Le HCR aide à promouvoir la réconciliation au Burundi
Le HCR aide à promouvoir la réconciliation au Burundi
MURIZA, Burundi, 2 octobre (UNHCR) - Il y a quelques années, Zita et Eusébie se seraient considérées comme ennemies mortelles, mais aujourd'hui, elles apprennent à vivre ensemble - et elles apprécient cela.
Les deux femmes, qui ont chacune la quarantaine, sont de groupes ethniques rivaux - Zita est tutsie, alors qu'Eusébie est hutue. Le conflit entre les deux groupes, depuis le début des années 60, a fait des dizaines de milliers de morts et a forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir leurs maisons et à chercher abri ailleurs au Burundi ou dans les pays voisins.
Zita et Eusébie faisaient partie des personnes qui ont été déplacées de force. Elles sont maintenant rassemblées, dans le cadre d'un projet pilote financé par l'agence des Nations Unies dans la province de Ruyigi à l'est du Burundi. Le HCR créée un village pour 98 familles, Muriza, où des familles vulnérables des deux groupes ethniques se cotoient dans la paix.
Les familles ont d'abord été installées dans leurs nouvelles maisons de briques, alors que le HCR a distribué des terrains de 2 000 mètres carrés aux rapatriés sans terre. Le nouveau village est un exemple convainquant de la cicatrisation des blessures du passé au Burundi et de la façon dont promouvoir la réconciliation. Les Hutus sont voisins des Tutsis, et les anciens réfugiés et déplacés partagent les écoles et les hôpitaux avec les locaux.
« Les rapatriés et les déplacés voulaient vraiment, depuis le début, vivre ensemble », a dit Tony Garcia Carranza, le chef du bureau du HCR à Ruyigi. « Nous ne voyons aucune tension entre les deux groupes - il n'y a aucun problème. »
En effet, des personnes comme Zita et Eusébie trouvent qu'elles ont beaucoup en commun. « Les choses se passent très bien entre les deux groupes ethniques. Et je ne parle pas seulement de moi, mais de tous les rapatriés », a dit Eusébie.
Tout comme Zita, elle est vulnérable. Elle est veuve avec de nombreux enfants à nourrir, et peu de ressources pour y arriver. Elle est récemment rentrée au Burundi après avoir vécu pendant plus de 10 ans dans un camp de réfugiés en Tanzanie. Zita était déplacée interne, comme de nombreux Burundais tutsis forcés à fuir leurs maisons, mais elle ne veut pas rentrer dans son village.
Lors de la récente visite d'une équipe du HCR dans le village, les deux femmes aux vêtements de couleur vive s'étaient assises côte-à-côte sur un petit banc en bois, regardant les maisons en construction près du sommet de la colline, se remémorant chacune de leur passé et discutant de leur avenir en commun.
Zita s'est rappelée sa fuite en 1993, quand son ancien village avait été attaqué et que tous les Tutsis avaient été tués. « Seuls les membres de ma famille et moi avons survécu et nous avons pu fuir. Je n'oublierai jamais ce qui s'est passé ce jour-là. » Elle se souviendra longtemps aussi du jour, début septembre, où le HCR lui a donné une nouvelle maison à Muriza.
Eusébie vit dans sa maison avec ses huit enfants et trois orphelins qu'elle a ramenés avec elle depuis le camp de réfugiés de Nduta situé au nord-ouest de la Tanzanie. Elle a aussi des souvenirs douloureux de sa fuite avec ses enfants et elle n'était pas sûre que la sécurité soit complètement rétablie pour pouvoir retourner au Burundi.
Elle a décidé de rentrer après avoir discuté avec des réfugiés, qui sont tous soit des veuves ou des mères seules, ayant pris part à une visite de reconnaissance organisée par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. Elles ont visité le site de Muriza et elles ont pu rencontrer des déplacés vivant dans la région. La plupart ont décidé de rentrer, cependant une partie des participants à cette visite ont décidé de rester en Tanzanie.
Le HCR est persuadé que Muriza pourrait être un modèle à reproduire pour d'autres villages - en fournissant à la fois des maisons et des terrains pour les rapatriés et les déplacés et en aidant à rassembler les Tutsis et les Hutus. L'agence pour les réfugiés, en coopération avec le gouvernement et d'autres partenaires, examine la possibilité d'étendre le projet.
Eusébie et Zita soutiennent ouvertement ce programme. « Quand vous construirez de nouveaux villages comme celui-ci, ce serait une bonne idée d'intégrer des personnes de deux groupes ethniques différents », a dit Eusébie, ajoutant : « Ceux qui auparavant avaient peur les uns des autres, arriveront à se côtoyer. »
Depuis que le HCR a commencé son opération de rapatriement volontaire en 2002, plus de 450 000 réfugiés sont retournés au Burundi depuis la Tanzanie et d'autres pays. La plupart des déplacés sont aussi rentrés chez eux.
Par Andreas Kirchhof à Muriza, Burundi