L'éducation de Hassina : d'une école modeste au rêve devenu réalité
L'éducation de Hassina : d'une école modeste au rêve devenu réalité
KASSALA, SOUDAN, 27 octobre (HCR) - Née dans un camp de réfugiés à l'est du Soudan, ses parents ont tout perdu après avoir fui l'Erythrée. Hassina aurait perdre tout espoir pour son avenir. Au contraire, elle a décidé de réaliser son potentiel déjà notable au vu de ses excellents résultats obtenus récemment. Hassina s'est classée première parmi 17 classes primaires et elle a obtenu une bourse d'études du HCR, un sésame vers le meilleur lycée de la région.
Dans l'est du Soudan, plus de 10 000 enfants réfugiés vivant dans 12 camps sont scolarisés dans des écoles primaires financées par le HCR. Les écoles vont jusqu'à la quatrième et elles sont gérées par la Commission soudanaise pour les réfugiés.
La création, l'entretien et l'amélioration des écoles pour un si grand nombre d'enfants seraient considérés comme une entreprise majeure dans quelque environnement que ce soit. C'est un défi particulier dans un camp de réfugiés. « Le financement du HCR couvre les besoins élémentaires pour les installations d'éducation primaire depuis le matériel jusqu'à la construction », a indiqué Elsa Bokhre, chargée du HCR pour les services communautaires. « L'année dernière, nous avons créé des classes temporaires qui ont permis à un groupe supplémentaire de 500 enfants âgés de six à huit ans d'aller à l'école. Nous avons également assuré des formations pour les enseignants pour le développement des compétences. Depuis 2005, nous avons alloué des bourses d'études pour la scolarisation en secondaire à 160 élèves réfugiés, des filles pour la plupart. »
Les femmes et les personnes âgées vivant dans les camps citent régulièrement l'éducation comme étant la principale priorité de leur communauté. Les enfants réfugiés prouvent eux-mêmes qu'ils sont tout spécialement motivés pour apprendre et qu'ils sont capables de surmonter les obstacles. Les classes se déroulent souvent en plein air à l'ombre d'un arbre et les devoirs à la maison se font à la lumière d'une lampe de poche.
Hassan Idris Ahmed est professeur principal à l'école primaire où Hassina était scolarisée dans le camp de réfugiés de Shagarab. Son école est l'une des trois écoles du camp où on compte 1 000 élèves au total.
Durant cette dernière décennie, depuis qu'il a commencé à enseigner, Hassan indique qu'il a observé des changements positifs dans les attitudes envers l'éducation et dans sa capacité à influencer un avenir. « L'éducation a changé les attitudes, et tout spécialement la compréhension des réfugiés pour la santé et l'hygiène », a-t-il indiqué. « Les élèves apprennent ces réflexes à l'école et on leur enseigne de partager ces connaissances à la maison avec leur famille. »
Parmi les domaines où des améliorations sont encore nécessaires, selon Hassan, figurent le taux d'équipement d'un manuel scolaire pour cinq élèves, la capacité des familles les plus démunies à payer des uniformes scolaires et du matériel que la plupart envisagerait comme une nécessité dans un pays où les températures atteignent souvent les 50 degrés. « Je rêve d'avoir un petit générateur solaire pour faire fonctionner un refroidisseur d'eau pour l'école », a-t-il indiqué.
Fréquenter le Lycée Alhuea pour filles signifie pour Hassina qu'elle doit maintenant vivre chez des proches dans la banlieue de Kassala, la principale ville de l'est du Soudan, alors que sa famille continue à vivre dans le camp de réfugiés de Shagarab à une heure et demi de distance.
Leur influence continue néanmoins à se faire sentir. « Même quand j'étais toute petite, l'école était très importante pour moi. Mon père m'a soutenue et encouragée pendant tout ce temps et il continue à me proposer de m'aider. Il m'appelle pour demander de mes nouvelles », a indiqué Hassina qui espère étudier la médecine pour soigner les membres de sa communauté.
Par Karen Ringuette à Kassala, Soudan