La situation en Iraq continue à s'aggraver ; les Etats-Unis allouent 30 millions de dollars pour l'aide à l'éducation

GENEVE, 28 août (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a prévenu mardi que la situation humanitaire en Iraq continuait de s'aggraver et que le nombre d'Iraquiens déplacés, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, était en train d'augmenter.

La porte-parole Jennifer Pagonis a indiqué aux représentants de la presse à Genève que l'on dénombre, selon les estimations de l'UNHCR et du Croissant-Rouge iraquien, 4,2 millions de déracinés iraquiens, et que le taux mensuel du déplacement est en train d'augmenter pour atteindre 60 000 personnes, comparé au chiffre précédent de 50 000.

« Les déplacements augmentent car il est plus difficile pour les Iraquiens d'accéder aux services sociaux dans leur pays, et parce que nombre d'Iraquiens décident de quitter les zones d'ethnies mixtes avant d'y être forcés. Quelques Iraquiens qui étaient restés dans le pays jusqu'à la fin de l'année scolaire ont récemment commencé à quitter le pays avec leurs familles », a déclaré Jennifer Pagonis.

Tandis que la porte-parole de l'UNHCR s'exprimait depuis Genève, la Secrétaire d'Etat adjointe américaine, Ellen Sauerbrey, a annoncé une contribution de la part des Etats-Unis de 30 millions de dollars. Cette somme est destinée à un programme conjoint de l'UNHCR et de l'UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance) de 129 millions de dollars visant à garantir une éducation aux enfants réfugiés iraquiens qui sont accueillis dans les pays voisins, comme la Syrie et la Jordanie.

Le délégué de l'UNHCR en Jordanie, Imran Riza, a accueilli favorablement le geste américain, tout en exhortant « la communauté internationale à réagir rapidement et généreusement à l'appel des Nations Unies. » L'UNHCR et l'UNICEF cherchent 129 millions de dollars dans le but de scolariser 155 000 enfants iraquiens au cours de cette année académique en Jordanie, en Syrie, en Egypte et au Liban.

Ellen Sauerbrey est en charge de la politique américaine sur les réfugiés. Son annonce a été rendue publique dans une école pour filles d'Amman, où les admissions de réfugiés iraquiens ont commencé au début du mois d'août, quand la Jordanie a déclaré qu'elle permettrait à des dizaines de milliers d'enfants réfugiés de fréquenter les écoles publiques, même si leurs parents ne possédaient pas de permis de résidence.

A Genève, la porte-parole de l'UNHCR, Jennifer Pagonis, a déclaré que plus de deux millions d'Iraquiens étaient déplacés à l'intérieur de l'Iraq, dont plus d'un million depuis l'attentat à la mosquée de Samarra de février 2006. La plupart des incidents sécuritaires sont enregistrés au centre et au sud du pays, mais les déplacements ne se limitent pas à ces régions.

Les Iraquiens déplacés sont plus de 780 000 dans le nord du pays, 650 000 dans le centre et 790 000 dans le sud. Beaucoup survivent à peine dans des camps de fortune, qui sont inaccessibles aux travailleurs humanitaires pour des raisons de sécurité.

La Syrie, qui a généreusement maintenu ses frontières ouvertes aux Iraquiens en train de fuir, estime que plus d'1,4 million d'Iraquiens sont maintenant dans le pays. La Jordanie estime, quant à elle, que quelque 500 000 à 750 000 Iraquiens sont sur son territoire. Le nombre de demandeurs d'asile iraquiens en Europe au cours de la première moitié de 2006 s'élève à environ 20 000 personnes.

Avec plus de 300 personnes travaillant pour son opération iraquienne, l'UNHCR a déjà enregistré plus de 170 000 réfugiés dans les pays voisins de l'Iraq, dont 15 pour cent nécessitent une assistance particulière.

Depuis le début de l'année, nous avons présenté plus de 13 200 dossiers d'Iraquiens parmi les cas les plus vulnérables aux pays de réinstallation, a indiqué Jennifer Pagonis, tout en ajoutant que pour l'instant seuls quelques centaines de cas avaient pu partir pour une vie nouvelle dans un pays tiers. « Nous pressons les pays de réinstallation de prendre des décisions rapides et de faciliter le départ de ceux qui en ont le plus besoin, dont beaucoup sont des cas médicaux urgents, des foyers dont le chef de famille est une femme, des victimes de torture et autres. » L'UNHCR a pour objectif de présenter plus de 20 000 dossiers de réinstallation d'Iraquiens aux gouvernements cette année.

La porte-parole de l'UNHCR a aussi souligné les efforts faits par l'agence depuis le mois de juin pour encourager les enfants iraquiens présents en Syrie à s'inscrire pour la nouvelle année scolaire, qui débute à la mi-septembre.

A l'intérieur de l'Iraq, l'UNHCR et ses partenaires tentent de faire tout leur possible pour aider les déplacés, bien que les conditions de sécurité rendent cela difficile. L'agence fournit une assistance d'urgence aux plus nécessiteux et visite les sites de déplacés ou les camps de fortune accessibles, en fournissant des articles non alimentaires et des abris d'urgence.

Le long de la frontière entre l'Iraq et la Syrie, la situation demeure désespérée pour plus de 1 600 Palestiniens bloqués dans deux camps, Al Tanf et Al Waleed. « Nous insistons, une fois encore, sur le besoin urgent de trouver une solution humanitaire pour ce groupe de réfugiés », a déclaré Jennifer Pagonis.

L'UNHCR a lancé un appel de 223 millions de dollars pour la crise humanitaire iraquienne. Le premier appel de 123 millions de dollars a été financé à hauteur de 75 pour cent. Mais le second appel de 129 millions de dollars sur l'éducation, lancé conjointement avec l'UNICEF, reste en attente d'une plus grande générosité de la part des donateurs.