Des réfugiés congolais au Sud-Soudan préparent le retour vers leur patrie
Des réfugiés congolais au Sud-Soudan préparent le retour vers leur patrie
JUBA, Sud-Soudan, 12 décembre (UNHCR) - Ce week-end, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a fini d'enregistrer un groupe de 851 réfugiés originaires de République démocratique du Congo (RDC), restés au Sud-Soudan ces 40 dernières années et souhaitant maintenant rentrer chez eux.
Le groupe a quitté la RDC (alors le Zaïre) entre 1965 et 1968, fuyant le chaos et les combats qui ont suivi l'indépendance, puis le coup d'Etat qui a porté Mobutu Sésé Seko au pouvoir. Les réfugiés sont partis en direction du nord-est vers Juba, au Sud-Soudan.
Le nombre total de réfugiés congolais demeurant dans cette partie du Soudan est le double du nombre enregistré jusqu'à maintenant - environ 1 700 en tout - et l'UNHCR pense que beaucoup d'entre eux se décideront pour le retour une fois que le rapatriement aura commencé.
Même si une proportion significative du groupe est née au Sud-Soudan et bien intégrée dans la société soudanaise, la majorité d'entre eux ont fait part à l'UNHCR de leur désir de rentrer sur la terre de leurs ancêtres.
« Je suis né ici, à Juba, il y a 22 ans », dit Gilbert. « Mais je veux rentrer là où mes grands-parents sont nés, à Kisangani. Mes parents m'ont parlé du Congo quand je grandissais au Sud-Soudan. Je ne sais pas à quoi ce pays ressemble, mais je n'ai pas peur d'aller là-bas. » Gilbert est allé à l'école à Juba et il a fait ses études en arabe. Il espère pouvoir terminer l'école secondaire avant de rentrer en RDC.
D'autres, comme Christopher (âgé de 34 ans et également né à Juba), espèrent trouver un emploi à Kisangani, d'où viennent ses parents et ses grands-parents. Il travaille pour une ONG internationale à Juba, et même s'il admet n'avoir aucun lien avec la RDC, « je m'en remets aux mains de Dieu pour qu'il me donne une vie agréable là-bas pour moi et ma famille ».
Christopher a deux femmes soudanaises qui l'accompagneront en RDC, la terre de ses ancêtres, un pays qu'elles ne connaissent pas du tout. Beaucoup de réfugiés de RDC et leurs enfants se sont mariés à des Soudanais pendant leurs 40 ans d'exil.
Malgré son désir de rentrer, Christopher est inquiet quant à la sécurité en RDC. « Je veux avoir un emploi et la sécurité. Je ne veux pas entendre le sifflement des balles. La guerre a été intense pendant toutes ces années au Sud-Soudan. Cela a été traumatisant pour les habitants du sud, et aussi pour nous », explique-t-il dans un anglais parfait.
Christopher est resté à Juba avec sa famille pendant les 21 ans de guerre dans le Sud-Soudan. Ville de garnison sous contrôle du gouvernement de Khartoum pendant toute la durée de la guerre, Juba a été fréquemment bombardée par l'armée du nord et l'Armée de libération du peuple soudanais a combattu pour prendre le contrôle de la ville. Christopher a dû nettoyer les chaussures des soldats pour gagner un peu d'argent et acheter de la nourriture à sa famille. Depuis, il a une profonde aversion pour les armes et ceux qui les portent : « J'ai peur lorsque je vois des gens avec des armes », dit-il.
Un autre réfugié congolais, Gobbi, avait 41 ans quand il a quitté sa terre natale. « Pour être exact, c'était le 28 mars 1965, » confirme-t-il en français, la langue officielle du Zaïre (l'ancienne colonie belge) à ce moment-là. Maintenant âgé de 81 ans, il est prêt à rentrer en République démocratique du Congo. Même si pendant ce temps, il a changé trois fois de nom, c'est sa terre natale : « Le Sud-Soudan n'est pas mon pays même si j'ai passé la moitié de ma vie ici. Je veux rentrer avec toute ma famille au Congo », dit-il.
Après la guerre civile au Sud-Soudan, officiellement achevée par la signature des accords de paix le 9 janvier dernier, l'UNHCR a pu répondre au désir des réfugiés de la RDC et les aider à rentrer chez eux. L'agence espère pouvoir commencer le premier rapatriement par avion d'ici les tout prochains mois. La plupart des Congolais seront rapatriés dans les régions près de Kisangani, Bumba, Akete ou Banduka, dans la partie est de la RDC.
« Le processus d'enregistrement pour le premier groupe de 315 familles a commencé le 28 novembre, et il a fallu deux semaines pour le terminer », explique Fred Dotse, responsable de la protection de l'UNHCR à Juba. « Mais il est essentiel d'aider les réfugiés de la RDC à rentrer, particulièrement ceux qui ont demandé à l'UNHCR de les assister. Les plus âgés ont un réel attachement émotionnel à leur pays. Il est important pour eux de rentrer avec leurs enfants et leurs petits-enfants. »
Par Hélène Caux à Juba