Le HCR transfère les réfugiés récemment arrivés du Darfour loin de la frontière entre le Tchad et le Soudan
Le HCR transfère les réfugiés récemment arrivés du Darfour loin de la frontière entre le Tchad et le Soudan
ABECHE, Tchad, 17 novembre (UNHCR) - L'UNHCR a commencé vendredi à transférer loin de la frontière soudanaise les premiers réfugiés parmi les quelque 1 500 récemment arrivés du Darfour vers un camp situé près de Guéréda, une ville de l'est du Tchad. Ces Soudanais du Darfour ont fui l'attaque du 29 octobre dernier survenu à Djebel Moun, dans l'ouest du Darfour, qui a entraîné de nombreux morts et blessés, incluant plus de 20 enfants.
Le transfert depuis la frontière sera vraisemblablement réalisé en deux temps, a indiqué un employé de l'UNHCR à Abéché. Près de la moitié des réfugiés vont être transférés au cours des prochains jours. Ensuite, après une semaine environ, un seconde vague de transferts sera mise en place pour les réfugiés qui ont demandé plus de temps pour attendre les membres de leur famille qui ne sont pas encore arrivés, ou pour ceux qui essaient de regagner leur village pour moissonner le plus possible avant de retourner au Tchad.
L'UNHCR est préoccupé par le fait qu'il pourrait y avoir des combattants parmi les nouveaux arrivants et a informé les réfugiés du caractère humanitaire et civil des camps de réfugiés. L'agence a également demandé l'assistance des réfugiés pour identifier les enfants non accompagnés avant le transfert. Il a également été conclu avec les réfugiés que les groupes vulnérables partiraient en priorité et seraient transportés lors du premier convoi.
Ces nouveaux arrivants, qui appartiennent à l'ethnie Djabal, se trouvent actuellement dans la zone de Seneit. Ils vont être enregistrés et passer une visite médicale avant d'être emmenés vers leurs nouveaux abris à Kounoungou, l'un des 12 camps accueillant quelques 218 000 réfugiés soudanais à l'est du Tchad. Le camp de Kounoungou, situé près de Guéréda, héberge actuellement environ 13 000 personnes qui ont fui les hostilités au Darfour.
Pendant ce temps, l'UNHCR continue de recevoir des informations sur des attaques meurtrières contre des villages au sud-est du Tchad, près de la frontière avec le Darfour. Mercredi, le village de Samassin, à 15 kilomètres au sud-ouest de Kerfi, a été attaqué. Un villageois aurait été tué et plusieurs autres blessés. L'UNHCR a reçu des informations faisant état de 23 villages attaqués depuis le 4 novembre, et d'au moins 20 autres qui auraient été abandonnés par leurs habitants craignant des attaques imminentes.
Depuis la dernière vague de violence qui a commencé le 4 novembre, l'UNHCR estime qu'au moins 12 000 Tchadiens ont fui leurs villages - quelque 7 000 d'entre eux se sont rassemblés près de Habile, non loin de la ville de Koukou. Habile accueille déjà près de 3 500 déplacés tchadiens.
Un autre groupe de 5 000 Tchadiens récemment déplacés s'est installé à la périphérie de Goz Beida, et plusieurs autres sont hébergés par leurs proches ou des amis dans cette ville. En tout, l'agence pour les réfugiés estime que près de 75 000 Tchadiens ont été contraints de fuir leur village l'année dernière, 12 000 d'entre eux depuis le début de la dernière série d'attaques.
Quelques-uns des déplacés internes ont essayé de rentrer rapidement dans leur village pour récupérer du blé et d'autres biens. Mais plusieurs d'entre eux ont été attaqués, tués ou blessés ce faisant. A plusieurs reprises, ceux qui sont rentrés ont été violemment attaqués ou même tués à leur retour.
Les informations transmises par les survivants concernant les récentes attaques survenues ces 12 derniers jours dans le sud de Goz Beida font ressortir le même mode opératoire : les villages sont encerclés par des hommes armés, parfois en uniforme militaire, se déplaçant à cheval ou à dos de chameau. Dans quelques cas, les attaquants utilisent aussi des grenades propulsées par des roquettes, ont indiqué les témoins.
Les villages ont été complètement brûlés et leurs habitants ont été la cible de tirs, alors qu'ils tentaient de fuir. Les survivants décrivent les assaillants comme appartenant à des tribus de nomades arabes, Tchadiens et Soudanais.
Les témoignages sont ahurissants, faisant état de bébés, d'enfants, de personnes âgées et d'infirmes brûlés vifs dans leurs maisons parce qu'ils ne pouvaient prendre la fuite. Dans un village, sept enfants ont été brûlés vifs, selon les habitants. Dans un autre, un homme paralysé n'a pas pu sortir de chez lui ; il est mort brûlé. Les survivants sont traumatisés.
A l'hôpital de Goz Beida, qui est débordé par le nombre de blessés, trois patients qui ont déclaré avoir tenté de rentrer pour travailler leurs champs près de Koloi et Tamadjour ont été attaqués par des Arabes qui leur ont arraché les yeux avec des baïonnettes.
Sur les 218 000 réfugiés originaires du Darfour présents dans les 12 camps de l'UNHCR à l'est du Tchad, 15 000 se trouvent dans le camp de Djabal et 18 000 dans le camp de Goz Amer dans la région de Goz Beida. Le sud du Tchad accueille également 46 000 réfugiés en provenance de la République centrafricaine.
Par Matthew Conway à Abéché, Tchad and Hélène Caux à Goz Beida, Tchad