Quelque 2 000 personnes fuient Tripoli par bateau vers l'Italie et Malte
Quelque 2 000 personnes fuient Tripoli par bateau vers l'Italie et Malte
GENEVE, 29 mars (HCR) - Pour la première fois depuis que le conflit a éclaté en Libye à la mi-février, des centaines de personnes ont fui Tripoli par bateau pour traverser la mer Méditerranée vers l'Italie et Malte ces derniers jours.
« Cinq bateaux sont arrivés en Italie depuis samedi soir, avec 1 484 personnes à leur bord. Deux bateaux sont arrivés hier à Malte avec 535 passagers », a indiqué Melissa Fleming, la porte-parole du HCR, aux journalistes à Genève mardi. Un troisième bateau est arrivé à Malte vers midi avec 250 personnes à bord.
« La plupart sont Erythréens et Somaliens, dont un grand nombre de femmes et d'enfants, mais il y a aussi des Ethiopiens, des Soudanais et d'autres nationalités. A ce jour, les Libyens ne semblent pas faire partie de ceux qui arrivent dans ces deux pays », a déclaré Melissa Fleming.
Les passagers du premier bateau ont débarqué sur la minuscule île de Linosa, à quelque 50 kilomètres au nord-est du territoire le plus septentrional de l'Italie, l'île de Lampedusa. Deux autres bateaux sont arrivés en Italie dimanche et les passagers ont également débarqué sur Linosa avant d'être transférés en ferry vers la Sicile. Deux autres bateaux sont arrivés tôt ce matin, l'un en Sicile et l'autre à Lampedusa.
Une femme a accouché en mer alors qu'elle attendait les secours, tandis que deux autres ont fait des fausses couches pendant cette terrible épreuve en mer ou après avoir débarqué sur Linosa. La plupart des nouveaux arrivants ont dormi en plein air ce weekend avant d'être transférés vers des centres d'accueil en Sicile.
Melissa Fleming a déclaré que le HCR discutait de plans d'intervention d'urgence avec les autorités italiennes et maltaises ainsi que la Croix-Rouge, car d'autres personnes pourraient arriver depuis la Libye. Des informations non confirmées ont révélé mardi l'existence d'un certain nombre de bateaux en détresse en Méditerranée avec, à leur bord, d'autres personnes fuyant la Libye.
La capacité d'accueil de Lampedusa est déjà dépassée, suite à l'arrivée de milliers de Tunisiens ces dernières semaines. Quelque 19 000 Tunisiens, essentiellement des jeunes hommes à la recherche d'un emploi en Europe, sont arrivés à Lampedusa depuis mi-janvier. Tandis que 13 000 d'entre eux ont déjà été transférés dans des centres d'accueil en Sicile et sur le continent italien, plus de 6 000 migrants tunisiens sont encore là, soit un nombre supérieur à la population locale comptant environ 5 000 habitants.
Le flux continu de Tunisiens, dont la plupart ne sont pas à la recherche d'une protection internationale, exerce une pression importante sur la capacité de l'Italie de répondre à l'arrivée de demandeurs d'asile et de réfugiés fuyant la violence en Libye. Le HCR appelle les institutions de l'Union européenne et les Etats membres à aider l'Italie à faire face à ces nouveaux défis.
« Le HCR est reconnaissant à l'Italie et à Malte d'accueillir les nouveaux arrivants en provenance de Libye et recommande vivement aux autres pays de l'Union européenne de manifester leur solidarité avec ces deux pays situés en première ligne », a déclaré Melissa Fleming.
Pendant ce temps, des personnes qui se trouvaient dans l'est de la Libye ce weekend ont affirmé avoir vu des milliers de familles déracinées par le conflit et s'abritant dans des abris de fortune construits avec des couvertures et des bâtons dans le désert à l'ouest et au sud d'Ajdabiya, une ville de nouveau sous le contrôle des forces anti-gouvernementales.
Le long de la route principale entre Tobrouk et Ajdabiya, ils ont vu des personnes ayant trouvé abri dans trois installations. Jusqu'il y a quelques jours, la route était coupée par les forces fidèles au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et les approvisionnements n'arrivaient que sporadiquement depuis Tobrouk. Dans cette ville, des centaines de personnes sont hébergées dans des familles d'accueil.
Des personnes ayant trouvé abri dans l'une des installations entre Tobrouk et Ajdabiya ont affirmé que la situation était tenable mais qu'elles manquaient de latrines, d'eau potable, de médicaments et d'autres réserves vitales comme le lait pour bébés. Des habitants de Tobrouk leur auraient apporté de l'eau et de la nourriture en camionnette et en voiture, mais le trajet est long.
Les visiteurs, qui ont ensuite poursuivi leur route vers l'Egypte, ont également rencontré plusieurs enfants qui avaient été séparés de leurs familles lors de leur fuite d'Ajdabiya après l'attaque de cette ville par les troupes gouvernementales mi-mars.