Est du Tchad : le HCR et les réfugiés luttent contre l'avancée du désert
Est du Tchad : le HCR et les réfugiés luttent contre l'avancée du désert
ABECHE, Tchad, 21 août (HCR) - Stopper l'avancée régulière du désert du Sahara au niveau de la zone sahélienne semi-aride de l'est du Tchad constitue un défi environnemental majeur, qui pourrait être qualifié de combat entre David et Goliath.
Le Tchad, l'un des pays les plus secs et les plus chauds de la planète, a fêté jeudi la Journée de l'arbre, point culminant de la Semaine nationale de l'arbre au cours de laquelle 9,4 millions de personnes ont été encouragées à planter chacune au moins un arbre.
Durant la semaine, le Président tchadien Idriss Déby a invité Stefano Severe, le délégué du HCR au Tchad, ainsi que d'autres chefs d'agences des Nations Unies à planter des arbres au côté de représentants du gouvernement près de N'Djamena, la capitale. Une cérémonie similaire a eu lieu à Abéché, la capitale de l'est du Tchad.
« C'était très émouvant », a déclaré Emmanuel Gignac, le délégué adjoint du HCR à Abéché. « Nous nous sommes tous agenouillés ensemble pour mettre en terre nos boutures d'arbre. Peu après, des Tchadiens sont venus me voir et m'ont sincèrement remercié pour ce geste. »
Les 320 000 réfugiés au Tchad ont également été invités à planter des arbres. Dans le cadre du soutien du HCR au programme de reboisement régional dans la zone sahélienne de l'Afrique, ce sont 400 000 arbres qui ont été plantés dans l'est du Tchad cette année.
Les préparatifs ont commencé au mois de mars lorsque des groupes de réfugiés soudanais hébergés dans les 12 camps de l'est du Tchad gérés par le HCR ont commencé à travailler dans des pépinières, remplissant des dizaines de milliers de petits sacs plastique avec de la terre et du sable.
Ils ont alors planté une bouture d'arbre dans chaque sac. Ensuite ils les ont mis à l'ombre pour les protéger de la température s'élevant en moyenne entre 45 et 50 degrés Celsius et ils les ont arrosés avec soin pendant des mois. La pluie est une ressource rare dans l'est du Tchad. Toutefois, au mois d'août pendant la saison des pluies durant trois mois, la terre est prête à nourrir une plante.
« Cette année, avec l'aide de nos partenaires, nous planterons 250 000 boutures forestières et 150 000 arbres fruitiers », a indiqué Andrea Masini, en charge de la gestion de l'environnement pour le HCR à Abéché. « Avec les autorités locales, nous avons identifié, pour notre programme de reboisement, un total de 200 hectares soit l'équivalent de la taille de 100 terrains de football, à l'extérieur de camps de réfugiés, de sites accueillant des personnes déplacées internes et de villages. »
Des variétés d'arbres fruitiers comme le citronnier, le papayer et le manguier sont distribués gratuitement aux réfugiés, aux déplacés internes et aux populations locales pour qu'ils les plantent près de chez eux. L'expérience accumulée au cours des deux années de mise en oeuvre du programme de reboisement a montré que les arbres plantés près des maisons avaient plus de chances de survie. De nombreux arbres plantés dans les champs sont morts à cause du manque d'eau ou ils ont été mangés par des ânes ou par des vaches.
Des espèces forestières comme l'acacia et le prosopis, qui résiste à la sécheresse, sont plantées dans des zones réservées. Elles seront protégées par des clôtures et elles sont soignées pendant un an pour accroître leurs chances de survie. Il leur faudra encore trois ou quatre ans pour grandir suffisamment et pour faire de l'ombre, alors que les arbres fruitiers récompensent leurs propriétaires par une récolte après seulement deux ou trois ans.
Les 250 000 réfugiés du Darfour dans le désert de l'est du Tchad souffrent de conditions climatiques extrêmes. Les 70 000 réfugiés de la République centrafricaine dans le sud du Tchad vivent, eux, dans un environnement plus favorable. Le HCR a utilisé la Journée de l'arbre pour leur apprendre à respecter cet environnement.
En plus de planter des arbres, les réfugiés du Sud ont été encouragés à ne pas couper des arbres au hasard, mais d'en laisser un tous les 12 ou 15 pas quand ils doivent défricher une terre.
Comme le dit la campagne lancée par le HCR à Goré, dans le sud du Soudan, « la nature n'est pas un supermarché aux produits illimités. Chacun est responsable de la préservation de l'environnement pour les générations futures. »
Par Annette Rehrl à Abéché, Tchad