Les Tampa Boys sauvés par un cargo norvégien deviennent citoyens néo-zélandais
Les Tampa Boys sauvés par un cargo norvégien deviennent citoyens néo-zélandais
MANUKAU CITY, Nouvelle-Zélande, 8 avril (UNHCR) - Azizoullah Moussa avait seulement 14 ans lorsque, pressé par sa famille, il quitta l'Afghanistan pour échapper au conflit taliban. Ce fut le départ d'un voyage périlleux à la recherche d'un endroit plus sûr pour vivre. Aujourd'hui, à 17 ans, il est un des 76 anciens réfugiés sauvés en 2001 au large des côtes australiennes par le cargo norvégien MV Tampa à avoir reçu la nationalité néo-zélandaise.
Azizoullah était le plus jeune des 37 adolescents non accompagnés - qui avaient à l'époque entre 14 et 18 ans - parmi les 433 demandeurs d'asile sauvés par le MV Tampa lors du naufrage d'un navire de pêche dans l'océan Indien.
« Lorsque notre bateau, parti d'Indonésie, a commencé à couler, nous étions désespérés. Nous pensions que nous allions mourir. Et puis nous sommes montés à bord du Tampa. C'était comme si on nous accordait une nouvelle vie. Dieu m'a donné une nouvelle vie : Je me rends compte que je dois être différent de la personne que j'étais en Afghanistan, que je dois saisir ma chance et tenter d'être quelqu'un de bien », raconte Azizoullah.
Les adolescents furent surnommés avec affection les Tampa Boys par les agents qui s'occupèrent d'eux lorsqu'ils furent acceptés comme réfugiés par la Nouvelle-Zélande.
Azizoullah, en avant-dernière année de lycée, est enthousiaste et heureux de recevoir la citoyenneté lors une cérémonie à Manukau City en présence du Premier Ministre néo-zélandais, Helen Clark. Pour lui, cette cérémonie ressemble à une remise de diplôme.
« J'ai attendu ce jour pendant trois ans. Maintenant, je me considère vraiment comme un Kiwi », dit-il.
Le Premier Ministre néo-zélandais, Helen Clark, a déclaré que les réfugiés du Tampa avaient prouvé leur dévouement au pays depuis leur arrivée.
« Aujourd'hui, ils peuvent être fiers de leur citoyenneté néo-zélandaise », dit-elle, en admirant la facilité avec laquelle ils s'étaient adaptés à leur nouveau pays.
« J'ai suivi le chemin des Tampa Boys depuis trois ans et demi. J'ai vu et entendu comment ils ont adopté les moeurs néo-zélandaises, en allant à l'école, en continuant leurs études, en travaillant, en formant leur propre équipe de football qui a beaucoup de succès et en changeant même de slogans lorsqu'il s'agit de soutenir les All Blacks ! » Les All Blacks, c'est la très célèbre équipe nationale de rugby de la Nouvelle-Zélande.
« La cérémonie d'aujourd'hui représente une charnière dans la vie de ces nouveaux jeunes Néo-Zélandais. Ils participent déjà de façon positive à la vie néo-zélandaise, et leur présence ici a enrichi nos vies », ajouta Madame Clark.
Le ministre néo-zélandais de l'Intérieur, George Hawkins, a déclaré que recevoir la nationalité néo-zélandaise était un privilège que les candidats obtenaient en prouvant leur attachement au pays.
« Les Tampa Boys l'ont fait, et ils ont également apporté une perspective unique de la Nouvelle-Zélande grâce à leur propre culture et à leurs traditions », déclara Monsieur Hawkins.
Azizoullah partage ce sentiment. « A l'école, je dois travailler dur, être quelqu'un de bien et communiquer avec les gens. Je veux connaître différentes cultures et les héritages d'autres peuples, mais je veux également garder ma culture vivante », dit-il.
En février 2004, Azizoullah a retrouvé ses parents et ses 7 frères et soeurs grâce au quota annuel de 750 réfugiés accueillis par la Nouvelle-Zélande. La plupart des Tampa Boys ont ainsi retrouvé leur famille.
Le délégué régional du UNHCR, Neill Wright, a félicité les Tampa Boys et leurs familles pour leur naturalisation.
« Cette occasion représente le point de départ de leur nouvelle vie de citoyens productifs de la Nouvelle-Zélande. Tout le monde reconnaît qu'ils ont adopté leur nouvelle patrie avec enthousiasme et qu'ils sont prêts à profiter au maximum des opportunités qui s'offrent à eux », déclara M. Wright.
« Je remercie également le gouvernement néo-zélandais pour avoir permis aux réfugiés de faire de la Nouvelle-Zélande leur nouvelle patrie, pour les avoir aidés à retrouver leur famille et pour l'excellente assistance qu'ils ont reçue pour s'adapter à leur nouveau pays », ajouta-t-il.
En s'installant en Nouvelle-Zélande, la vie d'Azizoullah est devenue « de plus en plus belle », et il apprend de nouvelles choses chaque jour. La liberté et le fait d'avoir retrouvé sa famille sont les deux choses qu'il chérit le plus.
« La liberté, c'est avoir une instruction et des opportunités. Mais c'est aussi conduire une voiture, être indépendant, et être soi-même, tout simplement », dit-il.
Azizoullah, qui se trouve en avant-dernière année du lycée, voudrait devenir journaliste ou faire une carrière scientifique. Pour le moment, cependant, il profite de toutes les opportunités qui s'offrent à lui. Il se réjouit de recevoir un passeport néo-zélandais grâce auquel il pourra voyager plus facilement à travers le monde. En juillet, il se rendra aux Etats-Unis pour participer avec deux autres réfugiés afghans du Tampa à une conférence sur le leadership des jeunes.
Les candidats à la citoyenneté néo-zélandaise doivent, entre autres, avoir résidé pendant trois ans de façon permanente en Nouvelle-Zélande et satisfaire à des critères de bonne conduite et de connaissance linguistique.
En tout, la Nouvelle-Zélande a reconnu 208 des rescapés du Tampa comme réfugiés, dont 131 en provenance directe du Tampa et 77 personnes supplémentaires qui, débarquées à Nauru, furent réinstallées en Nouvelle-Zélande lorsqu'elles obtinrent le statut de réfugiés. Le groupe de 76 personnes naturalisées aujourd'hui est le premier contingent des réfugiés du Tampa à satisfaire aux critères pour la naturalisation.