La responsable des opérations du HCR choquée par les conditions de vie des Somaliens ayant fui Mogadiscio
La responsable des opérations du HCR choquée par les conditions de vie des Somaliens ayant fui Mogadiscio
GALKAYO, Somalie, 4 mai 2007 (UNHCR) - Une responsable de l'UNHCR, Judy Cheng-Hopkins, a déclaré à la fin d'une visite de quatre jours en Somalie qu'elle était choquée par les conditions dans lesquelles vivent les personnes déplacées après avoir dû fuir les récents combats à Mogadiscio, la capitale somalienne.
La Haut Commissaire assistante de l'UNHCR en charge des opérations s'est rendue par avion en Somalie lundi, où elle a visité des personnes déplacées à Baidoa et à Galkayo avant de se rendre à Nairobi, Kenya, jeudi.
A Baidoa, ville située à quelque 230 kilomètres de Mogadiscio où près de 19 000 civils déplacés sont récemment arrivés, Judy Cheng-Hopkins a visité plusieurs bidonvilles de personnes déplacées qui sont surpeuplés après les arrivées récentes. Ceux-ci vivent dans des abris misérables faits de tissus attachés sur des branches d'arbres. Certaines familles n'ont pas réussi à se fournir suffisamment de tissu pour couvrir tout leur abri, et l'absence de bâches en plastique les expose aux lourdes pluies qui se déversent la nuit.
Nourtou, qui s'occupe de ses trois enfants ainsi que de ses cinq neveux orphelins, a déclaré à Judy Cheng-Hopkins depuis le fragile abri qu'elle a construit à Baidoa qu'elle avait fui Mogadiscio le 15 avril. « Je n'arrive pas à dormir la nuit, j'ai trop peur que mes enfants soient trempés par la pluie et tombent malades, surtout qu'ils n'ont pas assez à manger. »
Comme la plupart des personnes récemment déplacées, Nourtou affirme vouloir rentrer à Mogadiscio, mais pas dans l'immédiat. « Même si le Gouvernement fédéral de transition a déclaré que la paix régnait à nouveau dans la ville et a appelé les personnes déplacées à revenir, il ne s'agit que de belles paroles », explique-t-elle. « Je crains toujours que les combats reprennent. »
Choukri, âgée de 15 ans, a fui Mogadiscio avec ses parents et ses soeurs il y a quelques semaines, pour trouver refuge chez des membres de sa famille qui habitent Baidoa, veut également rentrer chez elle. « Mogadiscio est une grande ville où il est plus agréable de vivre », explique Choukri en bon anglais, ajoutant que l'école lui manque.
Quelque 394 000 personnes ont fui Mogadiscio depuis début février. Bien que certaines, qui s'étaient installées dans des zones proches de la ville, commencent doucement à prendre le chemin du retour, beaucoup - comme Nourtou et Choukri - attendent de voir si la sécurité se maintient dans la capitale. Certaines personnes déplacées savent que leurs maisons ont été détruites, d'autres ne peuvent pas se payer le voyage de retour.
Les personnes qui vivaient dans des bidonvilles installés à l'intérieur d'anciens bâtiments publics à Mogadiscio craignent de ne pas être autorisées à y retourner par le Gouvernement fédéral de transition, qui a déclaré son intention de les expulser afin que ces bâtiments puissent à nouveau fonctionner. L'UNHCR négocie avec le Gouvernement afin de s'assurer que ces personnes seront réinstallées sur un terrain situé dans la ville qui soit économiquement viable et qui dispose de suffisamment d'infrastructures et de services.
Après avoir visité Baidoa, Judy Cheng-Hopkins a visité des bidonvilles de personnes déplacées à Galkayo, au Puntland, à quelque 700 kilomètres au nord de Mogadiscio, où plus de 10 000 personnes sont récemment arrivées, alourdissant la charge supportée par une ville qui comptait déjà environ 28 000 personnes déplacées par les précédents conflits. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés est présente à Galkayo depuis janvier, et elle y a distribué des articles de secours tels que des bâches en plastique et des matelas.
La Haut Commissaire assistante de l'UNHCR a déclaré que la priorité de l'UNHCR devrait être de venir en aide en premier à ceux qui ne reçoivent aucun soutien de la part de membres de leur famille ou de leur clan. Elle a estimé que l'agence des Nations Unies pour les réfugiés devait se concentrer sur les personnes déplacées, sans pour autant exclure les communautés qui les accueillent et qui sont tout aussi nécessiteuses. « En Somalie, tant de personnes sont pauvres qu'il est parfois difficile de faire la distinction entre les personnes déplacées et les résidents locaux pauvres, dans la mesure où tous vivent dans des bidonvilles », a-t-elle expliqué.
Judy Cheng-Hopkins a ajouté que l'UNHCR entendait accroître ses efforts dans des villes telles que Baidoa et Galkayo. Dans cette dernière, elle a rencontré une jeune mère qui craignait que son fragile abri laisse passer non seulement la pluie mais aussi les serpents et les hyènes qui rôdent autour du bidonville la nuit.
Judy Cheng-Hopkins a également rencontré des ministres du Gouvernement fédéral de transition et visité plusieurs hôpitaux qui manquent cruellement de matériel médical. Elle a estimé que l'accès aux personnes déplacées constituait la clé des efforts humanitaires en Somalie. L'insécurité continue à poser problème et on craint que des inondations restreignent l'accès à Afgooye, une ville située à 30 kilomètres au nord-ouest de Mogadiscio et où plus de 43 000 personnes se sont installées après avoir fui la capitale. L'UNHCR et ses partenaires ont distribué de l'aide à quelque 50 000 personnes à Afgooye et dans les environs.
D'autres articles de secours ont récemment été acheminés en Somalie par l'UNHCR en vue d'une prochaine distribution. L'agence prévoit également d'acheminer par avion d'autres articles de secours dans les semaines qui viennent, en utilisant l'aéroport de K50, à 50 kilomètres de Mogadiscio, qui a récemment rouvert.
L'agence va appeler les donateurs à fournir rapidement davantage de fonds afin de venir en aide aux Somaliens déplacés dans leur propre pays ou réfugiés dans des pays voisins. L'UNHCR dispose actuellement d'un budget de 5,7 millions de dollars pour la Somalie, mais ce budget avait été établi avant l'exode massif hors de Mogadiscio.
L'UNHCR estime que les combats qui ont dévasté Mogadiscio ont causé la fuite de pratiquement 400 000 personnes depuis février, selon des données fournies par un réseau d'agences humanitaires et compilés par l'UNHCR. Environ 152 000 personnes ont fui vers les provinces voisines des Shabelle (84 000 en Bas Shabelle et 68 000 en Moyen Shabelle). 109 000 autres se sont rendues dans la région de Galgaduud ; 44 000 dans celle d'Hiran ; 40 000 en Mudug ; 28 000 en Bay. Le nombre de civils fuyant la capitale somalienne s'est effondré depuis que les combats ont diminué.
Par Catherine Weibel à Baidoa et Galkayo, Somalie