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Les civils pris dans les combats en RDC racontent au HCR les atrocités subies

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Les civils pris dans les combats en RDC racontent au HCR les atrocités subies

Alors que les combats entre l'armée régulière et les forces rebelles se poursuivent dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), des milliers de personnes sont contraintes de s'enfuir de chez elles. Le HCR, en coopération avec d'autres agences humanitaires et des Nations Unies, oeuvre à l'amélioration des services de protection et d'assistance dispensés aux quelque 1,7 million de personnes déplacées à l'intérieur de la RDC.
10 Février 2006 Egalement disponible ici :
Quelques-uns parmi les milliers de réfugiés congolais ayant fui récemment la RDC reçoivent une assistance en Ouganda. La situation est pire pour ceux qui sont déplacés au sein même de la RDC, dans la province du Nord-Kivu en proie à des troubles.

KINSHASA, 10 février (UNHCR) - Alors que les combats entre l'armée régulière et les forces rebelles se poursuivent dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC), des milliers de personnes sont contraintes de s'enfuir de chez elles.

Vers le 20 janvier, et en l'espace de quelques jours, environ 20 000 personnes ont traversé la frontière avec l'Ouganda voisin. Si la plupart sont rentrées en RDC dans les jours suivants, environ 3 000 d'entre elles ont demandé l'asile à l'Ouganda et ont été transférées vers des sites permanents plus éloignés de la frontière.

Ce flot humain continue. Dans la nuit de mercredi, les autorités ougandaises ont informé l'UNHCR que quelque 2 000 Congolais venaient d'arriver dans le district frontalier de Kisoro, situé à environ 450 kilomètres au sud-ouest de Kampala. Ce groupe est rentré en RDC dès le lendemain matin. Il suit en cela un scénario qui se répète depuis plusieurs semaines : les gens viennent passer la nuit en Ouganda pour se mettre en sécurité et rentrent au Nord-Kivu pendant la journée.

En réalité, seule une petite partie de la population civile affectée par les combats traverse la frontière et des milliers de personnes sont déplacées à l'intérieur même du Nord-Kivu. L'équipe de l'UNHCR sur place indique que la zone de Kiberezi, qui a été le théâtre des combats les plus intenses, est maintenant pratiquement vidée de ses habitants. Sa population est passée d'environ 40 000 individus en temps normal, à 2 000 actuellement.

On estime à 30 000 environ le nombre de personnes qui se sont enfuies vers la ville de Kanyabayonga. Certains civils se cachent dans les collines et les forêts avoisinantes et tentent de survivre dans la brousse, privés d'abri, d'eau, de nourriture et sans la moindre possibilité de recevoir des secours. Leur sort inquiète tout particulièrement l'UNHCR et les autres organisations humanitaires présentes dans la région.

Quelques-uns parmi les milliers de réfugiés congolais ayant fui récemment la RDC reçoivent une assistance en Ouganda. La situation est pire pour ceux qui sont déplacés au sein même de la RDC, dans la province du Nord-Kivu en proie à des troubles.

« L'ampleur des violences et des abus auxquels sont confrontées les personnes déplacées dans le Nord-Kivu est considérable et profondément choquante », affirme Ralf Gruenert, délégué adjoint de l'UNHCR en RDC, actuellement en déplacement dans la province orientale.

« Les villageois qui sont rentrés à Kiberezi nous expliquent que ce qui leur fait le plus cruellement défaut, c'est la sécurité. Ils manquent aussi d'eau, de nourriture et d'abris. Ces gens, qui ont été forcés d'abandonner leurs maisons mais sont restés dans la région, sont beaucoup plus vulnérables que ceux qui sont parvenus à se réfugier en Ouganda. »

La situation dans la zone de Kiberezi est une tragédie humanitaire. Les déplacés rapportent les atrocités commises à l'encontre des civils, notamment les tueries, les pillages à grande échelle et de nombreux cas d'agressions sexuelles. Mercredi, un camion de l'UNHCR a évacué de Kiberezi sept femmes et enfants gravement malades pour qu'ils soient soignés à Kanyabayonga. Hier jeudi, le camion est reparti vers Kiberezi pour évacuer huit autres personnes, qui avaient besoin de soins médicaux, notamment une enfant de 13 ans victime d'un viol.

Bien que les personnes déplacées craignent que la violence et l'insécurité ne continuent, elles souhaitent retourner à Kiberezi, où au moins un peu de nourriture est disponible. Ce n'est pas le cas actuellement à Kanyabayonga, isolée dans la brousse.

Si la situation au Nord-Kivu est extrêmement inquiétante, d'autres régions de l'est de la RDC sont également affectées. Dans la province du Katanga, plus au sud, des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées à cause de la violence persistante. Il a aussi été fait état d'atrocités commises contre les civils, notamment des viols et des meurtres ainsi que des incendies de maisons.

« La sécurité est la clé de la protection des civils et de la fourniture d'une assistance humanitaire adéquate », a expliqué Ralf Gruenert. « Les agences chargées de la protection, dont l'UNHCR est chef de file avec la MONUC (Forces de maintien de la paix en RDC), mettent en avant ce problème avec tous les acteurs concernés et soulignent que le gouvernement a besoin de prendre ses responsabilités et de remplir son rôle de protection des civils. »

Au moins 1,7 million de personnes sont déplacées au sein de la RDC, la plupart d'entre elles dans l'est du pays. Dans le cadre du plan des Nations Unies pour renforcer la protection et l'assistance aux déplacés, l'UNHCR déploie des équipes vers les provinces de l'est, pour aider à la coordination du travail des agences des Nations Unies, des ONG et du gouvernement congolais en faveur des déplacés.

L'agence pour les réfugiés a déjà une équipe sur place pour la protection des déplacés au Sud-Kivu et au Katanga et renforcera sa présence dans la région avec des effectifs à Bunya, Ituri et Goma, dans la province du Nord-Kivu. Le délégué adjoint de l'UNHCR en RDC est actuellement au Nord-Kivu afin d'évaluer ce qui peut être fait, dans le cadre de cette approche interagences des Nations Unies, pour favoriser le respect des droits fondamentaux des déplacés.

Les Nations Unies ont attribué à l'UNHCR la responsabilité de la protection des déplacés internes, de la coordination et de la gestion des camps, ainsi que de l'hébergement d'urgence dans les situations de déplacement provoquées par les conflits. Dans cette perspective de coopération entre acteurs humanitaires, l'UNHCR travaille actuellement sur trois projets pilote concernant les déplacés en RDC, en Ouganda et au Libéria, où l'agence assume déjà un important rôle de protection.

Les millions de déplacés à travers le monde forment l'un des groupes les plus vulnérables en situations de guerre et de conflit car ils ne relèvent de la compétence d'aucune des institutions internationales.