Forcés de quitter leurs foyers, les déplacés internes en RDC ont besoin d'abris d'urgence
Forcés de quitter leurs foyers, les déplacés internes en RDC ont besoin d'abris d'urgence
Elodie Kavugho, 41 ans, et ses huit enfants ont vécu durant des mois sous la tente et ont subi de fréquentes fuites d’eau avant d'avoir pu bénéficier d’un abri durable.
Cette mère célibataire avait été forcée de fuir avec ses enfants en mars 2020, après une attaque contre son village commise par l'un des groupes armés les plus dangereux dans le territoire de Beni, au nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
« Nous avons marché deux jours pour rejoindre la ville de Mangina, où nous n'avions nulle part où dormir », se souvient-elle. « Nous avons eu très mal aux pieds durant une semaine ; nous les avons massés tous les jours. »
Après neuf longs mois, sa famille a finalement pu s'installer dans un abri décent - une maison durable en briques avec un toit de chaume - fourni par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et ses partenaires.
« Nous avons marché deux jours...Nous avons eu très mal aux pieds pendant une semaine. »
« Nous nous sentons plus en sécurité maintenant », dit-elle avec joie. « Mes enfants et moi, nous pouvons enfin dormir la nuit. »
Plus de deux millions de déplacés internes congolais, qui ont été forcés de fuir leurs foyers dans la province du Nord-Kivu, ont subi le même sort, à savoir être exposés aux éléments et attendre avec impatience d'avoir un toit au-dessus de leur tête.
La plupart d'entre eux ont pu compter sur l'hospitalité de leurs communautés d'accueil pour se loger, bien que la situation soit très difficile à la fois pour les déplacés et leurs hôtes.
La maison de Kahambu Mwavuli, 57 ans, à Oicha, dans le territoire de Beni, est occupée dans sa totalité. Plus de 25 personnes, dont sa propre famille de sept personnes et les déplacés internes qu'elle a accueillies, s'y entassent actuellement.
« Je les ai tous accueillis mais j'ai un peu d'espace disponible », explique-t-elle.
Les actes de solidarité et de gentillesse ne sont pas rares ici.
Lorsque la situation sécuritaire s'améliorera, certains déplacés rentreront chez eux mais, pour diverses raisons, beaucoup d'autres choisiront de rester.
Dusabé Irasebura, 53 ans, sa femme et ses six enfants ont fui leur maison il y a plusieurs années et ont trouvé refuge à Kitchanga, dans le sud de la province. Après avoir vécu dans un site surpeuplé pendant dix ans, ils sont désormais les fiers propriétaires de leur habitation dans la ville de Kitchanga, avec le soutien du HCR.
« Je vis désormais chez moi », déclare Dusabé, qui a acheté un terrain et, avec l'aide d'une équipe de constructeurs et d'ingénieurs du HCR et de son partenaire AIDES, a construit une maison. « Je n'ai plus à dormir dans la même pièce que tous mes enfants. Je ne suis plus déplacé et c’est tellement bien ! »
Dans une région en proie aux violences incessantes depuis plus de deux décennies, trouver des solutions durables pour les personnes déplacées internes peut s’avérer difficile, mais ce n’est pas impossible.
Justine Dede, responsable du HCR pour la coordination des camps et basée à Goma, souligne les efforts déployés pour décongestionner les sites de déplacés internes et promouvoir des solutions pour les personnes en situation de déplacement prolongé.
« Lorsque le retour est impossible, nous aidons les personnes déplacées à l’insertion dans la communauté d'accueil, afin qu'elles puissent continuer leur vie et se construire un nouvel avenir », explique-t-elle.
- Voir aussi : Les attaques d'un groupe armé forcent 20 000 civils à fuir leurs foyers dans l'est de la RDC
Avec plus de 5 millions de personnes qui sont devenues des déplacés internes du fait des violences et de l'instabilité à travers la RDC depuis 2017, le HCR a intensifié sa réponse opérationnelle dans le pays pour aider les personnes dans le besoin, en se concentrant sur le suivi et l'assistance en matière de protection, le soutien pour les abris, la distribution d'articles de secours et l'aide aux personnes qui choisissent de rentrer chez elles.
Si Elodie et Dusabé font partie des personnes qui ont reçu cette aide vitale, des dizaines de milliers de personnes continuent de vivre dans des conditions désastreuses en raison du manque de financement et de ressources.
« Je ne sais pas où aller ensuite. »
Edmon Bakituwa a trouvé refuge dans une école primaire d'Oicha pendant la pandémie de Covid-19, lorsque les écoles étaient fermées mais, alors qu'elles rouvrent, on demande aux familles déplacées de quitter les lieux.
« Mon séjour ici s’est prolongé, mais je ne sais pas où aller ensuite », dit-il le regard perdu au loin.
Alors que de plus en plus de personnes fuient vers des villes plus sûres, la situation du logement continue de se détériorer. Le HCR s'efforce d'améliorer les conditions de logement des personnes déplacées au Nord-Kivu, mais une aide supplémentaire est requise d'urgence pour répondre aux besoins en matière d'abris dans les régions où la situation de sécurité est plus stable.
Plus de 23 000 familles déplacées du Nord-Kivu ont reçu une aide à l'hébergement en 2020, mais les besoins globaux ne cessent de croître, avec plus de 100 000 familles ayant encore un besoin urgent d’une habitation dans cette province.
« J'espère que Dieu nous aidera et que je pourrai trouver un endroit où je pourrai me sentir chez moi », déclare Edmon.