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Avoir un toit ou se nourrir : le dilemme des déplacés au Sri Lanka

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Avoir un toit ou se nourrir : le dilemme des déplacés au Sri Lanka

Depuis ces derniers mois, le foyer de Nageswary et de ses cinq enfants n'est rien d'autre que le sol d'un marché en plein air près de la ville de Kilinochchi, au nord du Sri Lanka. Cependant, ils sont toujours en danger et, comme les autres, elle doit faire face à un dilemme, celui de se déplacer encore ou de rester.
26 Décembre 2006 Egalement disponible ici :
Après des décennies de conflit ethnique, le déplacement fait partie intégrante de la vie de nombreux Sri Lankais. Les violences de cette année ont contraint plus de 210 000 d'entre eux à fuir leurs maisons pour trouver abri dans les bâtiments publics, au sein de familles d'accueil et, dans certains cas, simplement à la belle étoile.

KILINOCHCHI, Sri Lanka, 26 décembre (UNHCR) - Depuis ces derniers mois, le foyer de Nageswary* et de ses cinq enfants n'est rien d'autre que le sol d'un marché en plein air près de la ville de Kilinochchi, au nord du Sri Lanka.

Les combats entre les forces gouvernementales et le mouvement des Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE) se déroulent non loin, mais elle se demande si elle ne rejoindrait pas un site de relocalisation de l'UNHCR, plus en sécurité. « Je passe mes journées à réfléchir et attendre », dit Nageswary, qui a dû fuir sa maison lorsque les combats se sont dangereusement rapprochés en août.

Pour Nageswary, et plus de 210 000 Sri Lankais comme elle, les intentions de prières ne manquent pas alors qu'ils implorent la fin des violences qui ont repris en avril après quatre années de paix et la chance de pouvoir rentrer dans leurs maisons qu'ils ont dû fuir.

Tout d'abord, ils ont bien évidemment présent à l'esprit les problèmes du lieu où habiter et de la façon dont ils vont survivre. Nageswary, ses enfants et un petit enfant nouveau-né font encore partie des 20 familles qui ont trouvé abri dans le marché.

Ils font partie des chanceux qui ont reçu du matériel de secours de base - notamment des bâches en plastique, des matelas, des serviettes de toilette et des moustiquaires - de l'UNHCR et des agences partenaires depuis août. Plusieurs milliers de personnes dans les zones contrôlées par les rebelles - et difficiles d'accès - dans les régions de Kilinochchi et Mullaitivu ont aussi besoin de tels secours.

« Cela nous a facilité la vie, mais avec les fortes pluies, l'eau s'infiltre toujours entre les toiles goudronnées », explique Nageswary : « Les toilettes temporaires faites avec des barriques ont commencé à déborder et nous devons faire notre toilette au puits sur le bord de la route. Il n'y a aucune intimité. »

A un moment, 50 familles vivaient serrées sous le toit du marché avec Nageswary. Depuis, beaucoup sont rentrées chez elles, prenant le risque de se trouver pris dans les échanges de tirs. Cependant, ils peuvent au moins pêcher pour nourrir leurs familles. « Je ne rentrerai pas avant la fin des combats », a expliqué Nageswary, mais elle doit faire face au même dilemme.

Nageswary sait qu'elle serait plus en sécurité dans un site de relocalisation - elle en a d'ailleurs déjà visité un - mais elle a indiqué que « depuis le marché, nous pouvons deviner les prévisions météo et prédire quand la mer sera trop forte pour les combats. Bien que cela soit dangereux, nous pouvons pêcher ces jours-là. » Le problème de la nourriture est plus important que celui de l'hébergement pour certains.

Ce dilemme a pour conséquence le faible taux d'occupation de plusieurs sites de relocalisation, alors que les autorités essaient d'héberger plus de 70 000 personnes, enregistrées comme récemment déplacées dans les districts de Kilinochchi et Mullaitivu, contrôlés par la LTTE. D'autres sites demeurent vacants alors que les agences attendent les ressources nécessaires pour construire des équipements adéquats d'accès à l'eau et de sanitaires.

« Déplacer qui que ce soit quelque part est un défi important », a expliqué Nageswary, qui a demandé à l'UNHCR du matériel d'hébergement pour qu'elle puisse s'installer sur un terrain privé à côté du marché. Cependant, il n'y a aucun équipement et un travail considérable sera nécessaire pour que cet endroit corresponde aux standards minimum de vie. Aussi Nageswary attend encore alors qu'augmente la pression sur les familles déplacées pour qu'elles évacuent les bâtiments communaux.

Les agences humanitaires, tout comme les personnes qu'elles essaient d'aider, doivent faire face à des choix difficiles. Dans cette situation, l'UNHCR ne pourrait pas investir, mêmes de faibles ressources, pour une situation qui ne serait pas durable.

L'agence pour les réfugiés poursuit ses concertations avec les communautés d'accueil sur les façons d'impliquer les personnes déplacées, comme Nageswary, dans des activités locales génératrices de revenus. Cependant alors que les restrictions sur l'approvisionnement ont progressivement aussi un impact sur ces populations d'accueil, un nombre croissant sur les 335 000 habitants de Mullaitivu et Kilinochchi répondent en disant qu'ils sont obligés d'avoir recours aux mêmes tactiques de survie, en puisant dans leurs économies et en vendant leurs biens de valeur.

Lorsque la situation de la sécurité le permet, l'UNHCR et ses partenaires s'efforcent d'évaluer les conditions de vie de Nageswary et d'autres personnes dans son cas et de leur fournir une assistance de première nécessité. D'ici la fin de l'année, l'UNHCR et ses partenaires auront construit quelque 4 000 hébergements d'urgence pour les familles nouvellement déplacées au Sri Lanka et auront distribué des biens de secours basiques à plus de 17 500 personnes déplacées et leurs familles d'accueil. L'UNHCR seul a distribué quelque 20 000 bâches goudronnées pour renforcer les abris et les maisons des familles d'accueil.

Toutefois, cette réponse dépend du fait que l'aide humanitaire puisse atteindre les personnes qui en ont besoin, comme Nageswary. Pour ces personnes dans les régions affectées par le conflit au Sri Lanka, cette situation attentiste devient critique.

* Nom fictif

Par Clare Graham à Kilinochchi, Sri Lanka