Rapatriement de réfugiés libériens bloqués par le conflit en Côte d'Ivoire
Rapatriement de réfugiés libériens bloqués par le conflit en Côte d'Ivoire
MONROVIA, Libéria, 27 mai (HCR) - Le retour dans leur pays marque pour plus de 200 réfugiés libériens la fin d'un calvaire de plusieurs mois dans une Côte d'Ivoire déchirée par le conflit. Le HCR a repris cette semaine les rapatriements par avion vers le Libéria.
Ils faisaient partie des centaines de réfugiés libériens qui avaient rejoint l'enceinte de la représentation du HCR en Côte d'Ivoire en décembre, suite à l'éruption des violences post-électorales en Côte d'Ivoire. Les réfugiés étaient précédemment bien intégrés dans leur pays hôte. Mais ils ont été ensuite pris pour cible suite aux allégations selon lesquelles des mercenaires libériens combattaient pour le compte de l'ex-Président Laurent Gbagbo dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.
Plus tôt cette année, alors que les combats s'intensifiaient à travers Abidjan, les réfugiés ont demandé au HCR de les rapatrier au Libéria. Un groupe avait été transporté par avion en mars avant la suspension temporaire de l'opération à cause de la montée des violences.
Margaret, âgée de 26 ans, a dit à son mari « de fuir au Ghana » lorsque les hommes libériens étaient recherchés. Elle s'est rappelée son expérience dans l'enceinte surpeuplée du bureau du HCR à Abidjan : « J'étais enceinte, la situation était très difficile pour moi durant les combats à Abidjan. Les balles sifflaient au-dessus de nos têtes et nous dormions en plein air dans l'enceinte. Là où je me trouvais, les balles ont tué deux personnes. Je suis même tombée. Il n'y avait ni nourriture, ni eau, rien. C'était aussi très dangereux d'accéder aux services médicaux. »
Par un lent retour au calme en Côte d'Ivoire, le HCR a repris l'opération de rapatriement par avance en début de cette semaine. Margaret, qui a donné naissance à son bébé il y a deux semaines, se trouvait dans l'un des deux avions de retour vers son pays. « Cela n'a pas été facile, mais grâce à Dieu, je suis maintenant de retour dans mon pays », a-t-elle indiqué après son arrivée à l'aéroport international Roberts près de Monrovia, la capitale libérienne, où les rapatriés ont été contrôlés par les personnels d'immigration et de sécurité.
Quelque 434 réfugiés libériens ont bénéficié cette année d'une aide au retour vers leur pays à partir d'Abidjan. La plupart des rapatriés de cette semaine étaient de retour dans leur pays pour la première fois depuis près de 20 ans. Certains d'entre eux sont nés en exil et parlent mieux le français que l'anglais, la langue officielle du Libéria. A leur arrivée au Libéria, le HCR leur a fourni des allocations de rapatriement volontaire, comprenant notamment la prise en charge des frais de transport vers leur destination finale.
L'une des plus jeunes rapatriées a également eu la surprise d'un cadeau de bienvenue. Peu après avoir atterri à l'aéroport international Roberts, Mekape Tonan, âgée de 16 ans, a été amenée d'urgence à l'hôpital le plus proche, où elle a donné naissance à un petit garçon. Le HCR les aide, elle et sa famille, en prenant en charge les factures médicales, l'hébergement et en fournissant une modeste allocation de subsistance avant le retour dans leur village dans le comté de Nimba à l'est du Libéria.
Depuis 2004, le HCR a aidé, en Afrique de l'Ouest, plus de 170 000 réfugiés libériens à rentrer dans leur pays. Le HCR apporte un soutien aux communautés de rapatriés libériens avec la réhabilitation d'écoles, de routes et de dispensaires ainsi que des équipements pour la distribution d'eau et les installations sanitaires. L'agence apporte également une aide pour que ces personnes deviennent autonomes grâce à des projets générateurs de revenus à travers le pays.
A Abidjan, d'autres réfugiés libériens se trouvent toujours dans l'enceinte de la représentation du HCR et ils n'ont pas encore décidé de rentrer. Toutefois, de nouveaux groupes se renseignent auprès du HCR pour en savoir plus sur le programme de retour.
Bien que la guerre au Libéria se soit terminée en 2003, on compte toujours quelque 24 000 réfugiés libériens en Côte d'Ivoire. Ils vivent principalement dans les villes de Tabou et Guiglo, à l'ouest et au sud-ouest du pays.
Par Sulaiman Momodu à Monrovia et Fatoumata Lejeune-Kaba à Genève