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Les chemins sont nombreux pour rentrer en Afghanistan depuis l'Iran

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Les chemins sont nombreux pour rentrer en Afghanistan depuis l'Iran

Avec l'expulsion hors d'Iran de ressortissants afghans sans papiers, on assiste à deux autres mouvements de retour parallèles : le rapatriement volontaire et assisté par l'UNHCR de réfugiés afghans enregistrés et le retour spontané organisé par le gouvernement de migrants afghans sans papiers d'identité, se trouvant illégalement en Iran.
30 Mai 2007 Egalement disponible ici :
La petite Massudeh (en rose), huit ans, ne connaît pas Kaboul mais elle est enthousiaste à l'idée d'y retourner. Elle attend de pouvoir quitter l'Iran, au centre de départ de Khavaran près de Téhéran.

KHAVARAN, Iran, 30 mai (UNHCR) - Les ressortissants afghans qui se trouvent en Iran peuvent rentrer chez eux au moins de trois manières différentes : le rapatriement volontaire assisté, le retour spontané et l'expulsion. Mais, au centre de départ de Khavaran, situé près de Téhéran, la capitale iranienne, leurs chemins se rencontrent.

Dans une partie du centre, des familles chargent leurs biens matériels sur un camion, faisant leurs adieux émus à leurs amis et à leurs proches. Il s'agit de citoyens afghans enregistrés, possédant des cartes Amayesh II délivrées par le gouvernement ; ils peuvent bénéficier d'une allocation pour leur voyage de retour et d'une aide à la réintégration de 100 dollars par personne et d'au moins 500 dollars par famille de cinq personnes ou plus.

Dans une autre partie du centre, des groupes formés pour la plupart d'hommes seuls transportent des petits sacs dans des cars affrétés par le gouvernement. Ils ne sont pas en possession des documents nécessaires pour pouvoir rester, c'est-à-dire de cartes d'Amayesh II, de visas ou de permis de travail, et sont par conséquent considérés comme des résidents illégaux.

Ces hommes ont choisi une alternative moins radicale que l'expulsion. Ils contactent les autorités comme des candidats au rapatriement « spontané » et déclarent vouloir rentrer. Ils peuvent bénéficier d'un certain délai pour faire confirmer leur nationalité par l'un des consulats afghans en Iran, et pour obtenir des permis de sortie en règle, délivrés par le Bureau for Aliens and Foreign Immigrant Affairs (BAFIA). Depuis Khavaran, ils paient le transport assuré par les autorités.

Tout le monde prenant la même direction vers Dogharoun, le point de passage de la frontière avec l'ouest de l'Afghanistan, il est courant que les distinctions entre ces groupes soient vagues et que les situations soient mixtes.

« Nous partons aujourd'hui, car mes deux fils ont été expulsés il y a quatre mois et je n'arrive pas à subvenir seul aux besoins de ma famille », raconte Mirajan Abdul, 34 ans, qui rentre en Afghanistan à bord d'un convoi de l'UNHCR avec sa famille de huit personnes, toutes enregistrées. Il ajoute que ses fils n'avaient pas été pris en compte dans l'enregistrement mené par le gouvernement en 2005 et 2006, car ils étaient rentrés temporairement à Kaboul pour l'enterrement de leur grand-mère. Au début de cette année, alors qu'ils travaillaient comme laveurs de voiture à Téhéran, ils ont été arrêtés puis expulsés vers l'Afghanistan.

La belle-fille de Mirajan, Shiba Tajik, âgée de 17 ans, était enceinte au moment de l'expulsion de son mari et a mis au monde une petite fille en son absence. Mirajan a été hospitalisé pendant trois mois suite à une chute dans un chantier, sur son lieu de travail. « Les médecins ont dit qu'il n'y avait plus d'espoir. Ma famille avait même déjà acheté un cercueil », se souvient-il. « Mais je suis vivant, et je n'ai pas été enterré dans ce pays. Alors je rentre chez moi, même si je ne sais pas ce que je ferai à Kaboul. »

Massudeh, sa fille de huit ans, ajoute : « J'aime bien aller à l'école à Téhéran ; j'ai beaucoup d'amis iraniens. Je ne sais rien de l'Afghanistan, mais je suis heureuse d'y retourner. »

Tout près, une autre famille retient ses larmes alors que leur fille s'apprête à partir avec son mari pour Kaboul. Le père, Mohammed Gholami, un employé du bâtiment âgé de 52 ans, prévoit de les suivre bientôt.

