Des milliers de personnes fuient les attaques de Boko Haram contre une ville du Niger
Des milliers de personnes fuient les attaques de Boko Haram contre une ville du Niger
NIAMEY, Niger, 7 juin (HCR) - Des dizaines de milliers de personnes ont fui le sud-est du Niger suite à une série d'attaques commises ces derniers jours par des insurgés de Boko Haram contre la ville de Bosso dans la région instable de Diffa, a déclaré aujourd'hui l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Les attaques ont eu lieu vendredi, dimanche et lundi (3, 5 et 6 juin). Aujourd’hui (7 juin), la situation à Bosso est incertaine. Le HCR avait déjà lancé une alerte le mois dernier selon laquelle la situation sécuritaire et humanitaire s'aggravait dans la région de Diffa.
« Nous ne travaillons pas directement à Bosso depuis février 2015, quand l'insurrection au Nigéria s’est propagée au Niger. Toutefois, nous poursuivons nos opérations via des partenaires locaux pour fournir de l'aide aux personnes déracinées et à leurs hôtes », a déclaré le porte-parole du HCR Adrian Edwards, lors d’un point de presse à Genève.
Selon Adrian Edwards, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés travaille avec les autorités et les partenaires pour assurer une aide coordonnée aux personnes déracinées. Une équipe d'urgence du HCR sera déployée dans la région de Diffa cette semaine.
Les attaques les plus récentes font suite à la montée de la violence dans et autour de Bosso ces dernières semaines. Le 31 mai dernier, un assaut a été mené contre la ville voisine de Yebi. Neuf personnes ont été tuées. Par ailleurs, environ 15 000 habitants et personnes déjà déracinées ont été forcés de chercher refuge à Bosso. Beaucoup avaient été évacués il y a un an depuis des îles du lac Tchad pour des raisons de sécurité.
Environ 50 000 personnes ont fui l'attaque de vendredi et elles se dirigent principalement vers l'ouest à Toumour, à environ 30 kilomètres à l'ouest de Bosso. Beaucoup sont traumatisées et inquiètes pour leur sécurité. Elles dorment en plein air et il faut de toute urgence leur fournir des abris et d'autres types d'assistance.
Certains déplacés ont continué leur voyage depuis Toumour et se dirigent vers la ville de Diffa, qui est située à 140 kilomètres à l'ouest de Bosso, et également plus au nord vers Kabelawa où un camp accueillant des déplacés a pratiquement atteint sa capacité initiale d’accueil qui est de 10 000 personnes.
« Le bien-être de ces habitants et des personnes déjà déracinées qui sont contraints de fuir la violence en Bosso est très préoccupant », a déclaré Adrian Edwards aux journalistes lors du point de presse. « L'insécurité et le manque d'accès entravent depuis longtemps les opérations humanitaires dans certaines parties de la région de Diffa, bien que Bosso soit la seule localité où nous ne mettons pas en œuvre des projets directement », a-t-il ajouté.
On compte au moins 240 000 personnes déracinées dans la région de Diffa, y compris des réfugiés nigérians, des rapatriés nigériens rentrés du Nigéria et des personnes déplacées internes. Avant la dernière attaque menée contre Bosso, un habitant de la région de Diffa sur trois était déjà déraciné.
Depuis février 2015, le HCR fournit protection et assistance aux personnes déracinées à Bosso via des partenaires ONG locaux et internationaux.
Adrian Edwards a souligné qu’un financement additionnel de la part des pays donateurs est requis d’urgence. « Cette région est pauvre et l'insécurité généralisée y a détruit son tissu socio-économique. La capacité d'autonomie des personnes déracinées et de leurs hôtes est extrêmement limitée », a-t-il déclaré.
Les attaques contre Bosso interviennent juste avant le début d'une réunion de haut niveau prévue de lundi au mercredi à Abouja pour discuter des défis majeurs en matière de protection dans le bassin du lac Tchad, y compris le Niger.
Organisée par le gouvernement nigérian, avec l'appui technique du HCR, les participants à cette réunion sont de hauts fonctionnaires du Nigéria, du Tchad, du Cameroun et du Niger.