centrafricaine, dont fait partie Ache, qui ont fui les combats faisant rage dans leur région d'origine au Darfour il y a sept ans.
Comme 1 900 autres exilés principalement originaires du Soudan, elle vit à présent avec sa famille dans le camp de réfugiés de Pladama Ouaka près de Bambari. Mais elle fait face à de nouveaux dangers à cause de sa langue et de sa confession musulmane.
La jeune étudiante prometteuse avait neuf ans lorsque son combat a commencé au Darfour. « J'étais à la maison en train de jouer, lorsque j'ai entendu des explosions », se souvient-elle. « J'étais terrifiée et j'ai commencé à courir, avec mon frère sur le dos, pour aller rejoindre notre mère dans les champs. Les soldats approchaient tellement vite que nous n'avons pas eu le temps d'emporter quoi que ce soit ».
Démunis, souffrant de la faim et de la soif, Ache et sa famille ont rejoint le reste de leur village pour une marche de cinq jours vers l'extrême nord-est de la République centrafricaine. Ils ont traversé la frontière et se sont installés dans la région de Sam Ouandja, avant d'être finalement transférés vers l'intérieur des terres dans le camp de Pladama Ouaka à la fin 2010.
La vie a été relativement calme pendant un moment. Ache s'est mariée à l'âge de 15 ans et, avec l'aide du HCR, les réfugiés ont commencé à entreprendre des activités génératrices de revenus, à cultiver les terres et à élever du bétail. Ils sont rapidement devenus autosuffisants et étaient considérés comme les plus grands producteurs de cultures dans la région de Bambari.
Les partenaires du HCR leur ont également fourni une aide médicale et se sont occupés de l'éducation des enfants. « J'ai pu continuer à fréquenter l'école et c'est comme ça que j'ai décidé que je voulais devenir professeur », explique fièrement Ache. « Mais à présent, j'ai peur de ce que l'avenir me réserve ».
Ces derniers mois, des hommes armés ont dressé des barricades sur les routes autour du camp, et ils ont commencé à exiger de l'argent aux réfugiés, les privant du peu qu'ils ont. En septembre, un réfugié a été kidnappé après avoir refusé de donner sa chèvre et à présent de nombreux Soudanais ont peur de quitter le camp pour aller s'occuper de leurs cultures ou pour se rendre aux marchés locaux afin de vendre et acheter des produits.
L'exercice de leurs droits religieux est également menacé. « Des gens nous accusant de prendre parti pour leurs ennemis sont venus un jour pour vérifier si nous avions caché des armes dans notre mosquée », se souvient Adam Abdoulaye Moussa, un imam de 70 ans. « Bien sûr, ils n'ont rien trouvé, mais ils ont continué à nous menacer. Cela fait cinq mois que je n'ai plus quitté le camp pour me rendre dans la ville voisine ».
Mais les réfugiés ne sont pas seuls dans leur lutte pour la survie. Le HCR participe actuellement à des pourparlers de médiation entre les réfugiés, la communauté d'accueil et les groupes armés. L'agence pour les réfugiés a également organisé un recensement dans le camp, dans le cadre d'efforts visant à définir les meilleures solutions pour les réfugiés. Entre-temps, l'aide continue à arriver à la communauté des réfugiés, soit directement, soit par l'intermédiaire de partenaires du HCR.
Pour sa part, l'imam Moussa prêche la patience et la tolérance à sa congrégation. « Les chrétiens et les musulmans peuvent vivre ensemble en harmonie, comme ils le faisaient avant le conflit », insiste-t-il, ajoutant que son seul souhait est une sécurité accrue - comme Ache, qui a hâte du jour où, dans un pays en paix, elle pourra accueillir d'autres filles réfugiées aux portes de l'école.
Par Aikaterini Kitidi à Bambari, en République centrafricaine