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La détérioration de la situation sécuritaire dans la région colombienne de Nariño inquiète le HCR

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La détérioration de la situation sécuritaire dans la région colombienne de Nariño inquiète le HCR

L'UNHCR est profondément préoccupé par la situation sécuritaire dans le département de Nariño, en Colombie, où une nette montée de violence a eu lieu les deux dernières semaines.
30 Mai 2006 Egalement disponible ici :
Vendredi, un convoi de plus de 100 véhicules a ramené chez elles 2 200 personnes déplacées dans la zone de Policarpa, dans le département de Nariño, en Colombie..

POLICARPA, Colombie, 30 mai (UNHCR) - L'agence pour les réfugiés est extrêmement préoccupée par la situation sécuritaire prévalant dans le département colombien de Nariño, où une flambée de violence a été observée au cours des deux dernières semaines. Les troubles sont concentrés dans la municipalité de Policarpa, une région montagneuse située au nord du département.

Samedi, 15 corps ont été amenés à Policarpa des villages environnants. Parmi eux figuraient cinq civils tués pendant les combats entre des groupes armés illégaux dans le village voisin de Madrigal vendredi. Les 10 autres personnes ont été victimes d'assassinat.

« Bien que personne ne revendique sa responsabilité dans ces morts, la manière dont elles ont eu lieu correspond aux meurtres perpétrés par les groupes armés irréguliers », a indiqué mardi le porte-parole en chef de l'UNHCR, Ron Redmond, lors d'une conférence de presse à Genève.

L'UNHCR s'inquiète aussi de l'apparition de nouveaux groupes armés irréguliers qui seraient en cours de formation dans la région.

« Dans ce contexte particulièrement tendu, nous avons donné avec réticence notre accord pour accompagner, avec d'autres agences des Nations Unies, le bureau de l'Ombudsman et le Conseil Norvégien pour les Réfugiés, le retour vers la région de Policarpa, vendredi, de plus de 2 200 personnes déplacés », a indiqué Ron Redmond.

Ces personnes font partie d'un groupe arrivé mi-mai à Pasto, la capitale de Nariño, à la fin d'une marche de protestation au cours de laquelle elles ont été victimes de violences physiques. Elles ont ensuite été averties par un groupe armé irrégulier qu'elles seraient tuées si elles retournaient dans leur village d'origine.

L'UNHCR est particulièrement inquiet après avoir reçu des informations selon lesquelles des groupes armés illégaux auraient intercepté et détenu des personnes tentant de regagner leur village par leurs propres moyens cette semaine. Il semble que ces groupes irréguliers s'en prenant tout particulièrement aux jeunes hommes ne disposant pas de pièces d'identité.

« L'UNHCR a lancé un appel pressant aux représentants des déplacés à Pasto pour leur demander de reporter leur retour du fait de l'absence complète de sécurité dans leur communauté d'origine », a ajouté Ron Redmond. « Les déplacés ont néanmoins insisté sur le fait qu'ils voulaient rentrer chez eux sans délai, même s'ils devaient pour cela le faire par leurs propres moyens. »

Comme les personnes ne disposant pas de documents d'identité semblent plus exposées, l'UNHCR a proposé d'organiser une campagne d'enregistrement d'urgence conjointement avec le Bureau colombien d'enregistrement.

Les déplacés n'ont pas été découragés dans leur projet de rentrer et ont demandé d'urgence à l'UNHCR et à d'autres organisations internationales de les accompagner pour éviter les représailles des groupes armés irréguliers.

« Face à ce choix difficile d'avoir à accompagner leur retour dans des conditions potentiellement dangereuses ou de laisser plus de 2 200 personnes sans aucune protection, l'UNHCR a donné son accord pour les aider », a indiqué Ron Redmond.

Vendredi, un convoi de plus de 100 véhicules, des camionnettes, des camions et des bus, ont quitté Pasto en début de journée pour transporter les personnes déplacées dans la région de Policarpa.

Bien que le retour ait été initialement prévu vers deux destinations - les villages de Sanchez et de Santa Rosa - le convoi n'a pu atteindre que Sanchez vendredi, car la route pour Santa Rosa était coupée à cause de combats entre des groupes armés illégaux. Par conséquence, quelque 70 personnes ont dû passer la nuit en attendant que les combats cessent. Ils ont finalement atteint Santa Rosa samedi.

A Pasto, le groupe a été hébergé dans deux bâtiments mis à leur disposition par les autorités locales. L'UNHCR a coordonné la réponse d'urgence avec le bureau du gouverneur et du maire de Pasto, ainsi qu'avec l'église, les ONG et les autres agences des Nations Unies. Nous avons également fourni des fonds d'urgence et 1 500 couvertures pour compléter l'assistance apportée par les autres organisations.

« L'UNHCR demeure extrêmement inquiet quant à la protection à moyen et long terme de ceux qui sont rentrés dans le nord de Nariño. Des missions seront effectuées par l'UNHCR cette semaine aussi bien à Sanchez qu'à Santa Rosa et nous espérons pouvoir mettre en place avec d'autres organisations un programme permettant une présence permanente dans cette région », a ajouté Ron Redmond.

Le département de Nariño, dans le sud-ouest de la Colombie et à la frontière avec l'Equateur, est l'une des régions les moins développées du pays. Ces trois dernières années, le déplacement forcé s'est accru, avec environ 7 000 nouveaux cas durant les cinq premiers mois de 2006.

Par Marie-Hélène Verney à Policarpa