De plus en plus de réfugiés congolais rentrent en Equateur
De plus en plus de réfugiés congolais rentrent en Equateur
BUBURU, République démocratique du Congo, 22 octobre (UNHCR) - Cette année, plus de 16 000 réfugiés ont regagné avec l'assistance de l'UNHCR, leurs districts d'origine, dans la province de l'Equateur, en République démocratique du Congo. Le chiffre équivaut presque celui des trois dernières années cumulées.
L'augmentation du nombre de retours vers les forêts tropicales du nord-ouest de la RDC - presque tous en provenance du pays voisin, le Congo, au-delà du fleuve Oubangui - intervient alors que l'UNHCR prépare la réduction progressive de son opération de rapatriement volontaire assisté vers cette région à la mi-2008. Des employés de l'UNHCR indiquent que cette progression n'avait été possible que parce que l'agence avait intensifié les voyages de retour via le fleuve, transportant maintenant les rapatriés vers deux destinations simultanément - Buburu et Imese.
Selon les estimations, le nombre total de retours devrait approcher cette année les 18 000, par rapport aux 1 946 personnes rapatriées en 2004, quand le programme a commencé, aux 7 286 en 2005 et aux 10 655 personnes l'année dernière. Presque tous les rapatriés sont rentrés depuis le Congo.
« Depuis le lancement de l'opération de rapatriement en 2004, près de 36 000 réfugiés congolais sont rentrés pacifiquement dans la province de l'Equateur, en RDC », dit le délégué régional de l'UNHCR, Eusebe Hounsokou, en regardant les réfugiés embarquer à Impfondo, une ville située sur les rives nord du fleuve Oubangui, au Congo.
« La zone de retour est extrêmement isolée, même selon les critères africains », explique-t-il, ajoutant que cette année, l'UNHCR a déjà organisé plus de 100 convois de rapatriement par bateau, depuis le Congo vers la province de l'Equateur.
Le fleuve Oubangui forme une frontière naturelle entre les deux Congo, séparant des centaines de kilomètres de forêt tropicale dense, avant de se jeter dans le fleuve Congo. Entre 1997 et 2002, la province de l'Equateur a été déchirée par des combats opposant les troupes gouvernementales et les rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC), qui ont poussé plus de 60 000 Congolais à fuir en traversant le fleuve. La paix est maintenant revenue dans cette région et les forces militaires se sont retirées des zones de retour des réfugiés.
L'UNHCR fait face à des difficultés logistiques pour fournir de l'aide aux communautés de rapatriés, dispersées dans de petits villages le long du fleuve. L'agence pour les réfugiés a adopté une approche flexible, en vertu de laquelle elle intensifie ou diminue progressivement sa présence et son travail, explique Insa Saibou, responsable du bureau de terrain de l'UNHCR à Buburu. Concrètement, l'agence a ouvert cinq bureaux pour en fermer quatre plus tard, une fois que les besoins d'assistance avaient diminué.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a aussi utilisé des bateaux en bois fabriqués tout spécialement - appelés des « baleinières » - pour le rapatriement. Ces embarcations longues et fines ne peuvent transporter plus de 50 personnes à la fois, mais elles peuvent naviguer plus facilement sur la rivière Oubangui et ont aidé à accroître le nombre de rapatriés.
« Le nombre des rapatriements dans la province de l'Equateur a beaucoup augmenté, car nous pouvons organiser quatre convois de rapatriement par bateau par semaine, pour deux destinations à la fois, avec jusqu'à 1 000 rapatriés par semaine », a indiqué Ben Diallo, chef du bureau de l'UNHCR à Impfondo. Les deux principales routes de rapatriement allant d'Impfondo à Imese et Buburu ont été ouvertes respectivement en février et en juillet cette année.
Une fois de retour chez eux, les rapatriés doivent encore faire face à des conditions difficiles dans une région manquant d'infrastructures et de services de base. La pirogue est le principal moyen de transport dans la région, qui ne comporte que peu de routes. De nombreux centres de santé sont en très mauvais état, après avoir été négligés pendant des années.
Cela n'a pas empêché des gens comme Wera Mwaiyanga qui, après être descendu de la baleinière de l'UNHCR qui l'avait ramené de Buburu à la fin de la semaine dernière, a annoncé : « Je suis très heureux de rentrer chez moi. » Cet homme de 41 ans a indiqué qu'il prévoyait d'envoyer ses enfants à l'école et de devenir fermier.
Au centre de transit de l'UNHCR, la famille de Wera Mwaiyanga et d'autres familles rapatriées ont reçu un kit de retour contenant des jerrycans, des couvertures, des ustensiles de cuisine, des bâches en plastique et des outils nécessaires pour construire une maison traditionnelle en briques de terre. Le lendemain, Wera Mwaiyanga et sa famille étaient transportés vers leur village d'origine.
L'UNHCR procède aussi à des visites médicales au centre de transit et vaccine les enfants contre la rougeole. Les agences partenaires ont sensibilisé les rapatriés sur le VIH/SIDA et le danger que représente la présence de mines terrestres.
Dans les principales zones de retour, l'UNHCR facilite la réhabilitation de centres de santé et d'écoles, et soutient des projets générateurs de revenus comme la pêche et la menuiserie. Mais ces projets sont limités et les rapatriés souhaiteraient que davantage soit fait pour les aider à se réintégrer. La communauté internationale doit faire davantage pour aider au développement de la région et à la restauration des services élémentaires de santé et d'éducation.
Depuis 2004, plus de 136 000 réfugiés congolais ont été rapatriés vers la RDC, principalement vers les provinces du Sud-Kivu (59 000), de l'Equateur (36 000) et du Katanga (35 000). La majorité d'entre eux sont rentrés avec l'aide de l'UNHCR. Quelque 310 000 réfugiés congolais restent par ailleurs dans des pays comme la Tanzanie (101 000), la Zambie (56 000), le Rwanda (45 000) et le Congo (31 000).
Le programme de rapatriement de l'UNHCR vers la province de l'Equateur depuis le Congo a été financé par plusieurs donateurs, notamment le Gouvernement américain et Service d'Aide Humanitaire de la Commission européenne (ECHO).
Par Jens Hesemann à Buburu, République démocratique du Congo