Le chef du HCR ouvre une réunion internationale à Genève sur les réfugiés en milieu urbain
Le chef du HCR ouvre une réunion internationale à Genève sur les réfugiés en milieu urbain
GENÈVE, 9 décembre (HCR) - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a ouvert mercredi un dialogue international de deux jours portant sur les problèmes urgents auxquels un nombre croissant de réfugiés et d'autres personnes déplacées de force vivant dans les villes grandes et moyennes sont confrontés dans le monde entier.
António Guterres, s'adressant à plus de 300 délégués réunis au Palais des Nations à Genève à l'occasion de l'ouverture de son troisième Dialogue annuel sur les défis en matière de protection, a déclaré que l'urbanisation croissante était « aggravée par les afflux de personnes déplacées obligées d'abandonner leur foyer en raison des menaces de conflit armé, de violence politique, d'anarchie, d'insécurité alimentaire, de dégradation de l'environnement et de catastrophes naturelles. Tout indique que la dimension de l'urbanisation va s'intensifier à l'avenir.
« En même temps, il est démontré que l'urbanisation massive dans les Etats en conflit ne diminue pas nécessairement quand le conflit se termine. Il est de moins en moins possible de compter exclusivement sur la solution traditionnelle du rapatriement des réfugiés et des déplacés internes vers leurs lieux d'origine dans les zones rurales. »
Le Haut Commissaire a déclaré que cette tendance « constituait un défi très important, non seulement pour le HCR mais aussi pour la communauté internationale dans son ensemble, qui a jusqu'alors eu tendance à se focaliser sur les réfugiés et les déplacés internes basés dans les camps. »
Il a fait remarquer que plus de la moitié des personnes dans le monde vivait désormais dans les villes, tandis que « cinq millions de réfugiés [sur un total de 10,5 millions] relevant du mandat du HCR et plusieurs millions de déplacés internes vivraient dans les zones urbaines ». António Guterres a affirmé qu'il espérait que le Dialogue de cette année « encouragerait les décideurs à remettre en cause la sagesse de la politique des camps dans les cas où d'autres solutions peuvent être meilleures pour les réfugiés et les pays d'accueil eux-mêmes. »
Reconnaissant l'importance croissante des villes dans le cadre de son travail, le HCR a publié en septembre dernier une nouvelle politique relative à la protection des réfugiés et aux solutions durables dans les zones urbaines. Le rapport s'inspirait largement de l'expérience de l'agence dans le domaine de l'aide aux réfugiés iraquiens à Damas et à Amman, capitales de la Syrie et de la Jordanie.
« La nouvelle politique, plus clairement basée sur les droits, souligne le fait que les responsabilités du HCR découlant de son mandat ne dépendent pas de la localisation des réfugiés. Elle reconnaît que les villes sont des lieux légitimes où les populations réfugiées et déplacées souhaitent résider et jouir de leurs droits fondamentaux », a déclaré António Guterres devant les délégués, parmi lesquels des maires et d'autres autorités municipales, des travailleurs humanitaires, des experts, des réfugiés et des représentants d'Etats membres appartenant au conseil d'administration du HCR et de pays ayant un intérêt particulier pour le thème de cette année.
« La politique n'a pas l'intention de passer outre aux législations nationales ou de les reléguer au second plan. Bien au contraire, la politique s'appuie sur les structures juridiques nationales et connaît bien les cadres juridiques et politiques nationaux dans lesquels elle doit être mise en œuvre. La politique vise à la fois à encourager et à contribuer au développement progressif de ces cadres afin de veiller à ce que les réfugiés et les autres personnes relevant du mandat du HCR dans les zones urbaines soient intégrés dans le tissu social des villes de manière appropriée et respectueuse de droits », a-t-il ajouté.
António Guterres a cependant insisté sur le fait que la politique « n'est pas une incitation pour tous les réfugiés à aller vers les villes ». Il a également fait remarquer que la politique, qui sera mise en œuvre par étapes, « engage le HCR à plaider pour l'expansion de « l'espace de protection » dans les zones urbaines et réaffirme son engagement pour la conception de programmes urbains basés sur les principes d'intégration de l'âge, du genre et de la diversité. »
Pour conclure, le Haut Commissaire a affirmé qu'une nouvelle approche, basée sur trois principes étroitement liés, était nécessaire pour répondre au défi des déplacements urbains. « Premièrement, la nouvelle approche ne peut pas être mise en œuvre indépendamment du contexte plus large des populations marginalisées dans les zones urbaines. Nous devons accorder une attention particulière à la protection des droits des communautés pauvres et défavorisées, en leur donnant les moyens d'utiliser pleinement leur ingéniosité », a-t-il dit.
« Deuxièmement, l'approche doit être basée à la fois sur le développement et sur l'assistance - une approche qui s'attaque aux besoins à long terme ainsi qu'aux besoins immédiats et qui soutient le processus plus large de planification urbaine et de réduction de la pauvreté. Enfin, l'approche doit être globale. Elle ne peut pas être menée par le HCR seul. Elle nécessite la création et le renforcement de partenariats avec les gouvernements centraux, les autorités municipales et locales, les ONG, le secteur privé et en particulier les populations marginalisées elles-mêmes. »
Le Dialogue informel de cette année comprenait une alternance de séances plénières et de groupes de travails clés, ou réunions subsidiaires. Les rapports des quatre groupes de travail seront présentés lors d'une séance plénière, laquelle sera suivie d'un échange d'idées. António Guterres présentera ses propres conclusions avant la clôture de la réunion jeudi.
Le Dialogue a été précédé mardi par une table ronde au Palais réunissant les maires de plus de 20 villes. Remy Pagani, le maire de Genève, co-organisateur du rassemblement d'hier, a déclaré qu'il s'agissait d'une « véritable réussite ».
Geoffrey Majiwa, le maire de Nairobi, qui participe au Dialogue, a affirmé que la réunion de mardi « était très productive parce nous en sommes arrivés à un point où tous les maires ont convenu que nous devions devenir partenaires pour aborder les questions relatives aux réfugiés dans nos villes et travailler en équipe pour garantir leur protection. »