Ruud Lubbers ouvre la réunion annuelle du Comité exécutif du HCR
Ruud Lubbers ouvre la réunion annuelle du Comité exécutif du HCR
Le 29 septembre 2003
Genève - Souhaitant la bienvenue au nouveau Ministre iraquien chargé des personnes déplacées et de la migration à la session annuelle du Comité exécutif du HCR, composé de 64 pays membres, le Haut Commissaire Ruud Lubbers a déclaré lundi que son organisation était prête à travailler avec les autorités iraquiennes pour préparer le retour des centaines de milliers des réfugiés.
Ouvrant la réunion de cinq jours, M. Lubbers a affirmé que les conditions de sécurité en Iraq avaient mis en suspens les plans du HCR pour l'aide au retour de quelque 500 000 réfugiés et demandeurs d'asile iraquiens et de 800 000 déplacés internes. Toutefois, a-t-il ajouté, le HCR est déterminé de collaborer étroitement avec les autorités iraquiennes, particulièrement avec le nouveau Ministre, Monsieur Mohammed J. Khudir, qui participe à la réunion du Comité exécutif, dans le travail préparatoire à l'opération de rapatriement.
Dans l'immédiat, a déclaré M. Lubbers, notre tâche principale consiste à trouver le juste milieu entre l'aide au peuple iraquien et la protection de ceux qui essaient de leur porter secours. « Si nous ne pouvons pas travailler avec le peuple et les autorités iraquiens, alors nous ne pouvons pas du tout travailler en Iraq. » La priorité du HCR est de construire un climat de confiance auprès du peuple iraquien, a poursuivi M. Lubbers.
Le Haut Commissaire a aussi informé les participants de la réunion de l'état d'avancement du processus « UNHCR 2004 », destiné à passer en revue la position du HCR dans l'ensemble du système des Nations Unies et vis-à-vis des Etats et des partenaires opérationnels. Ce processus a examiné presque chaque aspect du mandat de l'agence, de son travail et de son financement, étude qui aboutira à un rapport détaillé qui sera présenté au Troisième comité de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. Le Comité exécutif devrait adopter une conclusion comprenant les principaux éléments des recommandations qui figurent dans ce rapport.
Le Haut Commissaire a aussi fait état des progrès considérables qui ont été faits dans le cadre de son initiative « Convention Plus » destinée à chercher des solutions durables pour les réfugiés par le biais d'accords spéciaux et multilatéraux.
Passant en revue les opérations du HCR dans le monde, le Haut Commissaire a cité l'opération de rapatriement en Afghanistan, une réussite « vraiment exceptionnelle », avec le retour dans leur pays de plus de 2 millions de personnes en 2002. « Cette année, le nombre des retours a été moins important, bien qu'avec plus d'un demi-million de personnes qui sont rentrées à ce jour, cette opération de rapatriement demeure le plus important mouvement de retour du monde », a-t-il ajouté. « C'est une réussite remarquable, particulièrement compte tenu des problèmes de sécurité et du fait qu'une grande partie du pays est encore un vaste champ de ruines, ravagé par des décennies de guerre. »
En Afrique, environ 160 000 réfugiés étaient retournés en Angola après 27 ans de guerre, et près d'un demi-million d'autres attendent avec impatience de pouver rentrer dans leur pays. Les signes étaient aussi positifs en République démocratique du Congo, et M. Lubbers s'est félicité de la décision du Conseil de sécurité des Nations Unies d'envoyer une force de maintien de la paix au Libéria, où le HCR continue d'organiser le rapatriement des réfugiés sierra-léonais.
Le chancelant processus de paix au Burundi ne donne pas lieu d'envisager dans un futur proche le retour de plus de 300 000 réfugiés et de près de 400 000 déplacés burundais. Et ce tandis que les récents combats dans la région de Darfour, au Soudan, avaient provoqué la fuite de 65 000 réfugiés au Tchad.
Tournant son regard vers l'Asie, M. Lubbers a annoncé trois nouvelles mesures pour mettre un terme à la situation « totalement inacceptable » de plus de 100 000 réfugiés bhoutanais qui se trouvent dans des camps au Népal.
« En premier lieu, suite à l'offre du gouvernement népalais de réinstaller de manière permanente les réfugiés qui voudraient rester, le HCR s'efforcera de promouvoir des projets qui encouragent l'autonomie des réfugiés afin de faciliter leur intégration, et diminuera son implication directe dans les camps. En deuxième lieu, nous soutiendrons la réinstallation dans des pays tiers des cas vulnérables. Troisièmement, compte tenu qu'il ne nous est pas permis de nous rendre au Bhoutan et donc de superviser l'opération de rapatriement, le HCR n'encouragera pas les retours. Toutefois, nous participerons dans la vérification du caractère volontaire des retours depuis le Népal. Au Bhoutan, le droit au retour doit être respecté. Je demande aux Etats, et particulièrement à l'Inde voisine, d'aider le Bhoutan et le Népal dans la recherche des solutions justes, humaines et durables... » a poursuivi le Haut Commissaire.
En Chine, le drame des ressortissants de la Corée du Nord qui quittent leur pays « clandestinement » demeure une grande préoccupation pour l'agence, a déclaré M. Lubbers.
« Depuis un certain nombre d'années, le HCR s'est efforcé de se rendre auprès de ces personnes, mais ceci lui a été constamment refusé », a-t-il ajouté. « Une analyse récente menée par le Département de la protection internationale a conclu que nombre de ressortissants de la Corée du Nord dans cette situation pourraient être considérés comme réfugiés. Tenant en considération leur besoin de protection, le groupe relève de la compétence du HCR, et l'organisation se tient prête à collaborer avec des partenaires pour leur venir en aide. Et surtout, le principle de non-refoulement doit être respecté. »
Dans le Caucase du Nord, où les déplacés tchétchènes subissent à nouveau des pressions pour quitter l'Ingouchie, M. Lubbers a proposé une approche à deux volets : la garantie d'un refuge sûr et viable en Ingouchie en attendant que les déplacés considèrent que la situation soit propice à leur retour volontaire ; et l'implication du HCR pour soutenir une série de projets pilotes en Tchétchénie visant à favoriser la réintégration durable de ceux qui désirent retourner.
En Europe, le Haut Commissaire s'est félicité des démarches des pays de l'Union européenne destinées à considérer l'aide au développement aux pays en voie de développement qui accueillent un grand nombre de réfugiés. Mais il a regretté « le climat extrêmement politisé » dans lequel les pays de l'UE mènent leurs discussions sur l'asile, ce qui a eu comme résultat la prise des « mesures toujours plus restrictives dans plusieurs domaines de la législation et la pratique du droit d'asile ».