Des spectacles de magie pour des enfants réfugiés en Iran
Des spectacles de magie pour des enfants réfugiés en Iran
JAHROM, Iran, 5 mai (UNHCR) - « Un ballon et une aiguille peuvent-ils faire bon ménage ? » a demandé Tom Verner à un groupe d'enfants réfugiés iraquiens au camp de Dastgheib à Jahrom, une ville située au sud de l'Iran.
« Non ! » ont répondu en coeur les enfants. Alors qu'ils retenaient leur souffle, il a planté une aiguille énorme dans un ballon sans le faire éclater. En la retirant doucement, il a dit, « Cela pourrait être l'Inde et le Pakistan, l'Israël et la Palestine, l'Iraq et l'Amérique. Nous devrions vivre en paix, ou alors le monde deviendrait comme ça, » et il a fait éclater le ballon avec la même aiguille.
Le duo composant les Magiciens sans Frontières, Tom Verner et sa femme Janet Fredericks, se sont récemment rendus dans des camps de réfugiés en Iran pour divertir et éduquer plus de 2 000 enfants iraquiens et afghans.
Artiste mime, Janet Fredericks a repris le rôle du clown La Fleur, en agitant les mains et en utilisant des écharpes et des bulles pour amuser les enfants. Tom Verner a fait des tours de magie. Il a rallongé des cordes, fait disparaître des écharpes, joint et séparé des anneaux d'acier entre eux.
Les enfants étaient enchantés. « C'est la première fois que les enfants sont restés assis si poliment et si calmement sans avoir à être rappelés à l'ordre, car ils sont habituellement dissipés », a dit Karamat Allah Pahlevani, le directeur du camp de Dastgheib. « C'est un signe prouvant combien il sont intéressés par le spectacle et combien il est important de mettre en oeuvre de tels programmes pour eux, qui sont démunis et qui n'ont aucune source de distraction dans leur vie. »
La magie est un mot universel que tout le monde comprend, a indiqué Tom Verner, en expliquant comment il a communiqué avec des jeunes iraquiens et afghans, dont quelques-uns parlent l'anglais. Il a choisi quelques enfants parmi les spectateurs pour l'assister, et il a multiplié les balles en éponge dans leurs mains.
« Selon ce que je veux enseigner aux enfants, j'utilise différents mots qui peuvent peut-être illustrer la même idée », a-t-il dit. L'analogie du ballon et de l'aiguille, par exemple, est utilisée en Afrique pour expliquer aux enfants la stigmatisation au sujet du VIH/SIDA. En Iran, cette méthode a été utilisée pour enseigner la paix, une notion dont ils ont peu entendu parler, aux enfants déracinés par la guerre sévissant dans leur pays
L'Iran est le tout dernier pays, parmi 17 autres, où les Magiciens sans Frontières ont organisé des spectacles dans des camps de réfugiés et des orphelinats. Ils se sont rendus aussi en Ethiopie, en Haïti, en Bosnie, en Croatie, en Chine, au Soudan et au Salvador.
Tom Verner a d'abord commencé ses spectacles dans des camps au Kosovo et en Macédoine en 1991. Inspiré par son impact sur les enfants - « La magie aide à réveiller l'espoir et les rêves des réfugiés qui ont disparu durant des années et des années de vie dans les camps » - le professeur en psychologie a pris une année sabbatique pour se concentrer sur le sujet. Il en est maintenant à sa septième année de congé.
Son association à but non lucratif est financée par sa famille, ses amis et des gens qui croient au pouvoir du sourire et des rires pour les enfants réfugiés. Quand il s'est fait connaître, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés lui a fourni un soutien logistique et a payé une partie de ses dépenses de voyage.
« Au fil de nos visites dans des camps de réfugiés dans le monde entier, j'ai pu admirer le travail de l'UNHCR lors de crises humanitaires », a dit Tom Verner. Avec sa femme, ils ont été aussi très impressionnés par l'accueil chaleureux qui leur a été réservé en Iran ainsi que par l'hospitalité de ce pays envers les réfugiés, un pays qui accueille à ce jour plus de 900 000 réfugiés afghans enregistrés et quelque 54 000 réfugiés iraquiens.
La question qui revient le plus couramment parmi les personnes qui ont pu apprécier le spectacle des Magiciens sans Frontières est : Quand revenez-vous ?
« Ces enfants n'ont aucune autre distraction que les sports », a dit Zeinab Shahriari, une enseignante du camp de Dalaki hébergeant des réfugiés afghans à Bushehr, dans le sud de l'Iran. « Ce genre de spectacle est très efficace pour redonner le moral aux enfants et cela les aidera à se familiariser avec d'autres cultures. Donc ce serait vraiment bien si cela pouvait se répéter plus souvent. »
Lal Mohammad Bakhtiari, un garçon âgé de 12 ans au camp de Dalaki, a dit simplement, « nous souhaitons une bonne santé et beaucoup de bonheur aux magiciens qui sont venus dans notre camp et qui nous ont rendus heureux. »
Janet Fredericks a indiqué qu'ils prévoient de continuer à jouer « jusqu'au jour où nous ne pourrons plus physiquement le faire. »
Par Dina Faramarzi à Jahrom, Iran