50 000 réfugiés iraquiens déjà réinstallés
50 000 réfugiés iraquiens déjà réinstallés
ALEP, Syrie, 12 décembre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a franchi un cap à la fin du mois dernier avec le 50 000e réfugié iraquien, un ancien résident de Bagdad, dont le dossier a été soumis pour la réinstallation depuis des pays hôtes du Moyen-Orient.
Le HCR ne se vante pas de ces statistiques, résultant de la violence et de la persécution ayant forcé des centaines de milliers de personnes à fuir l'Iraq ces dernières années. Mais Mohammed* a été ravi quand il a appris que lui et sa famille avaient été acceptés pour une réinstallation en Suède. « J'ai ressenti que nos souffrances avaient été reconnues, et cela était important pour moi », a-t-il indiqué aux employés du HCR à Alep, une ville située dans le nord de la Syrie.
Le programme de réinstallation, qui concerne des réfugiés présents en Egypte, dans les pays du Golfe, en Iran, en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Turquie et au Yémen, a commencé l'année dernière quand il est apparu que certains réfugiés ne pourraient jamais retourner dans leur pays d'origine et qu'ils ne pourraient pas non plus rester dans les pays hôtes.
Avec 21 312 soumissions de dossiers en 2007 et 29 684 dossiers depuis janvier jusqu'à fin novembre cette année, le HCR espère que des réfugiés iraquiens parmi les plus vulnérables continueront à pouvoir reconstruire leur vie dans des pays tiers.
Laurens Jolles, le délégué du HCR en Syrie, un pays qui accueille la plus importante population originaire de l'Iraq, a indiqué que l'agence avait travaillé dur ces dernières années pour que des Iraquiens parmi les plus vulnérables puissent reconstruire leur vie dans un nouveau pays. « Il est vital pour les pays de réinstallation de leur permettre de prendre un nouveau départ aussi rapidement que possible », a-t-il ajouté.
Quand un dossier est accepté par le pays de réinstallation, ce n'est plus qu'une question de délai avant le départ du réfugié. L'année dernière, moins de 5 000 Iraquiens ont rejoint un nouveau pays, mais le rythme a augmenté en 2008. Depuis janvier, plus de 17 400 d'entre eux ont quitté leurs pays hôtes pour une réinstallation, la plupart vers les Etats Unis mais d'autres ont aussi rejoint le Canada, l'Australie, la Suède ou des pays européens.
Alors que ceux qui se sont vus offrir la réinstallation sont presque toujours heureux de cette décision, nombre d'entre eux ressentent néanmoins une grande inquiétude et de l'appréhension à l'idée de recommencer une nouvelle vie dans un pays étranger. Certains souhaitent par contre rester non loin de leur patrie et ils sont tourmentés à l'idée d'accepter ou non la réinstallation.
Reem* fait partie de ceux-là. Elle a fui vers Damas avec sa fillette âgée de deux ans, après que son mari et son autre petite fille aient été enlevés par des hommes masqués à Bagdad. Elle a payé 3 000 dollars pour tenter de savoir ce qu'ils étaient devenus mais, après 18 mois, elle n'en sait pas plus pour autant.
Parallèlement, elle a postulé pour la réinstallation et elle a récemment découvert qu'elle avait été acceptée avec sa fille par les Etats Unis. Maintenant elle désire offrir à sa fille une vie décente tout en ressentant une culpabilité à l'idée qu'elle pourrait abandonner son mari et son autre fille si elle partait. Elle n'arrive donc pas à prendre une décision.
Elle passe ses journées à revenir sans cesse sur le passé, alors que ses nuits sont remplies de cauchemars horribles. « Parfois j'espère que les monstres qui ont fait cela à mon petit bébé et à mon mari m'appelleront pour me dire qu'ils sont morts tous les deux, et alors je pourrais partir. Je suis si fatiguée, si fatiguée d'espérer », a-t-elle confié.
Reem a demandé aux autorités américaines un délai supplémentaire, mais elle doit prendre une décision au début de la semaine prochaine ou alors elle perdra le droit à la réinstallation. Cet affreux dilemme arrive alors que sa vie est déjà marquée par la tragédie iraquienne.
Pendant ce temps, Mohammed a des projets pour sa nouvelle vie en Suède. Il espère enseigner et travailler en tant que volontaire pour des organisations caritatives. « J'ai été volontaire durant 36 ans en Iraq. Cela n'avait rien à voir avec la religion ou la politique, c'était une question d'aide entre citoyens et c'est ce dont je suis partisan. »
* Noms fictifs pour des raisons de protection
Par Carole Lalève à Alep, Syrie