« Notre carte Amayesh II est enregistrée à Qazvin [ouest de Téhéran], où nous avons vécu pendant 12 ans. Mais il n'y avait pas de travail alors que nous sommes venus à Téhéran il y a quatre ans. Nous avons des problèmes avec la police », a-t-il dit, en ajoutant que la carte limite les mouvements de son détenteur à la province où s'est effectué l'enregistrement. « Nous allons rentrer à Bamiyan dans quelques mois. Nous y avons des proches mais nous n'avons aucune nouvelle d'eux. Je ne sais pas ce que je vais faire là-bas ; j'ai un petit terrain mais il n'est pas assez grand pour l'agriculture. »

La stratégie actuelle du Gouvernement iranien est d'encourager les Afghans enregistrés à rentrer chez eux sur une base volontaire, tout en sévissant contre les personnes qui n'ont pas de documents d'identité. « Nous sommes inquiets du fait du grand nombre d'Afghans qui viennent illégalement par des réseaux organisés de la traite d'êtres humains », a indiqué Behrouz Permoun, le porte-parole du BAFIA. « En général, ils viennent pour des raisons économiques et utilisent l'Iran comme une passerelle vers l'Europe. Mais beaucoup n'arrivent pas à quitter notre pays ; ils restent et créent des problèmes. D'autres viennent avec un visa et restent illégalement, une fois qu'il a expiré. »

Il a ajouté qu'avant la dernière série d'expulsions commencée le 21 avril, le gouvernement avait lancé de nombreux avertissements aux migrants illégaux en Iran, ainsi qu'à l'ambassade d'Afghanistan et aux consulats. « Nous leur avons donné une chance de régler leur situation et de recevoir les permis nécessaires pour partir », a-t-il expliqué, notant que quelque 40 000 Afghans sont rentrés spontanément ces derniers mois. « Mais beaucoup sont restés. »

Selon les autorités afghanes, quelque 90 000 Afghans ne disposant pas de documents d'identité ont été expulsés depuis le 21 avril. « L'UNHCR reconnaît au Gouvernement iranien le droit de gérer la migration irrégulière sur son territoire, mais nous appelons instamment les autorités à agir humainement, en traitant les personnes expulsées dans la dignité et en leur donnant le temps de faire leurs valises et de prendre les dispositions nécessaires pour leurs familles », a expliqué Salvatore Lombardo, délégué de l'UNHCR en Afghanistan.

Quant aux 915 000 Afghans enregistrés qui vivent toujours légalement en Iran, le gouvernement a lancé une initiative pour réguler leurs mouvements et améliorer les chances d'un retour durable. « En considérant les problèmes économiques en Afghanistan, le Gouvernement iranien a proposé un programme pour encourager les familles à rentrer en garantissant l'obtention de permis de travail à un ou deux membres de la famille si toute la famille est de retour. Ceux qui détiennent des permis de travail peuvent revenir en Iran pour travailler et soutenir leurs familles en Afghanistan », a expliqué Behrouz Permoun. « Nous avons réussi à obtenir 300 000 permis avec une validité de trois ans. J'espère que nous pourrons bientôt le mettre en place en coordination avec les ministères du travail et des affaires étrangères. »

Plus de 860 000 Afghans sont rentrés d'Iran, sur une base volontaire, depuis le début des retours assistés par l'UNHCR en 2002. Après l'euphorie initiale des retours en masse lors de la période post-talibans, le rythme des retours s'est ralenti ces dernières années, atteignant le nombre de 5 000 en 2006 et de quelque 2 000 à ce jour pour 2007.

Par Vivian Tan à Khavaran, Iran