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Les réfugiés supplient António Guterres de renforcer la sécurité dans l'est du Tchad

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Les réfugiés supplient António Guterres de renforcer la sécurité dans l'est du Tchad

Désespérés, des milliers de réfugiés du Darfour et de Tchadiens déplacés dans le sud-est du Tchad, déchiré par le conflit, ont supplié le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés de leur assurer une meilleure protection contre la montée de la violence qui a déjà tué des centaines de personnes dans cette région ces dernières semaines.
22 Décembre 2006 Egalement disponible ici :
Le Haut Commissaire António Guterres salue des réfugiés dans le camp de Goz Amer, à l'est du Tchad.

CAMP DE REFUGIES DE GOZ AMER, Tchad, 22 décembre (UNHCR) - Désespérés, des milliers de réfugiés du Darfour et de Tchadiens déplacés dans le sud-est du Tchad, déchiré par le conflit, ont supplié le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés de leur assurer une meilleure protection contre la montée de la violence qui a déjà tué des centaines de personnes dans cette région ces dernières semaines.

Scandant « sécurité ou transfert », des réfugiés étaient alignés des deux côtés, sur un kilomètre, le long de la route poussiéreuse qui traverse le camp de réfugiés de Goz Amer près de la ville du sud-est de Koukou Angarana, vendredi matin lors de l'arrivée d'António Guterres. « S'il vous plaît, transférez-nous rapidement loin d'ici », avait écrit un homme sur une pancarte qu'il brandissait, hors du camp accueillant quelque 18 000 réfugiés du Darfour. Le camp de Goz Amer est localisé à l'extrême sud des 12 camps isolés à l'est du Tchad, hébergeant au total plus de 220 000 réfugiés du Darfour.

Depuis début novembre, quelque 70 villages dans le sud-est du Tchad ont été attaqués par des hommes armés à cheval utilisant les mêmes tactiques que les milices janjaweed tristement célèbres, juste de l'autre côté de la frontière dans la région du Darfour au Soudan. La dernière série d'attaques dans le sud-est a fait plus de 300 morts parmi les Tchadiens et a provoqué le déplacement de plus de 15 000 personnes, portant le nombre total de Tchadiens déplacés internes à 90 000 pour tout l'est du pays au cours de cette année.

Le week-end dernier, plus de 40 personnes ont été tuées lors d'attaques brutales sur plusieurs villages dans la région de Koukou Angarana qu'António Guterres a visités vendredi. Parmi les morts, on dénombre 10 réfugiés du Darfour du camp de Goz Amer et 13 Tchadiens qui avaient déjà fui leurs villages lors de précédentes attaques. Depuis, les militaires tchadiens ont pris position dans la région.

António Guterres, qui a plaidé pour une présence internationale multidisciplinaire élargie dans l'est du Tchad, a visité plusieurs villages récemment brûlés et pillés pour s'entretenir avec les autorités locales ainsi que des villageois et des réfugiés traumatisés.

« A la vue de ces villages - brûlés la semaine dernière et dénombrant 40 morts, et avec maintenant plus de 90 000 Tchadiens déplacés - on peut comprendre l'immense problème de sécurité », a dit António Guterres. « La communauté internationale se trouve face à une grande responsabilité, celle de créer un espace humanitaire de façon à ce que nous puissions continuer à travailler. Ne rien faire serait inacceptable. »

Parmi les personnes présentes au bord de la route pour supplier António Guterres, se trouvaient des femmes portant des paniers, des nécessaires de cuisine et des matelas ainsi que des hommes brandissant des panneaux et scandant leurs demandes pour une meilleure protection ou un transfert ailleurs au Tchad dans un lieu plus sécurisé.

« Nous ne voulons pas rester, nous voulons aller ailleurs », a crié un réfugié. « Nous ne voulons pas rester dans cette prison. Chaque jour, les janjaweed nous tuent. »

Lors de la visite du Haut Commissaire dans un village tchadien brûlé et pillé, un chef local a expliqué à António Guterres que les habitants voulaient rester sur leurs terres mais que cela devenait de plus en plus dangereux.

« Nous ne voulons pas être déplacés car ici la terre est fertile », a expliqué le sultan, appelant au dialogue entre les milices écumant la région et les propriétaires terriens. « Ici, les populations cohabitent depuis des siècles. »

António Guterres a aussi rencontré des Tchadiens déplacés à Habile, un camp de fortune qui accueille quelque 9 000 personnes, dont 5 000 d'entre elles ont été déplacées durant ces deux derniers mois. Habile a été attaqué samedi dernier, causant la mort de six personnes déplacées. Quelque 83 huttes ont été brûlées.

« Aujourd'hui, nous avons encore peur ; nous ne pouvons pas aller à plus de cinq kilomètres d'ici », a indiqué un chef de village déplacé à António Guterres. « Le problème crucial concerne la sécurité. Faites tout votre possible pour nous aider à restaurer la sécurité. Si vous ne pouvez pas assurer notre sécurité, vous devez nous transférer dans un autre endroit. Nous sommes de pauvres gens et nous n'avons pas les moyens de nous défendre. »

Le Haut Commissaire António Guterres salue des réfugiés dans le camp de Goz Amer, à l'est du Tchad.

Durant sa mission de deux jours au Tchad, António Guterres a examiné une proposition des autorités tchadiennes concernant le transfert des camps de réfugiés situés dans l'est à environ 500 à 600 kilomètres plus à l'intérieur du pays, loin de la région instable proche de la frontière avec le Darfour. Une équipe d'experts de l'UNHCR et du gouvernement ont visité les sites proposés la semaine dernière et préparent un rapport sur ce qu'il est possible et ce qu'il n'est pas possible de faire. Le transfert des réfugiés loin de la zone frontalière pourrait permettre d'améliorer la sécurité, mais une telle opération nécessiterait également la mise en place de conditions suffisantes tant pour l'environnement qu'au niveau des infrastructures pour accueillir plus de 200 000 personnes. Transférer une population si importante sur une telle distance de 500 kilomètres, prendrait aussi un temps considérable, d'importantes dépenses et ressources - tout cela doit être étudié avec précaution avant de prendre une décision.

L'UNHCR soutient de même les appels pour une sécurité renforcée dans l'est du Tchad pour les réfugiés, les civils tchadiens et le personnel humanitaire tentant de les aider. En août, la résolution 1706 du Conseil de sécurité des Nations Unies a appelé à la mise en place d'une présence multidisciplinaire comprenant des spécialistes des affaires politiques, du personnel humanitaire et militaire et des officiers de liaison de la police civile affectés dans des lieux critiques au Tchad, y compris dans les camps de personnes déplacées et de réfugiés. La semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations Unies a exprimé sa profonde préoccupation quant à la détérioration de la situation sécuritaire au Soudan et ses retombées au Tchad et en République centrafricaine. Le Conseil de sécurité a aussi indiqué qu'il attendait les recommandations portant sur l'amélioration de la sécurité dans l'est du Tchad.