Questions/Réponses : Un ingénieur béninois volontaire pour le HCR au Burundi
Questions/Réponses : Un ingénieur béninois volontaire pour le HCR au Burundi
MUYINGA, Burundi, 9 janvier (UNHCR) - Chaque année, des centaines de personnes travaillant dans le cadre du programme des Volontaires des Nations Unies (VNU) sont affectées à des missions menées par le HCR. Anicet Adjahossou en est un exemple typique. Il a travaillé dans le secteur de la construction en Afrique de l'Ouest pendant plusieurs années, avant de décider de diversifier son expérience. L'année dernière, ce Béninois âgé de 32 ans a rejoint le programme des Volontaires des Nations Unies et il a été envoyé au Burundi pour travailler pour le HCR, où 10 VNU travaillent aussi pour l'agence. Anicet Adjahossou est basé dans le bureau auxiliaire de Muyinga, où il aide des réfugiés de la République démocratique du Congo voisine, ainsi que les rapatriés burundais de retour dans leur pays depuis la Tanzanie. Il s'est récemment entretenu avec Andreas Kirchhof, chargé des relations extérieures du HCR.
Pourquoi êtes-vous devenu un volontaire ?
Je voulais en savoir plus sur le travail humanitaire. Avant, j'avais travaillé pendant quelques années dans le secteur privé, à la fois pour des clients privés et pour l'industrie. Je travaillais plus particulièrement dans les secteurs de la construction, de la distribution d'eau et de l'assainissement. Je me disais qu'il y a aussi un aspect social au travail d'un ingénieur, que les compétences en ingénierie pourraient servir des personnes dans le besoin, comme ceux qui n'ont pas de logement décent.
J'avais aussi développé un intérêt durant ma carrière pour l'utilisation de matériaux locaux peu coûteux, y compris du bois et de la terre. C'est quelque chose qui m'intéresse dans le cadre du travail au HCR.
Parlez-nous de votre travail au HCR
Il y a deux camps hébergeant des réfugiés congolais dans les environs. Je coordonne tous les projets de construction pour ces deux camps, y compris des maisons, des salles de classe, des points de distribution d'eau et des latrines. Je suis aussi responsable pour un projet de réintégration en faveur des rapatriés burundais. Nous leur donnons des matériaux de construction pour construire des petites maisons. En 2008, avec l'aide de deux assistants de terrain, j'ai aidé 5 300 familles vulnérables de retour au Burundi à trouver un logement. Cela signifie que plus de 26 000 personnes vivent maintenant dans de meilleures conditions. Nous avons aussi un projet de reforestation, visant à remplacer les arbres abattus pour construire des abris. Nous avons aussi commencé à construire un système de drainage et à planter des plantes spécifiques pour empêcher la dégradation des sols aux alentours des camps.
Votre travail au HCR ressemble-t-il à celui que vous aviez en Afrique de l'Ouest ?
Mon travail actuel est très différent. Avant, je travaillais dans un bureau. Je participais davantage à la conceptualisation et à la création des plans, aux calculs et au contrôle dans les sites de construction. Dans mon ancien emploi, le travail se concentrait davantage sur les demandes d'un client et sur son confort. Ici, nous avons besoin de nous mettre davantage à la place des personnes pour lesquelles nous travaillons. Et nous pouvons rendre des gens heureux avec le peu de moyens dont nous disposons.
Etes-vous en contact avec les réfugiés et les rapatriés ?
Oui, nous passons beaucoup de temps sur le terrain. Nous essayons de nous concentrer sur les cas les plus vulnérables. Par exemple, une femme qui a perdu son mari ou une personne âgée qui est trop faible pour prendre soin d'elle-même. Nous avons récemment rendu visite à une femme rapatriée. Il pleuvait et l'eau s'infiltrait dans son abri. Il était difficile pour nous de l'aider car le programme pour cette année avait déjà commencé et tous les bénéficiaires de maisons avaient été sélectionnés, mais nous avons finalement réussi à l'inclure dans le programme.
Comment votre travail s'intègre-t-il dans le travail global du HCR ?
Le HCR est une agence assurant la protection. Toutes les activités du HCR devraient suivre cette logique, et cela s'applique aussi à l'ingénierie. Depuis le tout début, le HCR aide les réfugiés. Les maisons sont construites dans le cadre de notre programme, les latrines, c'est une contribution immédiate au bien-être des réfugiés.... Le programme d'abri est l'une des choses qui réassure les réfugiés et les rapatriés, car cela leur donne la sécurité.
Cette ville est vraiment isolée. Est-ce difficile de vivre ici ?
Oui, c'est difficile, mais je le savais quand j'ai accepté ce travail. Au début, le stress était énorme et je me sentais seul, mais les choses sont devenues plus faciles. J'avais déjà travaillé dans d'autres pays africains - le Mali et le Burkina Faso - et je connaissais ce type de situation.
Muyinga est un lieu vraiment isolé, mais si vous voulez travailler avec passion, alors c'est vraiment bien. C'est calme, ce qui aide à la réflexion et à la créativité. Vous n'avez pas beaucoup de contraintes - et pas beaucoup d'autres choses à faire. La première ville importante est vraiment éloignée. Mais je passe trois jours par semaine sur la route, pour rencontrer nos partenaires et pour parler avec des réfugiés et des rapatriés. Cela diffère vraiment par rapport au travail dans une ville et dans un bureau. Ici, vous êtes connecté avec la réalité et vous avez vraiment une perspective différente.
Quelles sont les qualités requises pour devenir un Volontaire ?
On doit avoir un esprit ouvert, une grande capacité d'adaptation, un peu de courage et un caractère équilibré. Vous travaillez avec des personnes de cultures différentes et vous devez vous entendre avec eux. Et enfin, la dernière caractéristique, qui est la plus importante, c'est le professionnalisme.