Les chefs du HCR et du PAM se félicitent de l'ouverture des frontières aux réfugiés syriens au Kurdistan iraquien
Les chefs du HCR et du PAM se félicitent de l'ouverture des frontières aux réfugiés syriens au Kurdistan iraquien
CAMP DE REFUGIES DE DOMIZ, Iraq, 30 août (HCR) - Dans un contexte d'exode continu de Syriens vers la région du Kurdistan iraquien, les chefs du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et du Programme alimentaire mondial (PAM) ont remercié le gouvernement régional d'avoir déjà accueilli près de 200 000 personnes, y compris environ 47 000 qui sont arrivées ces deux dernières semaines.
Malgré la charge que représente l'accueil d'un si grand nombre de réfugiés, les autorités régionales maintiennent leurs frontières ouvertes et ont alloué des terrains pour héberger les Syriens dans des camps.
« Cet afflux représente une lourde pression sur l'économie et les infrastructures ici, et avoir une guerre à sa porte demeure une menace », a indiqué jeudi le chef du HCR au camp de réfugiés de Domiz, à 70 kilomètres de la frontière avec la Syrie. Ce camp accueille 45 000 réfugiés.
« J'exprime ma profonde gratitude au gouvernement et au peuple de la région du Kurdistan qui ont accueilli tant de Syriens en quête de protection. »
S'adressant également aux journalistes après leur visite au camp, la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial Ertharin Cousin a indiqué : « Nous sommes ici pour le peuple. Nous serons ici aussi longtemps que la région du Kurdistan continuera à nous aider et aussi longtemps que le peuple de Syrie aura besoin de nous. »
Les chefs du HCR et du PAM se sont rendus ensuite dans le camp de réfugiés de Kawergost près d'Erbil, un site d'urgence établi dans une plaine poussiéreuse pour recevoir des milliers de réfugiés syriens soudainement arrivés il y a deux semaines. Plus de 1 200 Syriens ont afflué depuis la Syrie jeudi, arrivant au camp pour se faire enregistrer.
Moins de la moitié des réfugiés syriens vivent dans des camps, la plupart préférant le milieu urbain où ils peuvent chercher du travail. Citant la violence et l'instabilité croissantes aggravées d'une pénurie de services, la majorité des réfugiés ont fui depuis Hassake et Alep, et, en plus petit nombre, depuis Damas et Raqqa.
« Quand un pays est physiquement détruit, sa population décimée et fuyant éperdument ainsi que l'effondrement d'un Etat et de ses services, la chose la plus importante qu'un voisin puisse faire, c'est de maintenir ses frontières ouvertes. La région du Kurdistan est un pôle de stabilité et de paix dans une zone très instable », a indiqué António Guterres. Il s'est joint à la promesse réitérée par Ertharin Cousin de mobiliser un soutien massif de la part de la communauté internationale.
Les deux responsables ont rencontré le Président de la région du Kurdistan, Massoud Bazarni, qui a réaffirmé son engagement de continuer à accueillir les Syriens arrivant dans sa région.
Le Gouverneur d'Erbil, Nawzad Hadi, s'est exprimé sur les besoins pour les camps d'être agrandis et équipés pour le nombre croissant de réfugiés et l'arrivée prochaine de l'hiver. Il a prévenu : « Le temps qui passe n'est pas notre ami. Nous devons nous préparer aux conditions hivernales. »
Le Ministre de l'Intérieur, Karim Sinjari, qui s'est également rendu au camp, a réaffirmé son engagement pour accueillir des réfugiés mais il a souligné que les ressources étaient mises à rude épreuve. Il a également fait part de son espoir pour que la communauté internationale augmente son soutien de façon significative.
Au-delà de la gestion des camps, le HCR enregistre les réfugiés, ce qui assure l'identification et fournit l'évaluation des besoins individuels pour des services appropriés. Le HCR coordonne également la réponse des partenaires spécialisés ONG et des Nations Unies. Tout le travail du HCR est fait en étroite coordination avec les autorités régionales.
Le PAM verse la somme de 31 dollars par mois pour chaque membre des familles réfugiées sous forme de carte de rationnement. « Cela équivaut à un chiffre d'affaires de 10,5 millions de dollars pour le commerce local », a indiqué Ertharin Cousin. « Via ces bons, les réfugiés font fonctionner l'économie locale dans les communautés, tout en ayant accès à des denrées alimentaires fraîches et nutritives. »
Ertharin Cousin a souligné que le soutien de la communauté internationale est essentiel alors que les besoins continuent de croître. Le programme du PAM coûte 30 millions de dollars par semaine pour fournir une aide alimentaire aux Syriens en Syrie et réfugiés dans les pays voisins.
Mercredi, António Guterres et Ertharin Cousin se sont rendus dans la province d'Anbar en Iraq, et notamment à la frontière avec la Syrie. Bien que la frontière ait été fermée depuis plus d'un an, ils ont été encouragés par le fait que les hauts représentants iraquiens envisageaient de permettre l'entrée de certains réfugiés vulnérables ainsi que d'établir un programme de réunification familiale.
Les chefs du HCR et du PAM ont souligné que le Gouvernement iraquien avait exprimé des craintes en matière de sécurité, avec des risques d'infiltration. Mais ils ont fait part de leur inquiétude pour les personnes se trouvant de l'autre côté de la frontière et de leur espoir qu'un juste équilibre soit trouvé afin de permettre à davantage de Syriens vulnérables d'entrer.
António Guterres a qualifié le conflit syrien de « pire menace pour la paix et la sécurité mondiales depuis le siècle dernier. Nous sommes les témoins de la mort et de la destruction, de l'effondrement de l'Etat et d'énormes souffrances de la population. »
Il a noté que toutes les agences humanitaires sont gravement sous-financées à une période où des millions de Syriens ont besoin d'une aide humanitaire à l'intérieur de la Syrie et où le nombre de réfugiés approche rapidement les deux millions. Toutefois les deux chefs d'agences des Nations Unies ont réaffirmé leur engagement à aider tous les Syriens dans le besoin.
« Nous avons été témoins depuis plus de deux ans de nombreuses périodes dramatiques et nous avons toujours mobilisé nos ressources pour aider les personnes déracinées », a indiqué António Guterres. « Notre engagement est du côté des victimes. Quoiqu'il arrive, en toutes circonstances, nous serons présents pour aider les Syriens déracinés ayant besoin de notre assistance. »
Par Melissa Fleming au camp de réfugiés de Domiz