Hors des camps en Jordanie, les familles syriennes luttent pour survivre
Hors des camps en Jordanie, les familles syriennes luttent pour survivre
AMMAN, Jordanie, 18 mars (HCR) - Le HCR a déclaré mardi que des centaines de milliers de Syriens forcés de vivre en exil en Jordanie sont confrontés à une nouvelle crise humanitaire car ils luttent pour survivre en dehors des camps de réfugiés.
Ce signal d'alarme est lancé dans un rapport publié par le HCR et International Relief and Development (IRD). Celui-ci met en lumière la lutte quotidienne des réfugiés pour leur survie. Quelque 450 000 Syriens doivent faire face à la hausse des loyers, à des logements insalubres et à des problèmes pour la scolarisation de leurs enfants.
Le rapport est basé sur 92 000 interviews menées durant des visites à domicile en 2012 et 2013. Il reflète l'inquiétude croissante sur le fait que beaucoup de réfugiés ne peuvent plus faire face, car la crise en Syrie entre dans sa quatrième année.
L'étude fait état du dilemme auquel sont confrontés les réfugiés pour leur survie en milieu urbain, et ce malgré la générosité et le soutien que la Jordanie continue de leur offrir, y compris les services publics gratuits pour les soins de santé et l'éducation.
« Après avoir fui l'horreur du conflit déchirant leur pays, des centaines de milliers de Syriens qui ont fui la violence et les privations sont désormais confrontés à une seconde crise en tant que réfugiés », a indiqué Andrew Harper, Représentant du HCR en Jordanie. « La survie des réfugiés syriens en Jordanie ne tient qu'à un fil. Il leur faut conserver un toit au-dessus de leurs têtes et gagner suffisamment d'argent pour survivre. »
Près de quatre réfugiés sur cinq en Jordanie vivent en dehors des camps formels, mais très peu d'entre eux bénéficient de l'attention de la communauté internationale donnée au camp de Za'atri au nord de la Jordanie. Le personnel du HCR et d'IRD se sont entretenus avec des dizaines de milliers de familles pour identifier les besoins et aider la majorité silencieuse des réfugiés qui vivent dans des villes grandes et moyennes à travers tout le pays.
Selon le rapport, les ressources des réfugiés syriens s'épuisent et beaucoup d'entre eux se tournent vers des « mécanismes d'adaptation négatifs » pour joindre les deux bouts, ce qui les expose à des risques d'exploitation.
Plus de 90% de l'échantillon de la population urbaine étudiée vit dans des logements loués, peut-on lire dans le rapport. Les loyers pour les Syriens ont augmenté en 2012 et 2013, parfois jusqu'à 25% dans certaines localités. Le loyer s'élevait en moyenne à 135 dinars jordaniens (ou environ 190 dollars) et représentait les deux tiers des dépenses pour les familles réfugiées. La moitié des réfugiés syriens estiment qu'ils vivent dans des logements insalubres. Dans ces appartements mal ventilés, il y a de l'humidité et des moisissures.
Selon l'étude, 61% des enfants syriens appartenant aux familles interrogées n'ont pas été scolarisés durant l'année scolaire 2012-13. Parmi les enfants qui sont scolarisés, 5% ont rapporté avoir abandonné l'école. Le HCR et ses partenaires continuent d'en identifier les raisons, qui incluent l'adaptation au programme jordanien, l'incapacité de rattraper le retard, l'obligation de gagner de l'argent pour subvenir aux besoins de la famille et, tout aussi important, les capacités poussées à leur limite pour le système d'éducation public jordanien.
« Les enfants syriens ont déjà perdu leur passé. Maintenant, nous ne devons pas laisser une génération perdre également son avenir », a indiqué Andrew Harper, le Représentant du HCR en Jordanie. « Les enfants syriens en Jordanie doivent recevoir les compétences pour se reconstruire eux-mêmes et pour l'avenir de leur pays. »
Le rapport suggère également que les réfugiés syriens deviennent de plus de plus autonomes. L'accès au travail légal en Jordanie est un défi pour les réfugiés. Cependant, la proportion des cas disant recevoir un salaire issu d'un emploi a augmenté de 28% à 36% entre 2012 et 2013. La proportion des réfugiés qui ont rapporté recevoir un salaire venant de l'assistance humanitaire et des organisations de charité a baissé de 63% à 49%.
Le HCR et IRD continuent d'interviewer environ 10 000 familles de réfugiés chaque mois pour mieux comprendre les vulnérabilités - qu'elles soient nouvelles ou que d'anciennes vulnérabilités se soient aggravées - parmi les familles réfugiées. Cela permettra de mieux cibler les services et les programmes d'aide en répondant aux besoins des réfugiés, alors que la crise en Syrie s'aggrave encore.