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Les réfugiés rohingyas mènent la lutte contre les risques d'incendie dans les camps du Bangladesh

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Les réfugiés rohingyas mènent la lutte contre les risques d'incendie dans les camps du Bangladesh

Des réfugiés volontaires spécialement formés sont en première ligne pour lutter contre les fréquents incendies qui ravagent les camps pendant la saison sèche.
10 Juin 2022 Egalement disponible ici :

Un trou apparaît d'abord dans la bâche qui recouvre l'abri, puis des flammes et des volutes de fumée noire. En moins d'une minute, la bâche a complètement fondu, et toute la structure en bambou est en feu.


Pendant la saison sèche, qui dure de décembre à avril dans le sud du Bangladesh, les incendies comme celui-ci sont une menace omniprésente à Kutupalong - le gigantesque camp qui a vu le jour en août 2017 lorsque plus de 730 000 Rohingyas ont fui le Myanmar pour le Bangladesh en quelques semaines.

Le gouvernement du Bangladesh a accueilli les Rohingyas mais a veillé à garantir la nature temporaire des installations en imposant des restrictions sur les types de matériaux de construction que les réfugiés et les organismes d'aide peuvent utiliser. En conséquence, pratiquement tout à Kutapalong, des abris aux centres d'apprentissage en passant par les trottoirs, est fait de bambou et de bâches, tous deux hautement inflammables. En outre, ces camps sont parmi les endroits les plus densément peuplés au monde, avec très peu d'espace entre les abris pour faire office de coupe-feu naturel. En 2021, plus de 150 incendies ont été signalés, dont le plus important a tué au moins 15 personnes et réduit en cendres quelque 10 000 abris.

« Les résidents ont peur du feu. »

Heureusement, ce feu fait partie d'un exercice d'entraînement, et des réfugiés volontaires se tiennent prêts à l'éteindre, d'abord au moyen d'un tuyau relié à une sorte de petit camion de pompier à trois roues, puis avec des extincteurs. Ils utilisent des pompes à eau manuelles fixées sur leur dos pour éteindre les dernières braises.

« Les résidents ont peur du feu », explique Mohammed Yasin, 35 ans, l'un des volontaires participant à la formation. « Les incendies peuvent se déclarer à tout moment ; nous vivons toujours dans la peur. »

Les Bangladais et les réfugiés sont soumis à « l'un des calendriers les plus propices aux catastrophes », selon Mohamed Othman, qui dirige la réponse aux catastrophes pour le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, à Cox's Bazar. En effet, le risque d'incendie pendant la saison sèche est suivi par le risque d'inondations et de glissements de terrain pendant la saison des cyclones et de la mousson.

« La nature des constructions, le changement climatique, les menaces saisonnières - tous ces éléments augmentent les risques de situations d'urgence, c'est pourquoi nous nous concentrons sur la prévoyance et fournissons aux réfugiés les outils nécessaires pour réagir rapidement en cas d'incendie ou d'inondation », explique Mohamed Othman.

Les principaux intervenants dans ces situations d'urgence sont des réfugiés volontaires formés comme Yasin. « C'est l'une des rares opérations humanitaires dans le monde où les réfugiés sont à la tête de la réponse d'urgence », affirme Mohamed Othman. « Ils sont les premiers à réagir. Ils protègent leurs familles et leurs communautés. »

Les véhicules à trois roues, semblables aux « tomtoms » qui sont le principal moyen de transport dans cette partie du Bangladesh, sont un nouvel outil pour les pompiers volontaires. Ces petits véhicules sont mieux adaptés que les camions de pompiers traditionnels aux sentiers étroits qui sillonnent les camps. Cependant, certaines zones ne sont accessibles qu'à pied.

« Nous ne pouvons pas atteindre à temps tous les endroits où des incendies peuvent se déclarer », explique Yasin, qui travaille comme volontaire au sein de l'unité chargée de la sécurité depuis quatre ans, luttant contre les incendies pendant la saison sèche et faisant partie d'une équipe d'intervention en cas de cyclone pendant la saison des pluies. « Quand nous arrivons sur place, certains des abris ont parfois déjà été détruits. »

Daniel Graham, un spécialiste technique d'Helvetas - une organisation partenaire du HCR - qui supervise la formation, décrit les trois-roues comme faisant partie d'une intervention à plusieurs niveaux.

« Nous incendions quatre abris par jour pour la formation », explique-t-il, ajoutant qu'un total de 3500 volontaires seront formés à l'utilisation des petits véhicules de pompiers, dont deux ont été livrés à chacun des camps.

Chaque bloc d’habitations dans chacun des camps compte plusieurs volontaires comme Yasin qui sont équipés d'un extincteur, d'un casque et de bottes en caoutchouc.

Ces quartiers disposent également de postes de secours avec des seaux et du sable, mais jusqu'à présent, seuls sept des camps ont des réservoirs d'eau qui peuvent être utilisés par quiconque pour puiser de l'eau afin d'éteindre un incendie avant qu'il ne devienne incontrôlable.

Othman précise que le HCR et ses partenaires prévoient d'installer 50 réservoirs d'eau dans chaque camp. Jusqu'à présent, les autorités ont approuvé l'installation de 15 réservoirs par camp. « Nous espérons qu'après avoir installé ces réservoirs, nous serons autorisés à ajouter les 35 autres progressivement », ajoute-t-il.

Les volontaires, dont environ un tiers sont des femmes, sont formés à la façon d'éteindre un incendie en toute sécurité, ainsi qu'à la manière de démanteler rapidement les abris entourant celui qui brûle pour éviter que le feu ne se propage.

Lorsqu'on lui demande pourquoi il continue à se porter volontaire, malgré les risques, Yasin répond simplement : « Ces gens sont mes semblables, ils me sont très chers. Cela me procure un sentiment de bonheur de pouvoir leur sauver la vie, et ça me sauve aussi la mienne. »