António Guterres, Haut Commissaire, appelle à davantage de soutien pour les réfugiés iraquiens

DAMAS, Syrie, 14 février (UNHCR) - António Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a appelé mardi la communauté internationale à davantage de soutien pour les réfugiés iraquiens en Syrie et en Jordanie ainsi qu'à davantage de places de réinstallation dans des pays tiers. Il a aussi appelé le Gouvernement iraquien à être plus actif pour assister sa population déplacée.

Au troisième jour de sa mission d'une semaine dans la région, António Guterres a indiqué que l'objectif global est d'assurer que des millions d'Iraquiens déplacés par le conflit reçoivent autant de protection et d'assistance que possible.

Il a expliqué que la réponse internationale reste trop faible par rapport à l'ampleur du problème. « La communauté internationale doit fournir davantage de soutien aux Iraquiens eux-mêmes, via les programmes visant à aider les réfugiés iraquiens présents en Syrie, en Jordanie et d'autres pays hôtes », a-t-il dit. « A ce jour, l'aide internationale est insuffisante face aux défis auxquels ces pays doivent faire face. »

Le Haut Commissaire a aussi demandé aux gouvernements d'accroître le nombre des places de réinstallation pour les réfugiés vulnérables. « Certaines familles iraquiennes ne pourront pas rentrer dans leur pays car elles ont été torturées, des membres de leur famille ont été tués ou encore pour d'autres raisons.... Le nombre des places offertes pour la réinstallation pour aider les plus vulnérables est primordial. »

António Guterres a insisté pour que le Gouvernement iraquien aide sa population déracinée. Les réfugiés iraquiens ne sont pas des réfugiés typiques fuyant les persécutions. Ils fuient plutôt car ils sont victimes de la violence généralisée.

« Ils ont besoin de sentir que leur gouvernement les aide dans les conditions difficiles auxquelles ils doivent faire face aujourd'hui », a indiqué António Guterres. « Mon appel au gouvernement iraquien concerne un engagement plus ferme envers les Iraquiens présents en Syrie et en Jordanie et avec les gouvernements des pays voisins. »

Le Haut Commissaire a rencontré des hauts fonctionnaires en Jordanie et en Syrie, ainsi que le Roi Abdallah II et le Président syrien Bashar al-Assad. Il a indiqué aux journalistes qu'il avait reçu les assurances des deux gouvernements selon lesquelles les réfugiés iraquiens ne seraient pas renvoyés de force et leur « terre d'asile » serait préservée. « C'est une garantie très importante », a-t-il ajouté, en faisant référence au lourd fardeau supporté par les deux pays.

António Guterres a indiqué que l'UNHCR avait des critères globaux bien définis sur les conditions nécessaires pour le retour volontaire des réfugiés. « Ces critères ne sont pas remplis dans le cadre de la situation actuelle en Iraq », a-t-il ajouté.

« Nous ne faisons pas la promotion des retours vers l'Iraq vu la situation actuelle car nous ne pensons pas que les conditions soient remplies pour un retour à une échelle significative », a-t-il dit. « Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas aider les gens pour rentrer s'ils le décident, même dans les circonstances présentes. Dans nos opérations à travers le monde, nous voyons des gens qui veulent rentrer chez eux, même quand la situation est des plus dramatiques dans leur pays. »

Mais c'est autre chose de promouvoir activement les retours à ce stade, a ajouté António Guterres. Il a dit que l'UNHCR proposerait au Gouvernement iraquien qu'une évaluation soit faite sur la situation actuelle dans le pays. Elle servirait à déterminer les mesures qui devraient être entreprises pour créer les conditions nécessaires d'un possible retour à grande échelle à l'avenir, dans la sécurité et la dignité.

Le Haut Commissaire, qui a quitté Damas pour rejoindre la ville syrienne d'Alep jeudi soir, a aussi rencontré des représentants des gouvernements des deux pays. Il s'est entretenu avec des réfugiés et s'est rendu compte par lui-même des opérations menées par l'UNHCR. Il a cherché à assurer les gouvernements de la région de l'engagement constant et de la pérennité des efforts de l'UNHCR pour soulager le sort des déplacés iraquiens.

L'UNHCR et ses partenaires estiment que, sur une population totale de 26 millions de personnes, quelque 4,4 millions d'Iraquiens sont toujours déracinés, dont 2,4 millions de déplacés à l'intérieur de l'Iraq et deux millions au dehors des frontières - principalement en Syrie et en Jordanie. Par ailleurs, plus de 41 000 réfugiés non iraquiens se trouvent actuellement en Iraq.

Cette année, l'UNHCR a lancé un appel d'un montant de 261 millions de dollars pour les programmes de soutien aux plus vulnérables parmi les déracinés à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Iraq. Un total de 40 millions de dollars sera destiné aux Iraquiens déplacés à l'intérieur de leur pays et fera partie de l'Appel consolidé qui a été lancé mardi à Bagdad par la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq.

Par Ron Redmond à Damas, Syrie