Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Selon les civils ayant fui Mogadiscio, la vie y est devenue « insupportable »

Articles et reportages

Selon les civils ayant fui Mogadiscio, la vie y est devenue « insupportable »

Les milliers de personnes qui ont afflué vers le district de Balcad au nord de Mogadiscio disent que la vie dans la capitale somalienne est devenue insupportable. Ils font partie de l'exode massif au cours duquel 100 000 personnes ont fui Mogadiscio depuis début février, dont 47 000 personnes qui ont fui au cours des deux dernières semaines.
3 Avril 2007 Egalement disponible ici :
Les déplacés utilisent tous les moyens de transport possibles pour quitter Mogadiscio. Cet homme a chargé ses possessions sur sa charrette tirée par un âne.

BALCAD, Somalie, 3 avril 2007 (UNHCR) - Les milliers de personnes qui ont afflué vers le district de Balcad au nord de Mogadiscio disent que la vie dans la capitale somalienne est devenue insupportable. Elles font partie de l'exode massif au cours duquel 100 000 civils ont fui Mogadiscio depuis début février, dont 47 000 personnes qui ont fui au cours des deux dernières semaines.

La plupart des civils déplacés se sont rendus dans les régions voisines de Shabelle Hoose (Bas Shabelle) et de Shabelle Dhexe (Moyenne Shabelle). Cet exode massif a été déclenché par les combats - y compris les intenses affrontements de la semaine dernière - qui opposent des insurgés et des milices locales au Gouvernement fédéral de transition soutenu par les Ethiopiens, ces derniers ayant repris Mogadiscio à l'Union des tribunaux islamiques en décembre dernier.

Plus de 17 000 des civils fuyant Mogadiscio se sont dirigés vers le district de Balcad dans la région de Moyenne Shabelle au mois de mars, selon des informations fournies par des organisations non gouvernementales somaliennes. Un employé de l'UNHCR qui s'est rendu lundi dans la ville de Balcad, située à environ 35 kilomètres au nord de Mogadiscio, rapporte que le district est relativement calme grâce à une administration locale stable.

Les nouveaux arrivants évoquent le chaos qui règne à Mogadiscio et les difficultés qu'ils ont rencontrées dans leur fuite. « Presque toutes les personnes ont dû abandonner leurs possessions dans la ville car elles n'ont pu emmener avec elles que ce qu'elles pouvaient porter. Certaines familles ont laissé leurs jeunes hommes à Mogadiscio pour qu'ils protègent leurs maisons », déclare l'employé de l'UNHCR à Balcad.

« Ces personnes ont l'air angoissées, malheureuses et désespérées. Tout ce qu'elles transportent sont de petits objets tels que des sacs en papier contenant quelques vêtements, des matelas et de maigres ustensiles de cuisine », explique-t-il, ajoutant que les personnes qui fuient la capitale lui ont expliqué que « la vie à Mogadiscio est devenue insupportable », et qu'elles n'y rentreraient pas tant que la sécurité ne serait pas revenue.

De nombreux Somaliens comparent la situation au déplacement massif de civils qui avait suivi la chute du régime de Siad Barré et l'éclatement d'une guerre civile en Somalie il y a plus de 15 ans. Les personnes qui fuient, principalement des femmes et des enfants, quittent la capitale instable à pied ou en voiture, en camion, en bus, en charrette tirée par un âne et même avec des brouettes. Certaines ont dû laisser derrière elles des proches malades ou âgés, qui n'auraient pas pu les suivre.

Les nouveaux arrivants rapportent que le coût des moyens de transport a explosé, et qu'ils ont dû franchir tout le long de la route des barrages routiers illégaux. Le coût du voyage entre Mogadiscio et Balcad a triplé, passant de 10,000 à 30,000 shillings somaliens (7,5 à 22,5 dollars).

Les personnes déplacées ont expliqué à UNHCR que les « chauffeurs de tous les véhicules doivent donner de l'argent aux milices [à chaque barrages routiers] pour garantir leur sécurité et celle de leurs passagers », ajoutant que « d'autres barrages routiers ont apparemment été installés par des bandits pour attaquer les véhicules isolés qui roulent de nuit ».

Environ un quart de ceux qui arrivent à Balcad déclarent vouloir continuer leur route jusqu'aux villes de Jowhar et de Beleyt Weyn, à 100 kilomètres au nord de Mogadiscio. La plupart de ceux qui restent à Balcad sont hébergés par des parents, tandis que ceux qui n'ont ni famille ni membre de leur clan dans la ville tentent de trouver du travail pour survivre, certains proposant leurs services comme porteurs sur le marché.

UNHCR dispose de produits de base tels que des bâches en plastique pour les abris, des matelas et des jerrycans qui permettraient de venir en aide à près de 5 000 familles et qui sont entreposés dans un entrepôt commun avec l'UNICEF à Mogadiscio. Or cet entrepôt est situé dans une zone actuellement inaccessible. Dès que la situation se sera stabilisée, l'UNHCR prévoit de distribuer ces matériels aux personnes déplacées dans les provinces des Shabelle.

Les prix ont explosé dans les Shabelle depuis le déclenchement de l'exode hors de Mogadiscio, ce qui rend la vie encore plus difficile pour les personnes déplacées comme pour les résidents des zones où elles affluent. Les loyers ont été multipliés par cinq, tandis que le prix de produits alimentaires de base tels que le sucre, le riz et la farine ont fortement augmenté depuis quelques jours, rapporte l'employé de l'UNHCR.

De plus, l'eau potable manque car la ville de Balcad ne dispose que d'un seul puits en état de marche. Plus de 40 pour cent des personnes déplacées ne peuvent pas payer les prix élevés que réclament les vendeurs et sont forcées de boire l'eau contaminée de la rivière, ce qui crée un risque d'épidémie de diarrhée ou de choléra dans un district qui ne compte pratiquement aucune infrastructure médicale. Les pharmacies privées ont augmenté les prix des médicaments de 50 pour cent. L'augmentation de tous les prix touche aussi durement les personnes déplacées que la communauté locale.

Les mêmes problèmes se posent dans le Bas Shabelle, où les nouveaux arrivants n'arrivent pratiquement plus à trouver un abri en raison de loyers hors de prix. Les personnes déplacées qui n'ont pas de famille ni de membres de leur clan sur place vivent sous les arbres ou sur la route en plein air, et elles tombent malades en raison des nuits froides. Ne disposant ni d'abri, d'eau, de nourriture ou de latrines, la plupart en sont réduites à mendier pour survivre.

Plus au sud, celles qui sont arrivées dans le port de Kismayo ont été reçues froidement par la population locale, qui les oblige apparemment à payer s'ils veulent s'installer à l'ombre des arbres. Des faits similaires ont été rapportés dans le Bas Shabelle.

Des rapports non confirmés indiquent également que 2 000 personnes récemment déplacées sont arrivées à Dobley, petite ville somalienne à la frontière kényane, qui fait face à la ville kényane de Liboi, et qui constitue l'un des points d'entrée officiels de la frontière entre les deux pays. La frontière reste fermée aux réfugiés et aux demandeurs d'asile depuis le 3 janvier dernier.

Par Catherine Weibel et une employée d'UNHCR à Nairobi, Kenya et à Balcad, Somalie