L'Islande accueille chaleureusement des réfugiés sud-américains
L'Islande accueille chaleureusement des réfugiés sud-américains
STOCKHOLM, Suède, 4 janvier (UNHCR) - Les femmes colombiennes ont toutes été affectées personnellement par le conflit, qui dure depuis plusieurs dizaines d'années et qui oppose le gouvernement et des groupes armés irréguliers.
« Les groupes voulaient recruter mon fils âgé de 17 ans », a expliqué Marta, une réfugiée colombienne, qui vit maintenant en sécurité à Reykjavik, la capitale islandaise, où elle a été jointe par téléphone. « Nous avions déjà fui deux fois, la première fois dans le village de ma mère et ensuite plus loin en Equateur, mais ils ont réussi à nous retrouver et ils ont menacé de prendre mon fils et de me tuer car je le cachais. Nous avions tous très peur », a-t-elle ajouté.
Marta est l'une des huit femmes colombiennes, toutes mères célibataires avec des enfants, qui ont été récemment réinstallées en Islande avec l'aide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. L'UNHCR a considéré que ce groupe de 30 personnes devait être réinstallé d'urgence ; certaines des femmes avaient même quitté leurs maris qui voulaient que leurs fils aident les groupes armés.
L'Islande, un pays nordique recouvert de glaciers et aussi de geysers, présente la densité de population la plus basse en Europe. Quelque 247 réfugiés ont été réinstallés via l'UNHCR depuis 1996, dont environ 130 sont originaires de Colombie. Durant ces dernières années, l'Islande s'est concentrée sur la réinstallation de femmes célibataires et de mères seules avec des enfants.
« Elever seule ses enfants est tout à fait normal et habituel en Islande, et la société est bien préparée pour aider les mères célibataires », a expliqué Atli Thorstensen, chef de projet pour les réfugiés et les demandeurs d'asile à la Croix-Rouge islandaise. « Par conséquent, l'Islande a accepté avec joie la demande de l'UNHCR que le pays se concentre sur la réinstallation des femmes vulnérables. »
Pour Marta et les autres, l'arrivée en Islande a été un plongeon vers l'inconnu. « Je ne savais rien de l'Islande. Je ne savais même pas qu'un tel pays pouvait exister », a expliqué Marta. « La Croix-Rouge nous avait montré un film, et j'ai été surprise de découvrir à quel point la peau des Islandais est blanche. J'avais peur qu'ils nous trouvent laids. »
En fait, elle se souvient que l'accueil a été des plus chaleureux. L'Islande a un programme d'intégration bien rodé pour les réfugiés réinstallés. Les nouveaux arrivants reçoivent un logement à Reykjavik, où ils vivent après leur arrivée. Les premiers mois, entre six et douze mois après l'arrivée, sont dédiés à l'apprentissage de la langue et à l'adaptation à leur nouvel environnement.
Les réfugiés reçoivent une formation professionnelle et une aide pour trouver un emploi, après avoir fini le programme d'intégration. Trouver un travail n'est pas un problème majeur en Islande, où le taux de chômage s'élevant à moins d'un pour cent signifie une forte demande d'employés.
La Croix-Rouge mène aussi des programmes volontaires, dans le cadre desquels plusieurs familles islandaises accompagnent une famille de réfugiés, afin de les aider au quotidien dans leurs démarches et de leur créer un réseau de connaissances.
Marta est tout spécialement reconnaissante des nouvelles perspectives offertes à ses enfants. « Nous avons une maison merveilleuse ici. Les enfants peuvent aller à l'école, ce qui n'aurait pas été possible en Colombie, et ils peuvent même jouer au football et aller nager. Je n'aurais jamais pu leur faire profiter de tant d'opportunités dans notre pays. »
Durant ces froides journées hivernales, alors que le soleil n'apparaît que trois ou quatre heures par jour, Marta attend avec impatience les mois de juillet et août, la période des longues journées de lumière ininterrompue. « C'est très étrange, avec la neige et le manque de lumière, nous attendons impatiemment le soleil de minuit. Ce sont vraiment des expériences extraordinaires que nous n'avions jamais vécues auparavant. »
Bien que sa mère et son pays natal lui manquent, le sentiment de sécurité est ce que Marta estime de plus précieux en Islande. « Nous nous sentons en sécurité ici », a-t-elle dit. « Nous pouvons aller dormir sans avoir peur, et c'est cela qui compte vraiment. »
Par Mira Banerjee et Kiki Rodriguez Norman à Stockholm, Suède