Le HCR réclame des mesures pour éviter les tragédies de boat people dans le golfe de Bengale
Le HCR réclame des mesures pour éviter les tragédies de boat people dans le golfe de Bengale
GENÈVE, 21 février (HCR) - Le HCR a déclaré vendredi être préoccupé par le nombre croissant de personnes qui trouvent la mort dans le golfe de Bengale après avoir embarqué sur des bateaux en quête de sécurité et d'une vie meilleure dans d'autres pays, y compris des personnes désespérés parmi les Rohingyas du Myanmar. L'agence pour les réfugiés a appelé les gouvernements des pays de la région à faire plus pour éviter d'autres tragédies en haute mer.
Le porte-parole du HCR Andrej Mahecic a indiqué aux journalistes à Genève que plusieurs milliers de personnes auraient embarqué à bord de bateaux de passeurs dans le golfe de Bengale depuis le début de l'année, et parmi eux des Rohingyas de l'Etat de Rakhine au Myanmar ou des camps de réfugiés et d'installations de fortune au Bangladesh.
« La plupart sont des hommes, mais nous recevons de plus en plus d'informations sur des femmes et des enfants qui embarquent à bord de ces bateaux souvent impropres à la navigation et se dirigeant vers le sud. Selon nos estimations, sur les 13 000 personnes qui sont parties à bord de bateaux de passeurs en 2012, près de 500 sont mortes en mer après que leur bateau soit tombé en panne ou ait chaviré », a indiqué Andrej Mahecic.
Il a ajouté que bien que le HCR est en train de collecter les données sur les décès en mer en 2012, « il est clair que l'océan Indien est devenu pour les personnes qui fuient leur pays l'une des zones maritimes les plus meurtrières au monde. »
Lors de la toute dernière tragédie, il y a une semaine, quelque 90 personnes - probablement des Rohingyas - seraient mortes de déshydratation et de faim au cours d'un voyage qui a duré près de deux mois. Plus de 30 survivants ont été secourus le week-end dernier au large des côtes est de Sri Lanka.
Un peu avant, en février, environ 130 personnes qui seraient originaires du Myanmar et du Bangladesh ont également été secourues en mer par la marine sri-lankaise. Le HCR s'efforce d'accéder de manière indépendante auprès des survivants afin d'évaluer leur situation et leurs besoins.
Andrej Mahecic a indiqué que le HCR est profondément attristé par cette nouvelle tragédie, et qu'il a salué l'action rapide de la marine sri-lankaise ayant porté secours à ce groupe et fourni des soins médicaux immédiats.
La violence dans l'ouest de l'État de Rakhine au Myanmar a éclaté en juin dernier entre les différentes communautés. Quelque 115 000 personnes, dont la majorité sont des Rohingyas - ont depuis été déracinées. La plupart sont toujours déplacées à l'intérieur de l'État de Rakhine, mais d'autres ont eu recours à des passeurs pour les aider à fuir leur pays.
Environ 1 700 personnes sont arrivées ces derniers mois sur la côte sud de la Thaïlande, où les autorités leur ont accordé une protection temporaire pour six mois jusqu'à ce que des solutions puissent leur être trouvées. Les équipes du HCR peuvent s'entretenir avec les hommes, qui sont enfermés dans des centres de détention, et avec les femmes et les enfants, qui sont dans des centres d'hébergement gérés par les autorités, afin d'évaluer leur situation.
En plus des personnes qui ont débarqué en Thaïlande, environ 1 800 autres sont arrivées en Malaisie depuis le début de l'année. Une fois averti, le HCR agit pour assurer leur remise en liberté et demande à les rencontrer pour évaluer leurs besoins de protection.
Andrej Mahecic a déclaré que le HCR avait reconnu la dimension régionale des mouvements irréguliers de réfugiés, de demandeurs d'asile et de migrants par voie maritime. « De véritables approches coopératives régionales avec un partage des charges et des responsabilités pourraient offrir aux demandeurs d'asile et aux réfugiés une alternative aux traversées en bateau dangereuses et abusives », a-t-il souligné, ajoutant que « le HCR offre son expertise et ses services pour jouer un rôle constructif dans ce processus. »
Le porte-parole a noté que ces tragédies en mer répétées ont également démontré la nécessité d'une réponse régionale coordonnée à la détresse et pour le sauvetage en mer. « Nous exhortons les États à s'accorder par des protocoles sur le débarquement sûr et rapide des passagers secourus et sur la fourniture d'une assistance humanitaire d'urgence. Des mécanismes doivent être mis en place pour évaluer les besoins des différents groupes, y compris l'accès au HCR de ceux qui ont besoin d'une protection internationale et pour leur trouver des solutions », a déclaré Andrej Mahecic.
Pour aider à faire avancer ce processus, le HCR facilitera des discussions entre les gouvernements et les organisations internationales concernés lors d'une réunion régionale sur les mouvements irréguliers par la mer qui se tiendra à Djakarta en mars.
Parmi les informations arrivant continuellement sur des bateaux refoulés en mer par certains pays, le HCR exhorte également les États de la région à garder leurs frontières ouvertes aux personnes ayant besoin d'une protection internationale et d'offrir une assistance et une protection jusqu'à ce que des solutions puissent leur être trouvées.
En parallèle, le HCR a plaidé auprès du Gouvernement du Myanmar pour qu'il gère d'urgence les causes profondes de l'exode. Les Rohingyas ne sont pas reconnus en tant que citoyens du Myanmar et ils font face à de nombreuses restrictions dans leur vie quotidienne dans l'État de Rakhine.