Le HCR s'inquiète des récents chassés-croisés de populations traversant la frontière entre le Tchad et le Soudan
Le HCR s'inquiète des récents chassés-croisés de populations traversant la frontière entre le Tchad et le Soudan
EL GENEINA, Ouest-Darfour, 28 février (UNHCR) - Une évolution inquiétante a été récemment observée par l'UNHCR dans la région frontalière entre le Tchad et le Soudan, en proie à des troubles : les populations traversent désormais la frontière dans les deux sens.
« En plus des quelque 200 000 réfugiés soudanais du Darfour venus s'abriter dans l'est du Tchad ces trois dernières années, nous avons maintenant des informations selon lesquelles des Tchadiens fuient à leur tour dans la direction opposée, vers le Darfour », a indiqué Jennifer Pagonis, porte-parole de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés à l'occasion d'une conférence de presse mardi à Genève.
Au cours des derniers mois, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a exprimé, de manière répétée, sa vive inquiétude sur le risque d'une déstabilisation accrue de la région si la situation sécuritaire ne s'améliorait pas.
Dans l'Ouest-Darfour, entre 8 000 et 10 000 personnes, parmi lesquelles un nombre indéterminé de Tchadiens, sont regroupées dans des camps de fortune près des villages de Galu et Azaza, à quelque 35 kilomètres au nord-ouest d'El Geneina, la principale ville de la région.
« Les premières évaluations conduites par l'UNHCR et ses partenaires montrent que ces sites de fortune ont grandi au cours des deux derniers mois, après l'attaque meurtrière menée contre la ville frontalière tchadienne d'Adré en décembre dernier », a ajouté Jennifer Pagonis.
Lors des entretiens menés par l'UNHCR dimanche dernier, les Tchadiens ont en effet expliqué que les attaques conduites par les rebelles contre la ville tchadienne d'Adré le 18 décembre 2005 avait été le déclic qui les a poussé à franchir la frontière en direction du Darfour.
Plus de 100 personnes auraient été tuées à Adré pendant les combats entre les forces rebelles et les troupes gouvernementales tchadiennes. Plusieurs autres attaques se seraient ensuite déroulées dans les villages au nord d'Adré, poussant d'autres civils à fuir.
« Certains des Tchadiens avec lesquels nous nous sommes entretenus nous ont dit avoir fui directement vers la zone de Galu, chez des proches », a indiqué un chargé d'affaires juridiques de l'UNHCR dans l'Ouest-Darfour. « D'autres ont erré dans les zones frontalières avant d'entendre parler des camps de fortune et de marcher alors vers Galu et Azaza », a-t-elle ajouté.
Un petit nombre d'entre eux arriveraient encore quotidiennement dans les sites où l'UNHCR et les autorités soudanaises conduisent actuellement la procédure pour la détermination du statut des personnes rassemblées dans les cinq camps. Les femmes et les enfants représentent 75 pour cent de cette population.
« Tous les Tchadiens de ce groupe relèvent de la compétence de l'UNHCR et seront considérés comme demandeurs d'asile en attendant la procédure de détermination de leur statut », a expliqué Jennifer Pagonis. « De nombreux ressortissants soudanais se trouvent aussi parmi eux, peut-être attirés vers ces installations dans l'espoir de recevoir une aide internationale », a-t-elle ajouté.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés et ses partenaires ont fourni des articles de secours, notamment des bâches en plastique pour les abris. Une ONG a également creusé trois puits et a installé des réservoirs et des pompes pour la fourniture d'eau potable à ce groupe. Par ailleurs, une autre ONG, oeuvrant dans le domaine de la santé, a mené une campagne de vaccination la semaine dernière.
Il y a actuellement 1,8 million de déplacés internes au Darfour et 200 000 réfugiés du Darfour accueillis dans 12 camps à l'est du Tchad.