Le HCR s'inquiète de la montée de violence à l'encontre des Palestiniens en Iraq
Le HCR s'inquiète de la montée de violence à l'encontre des Palestiniens en Iraq
GENEVE, 20 octobre (UNHCR) - Selon l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, la nuit dernière, à Bagdad, un tir de mortier dans le quartier palestinien de Al Baladiya a fait quatre morts, une douzaine de blessés et de nombreux déplacés parmi les Palestiniens. Il s'agit d'une inquiétante montée de violence qui pourrait faire sombrer cette communauté vulnérable et pourrait obliger d'autres à fuir.
« L'UNHCR a exprimé plusieurs fois son inquiétude quant aux menaces auxquelles doivent faire face les Palestiniens à Bagdad et dans les régions proches des frontières syriennes et iraquiennes », a déclaré vendredi le porte parole de l'agence, Ron Redmond, lors d'une conférence de presse à Genève.
Selon les premières informations reçues par l'UNHCR, les bombardements auraient commencé vers 20h30 dans le quartier d'Al Baladiya et auraient duré environ une demi-heure. Presque immédiatement, le personnel de l'UNHCR à Bagdad a reçu de nombreux appels téléphoniques des Palestiniens terrorisés, racontant qu'il y avait au moins une douzaine de blessés, certains sérieusement, parmi lesquels des femmes et des enfants. Une première tentative d'envoyer une ambulance sur place pour porter secours aux blessés n'a pas pu aboutir suite à l'attaque du véhicule par des milices armées.
Ces groupes armés avaient précédemment averti les Palestiniens qu'ils devraient quitter les lieux. Le quartier d'Al Baladiya hébergeait dans le passé quelque 8 000 Palestiniens, mais des sources palestiniennes indiquent qu'actuellement, il ne reste plus qu'environ 4 000 d'entre eux.
« Après ce dernier incident, il est bien possible que davantage de Palestiniens fuient vers les pays voisins, surtout vers la Syrie et la Jordanie. C'est inquiétant car ces deux pays ont fermé leurs frontières aux Palestiniens. »
Quelque 340 Palestiniens d'Iraq se trouvent déjà dans le no man's land entre la Syrie et l'Iraq et espèrent pouvoir entrer en Syrie. Ils ont commencé d'arriver à la frontière en mai 2006 et depuis lors, leur nombre n'a cessé d'augmenter. Plusieurs sources rapportent également que des Palestiniens se sont vus refuser l'entrée à la frontière.
Certains Palestiniens ont fui en Iraq en 1948, en abandonnant leurs maisons dans le nouvel Etat d'Israël, d'autres sont nés dans le pays. Sous l'ancien régime de l'ex-président iraquien Saddam Hussein, les Palestiniens étaient considérés comme une population recevant un traitement préférentiel. Mais depuis la chute de Saddam en 2003, ils sont devenus des cibles.
En 2003, l'UNHCR a enregistré 23 000 des 34 000 Palestiniens qui se trouveraient en Iraq, et on pense que 20 000 d'entre eux vivent toujours dans le pays.
« Ils n'ont pas eu d'autres choix et nous sommes préoccupés par le sort de ceux qui sont restés, auxquels nous ne pouvons assurer une protection », a ajouté Ron Redmond.
Il est de la responsabilité du gouvernement iraquien et des forces de la coalition d'apporter la protection nécessaire, particulièrement aux réfugiés en Iraq qui ne peuvent bénéficier de protection dans d'autres pays.
« Nous lançons un appel aux pays voisins pour qu'ils ouvrent leurs frontières aux Palestiniens réfugiés en Iraq, et qu'ils fassent preuve une fois de plus, en ce mois saint de Ramadan, de la générosité habituelle et d'une implication au niveau humanitaire qui permettraient d'assurer la sécurité aux Palestiniens menacés », a ajouté Ron Redmond.
La Syrie et la Jordanie ne devraient pas assurer seules la totalité de la charge, selon Ron Redmond, demandant aux autres pays arabes, à l'intérieur et hors de cette région, d'accueillir quelques-uns de ceux qui sont contraints de fuir l'Iraq.
« Il est maintenant urgent d'obtenir l'aide et la volonté internationales pour apporter une solution, du moins temporaire, concernant les Palestiniens d'Iraq », a-t-il indiqué.
L'UNHCR a déjà fait plusieurs tentatives pour ces populations, sans résultat, incluant l'entrée en Jordanie et en Syrie, le retour dans les territoires palestiniens, avec l'accord d'Israël, le transfert dans d'autres Etats arabes et la réinstallation en dehors de la région.
Parallèlement, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés continue à demander une meilleure protection de la communauté palestinienne en Iraq.
« Cependant dans les circonstances actuelles, le retour en Iraq n'est pas une solution, à moins que la sécurité ne soit rétablie », a ajouté Ron Redmond. « Actuellement, la situation est intenable pour les Palestiniens et semble s'aggraver. »
La situation s'aggrave de même pour les déplacés internes iraquiens. Selon des statistiques provenant de plusieurs sources, le service Iraq de l'UNHCR estime que 754 000 Iraquiens sont déplacés internes depuis 2003, dont 365 000 d'entre eux depuis février après la vague de violence sectaire provoquée par le bombardement de Samara.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par la détérioration rapide de la situation en Iraq et par le déplacement en cours à la fois dans et à l'extérieur du pays », a indiqué Ron Redmond.
Les chiffres du Gouvernement iraquien, de l'UNHCR et de ses partenaires indiquent que plus de 1,5 million d'Iraquiens sont déplacés au sein de l'Iraq, dont quelque 800 000 personnes qui ont fui leur maison avant 2003, ainsi que les 754 000 qui ont fui depuis. 20 000 personnes supplémentaires sont actuellement déplacées temporairement, dans l'attente de la fin des opérations militaires dans leurs villes ou leurs régions.
Par ailleurs, 1,6 million d'Iraquiens se trouvent dans d'autres pays de la région, principalement en Jordanie et en Syrie. Nombre d'entre eux sont hors d'Iraq depuis une décennie voire plus, mais quelque 40 000 Iraquiens arrivent en Syrie chaque mois. La plupart d'entre eux ne se sont pas enregistrés auprès de l'UNHCR.